Chère madame,
Comme à mon habitude, j'aime bien souvent faire entendre une autre voix sur certains sujets.
D'abord je pense qu'il serait intéressant de voir que les manuels scolaires s'adaptent à une évolution certes déplorable mais réelle qui rend les "pré-adolescents", notamment dès le CM2, de plus en plus précoces sur les sujets de sexualité. Pour m'occuper de jeunes qui représentent assez bien la diversité de la population française, je constate cette précocité avec des langages de plus en plus crus et une connaissance parfois ahurissante de l'étendue de ces "questions".
En ce sens peut on décemment reprocher au législateur de prendre en compte le fait que les jeunes dès le CM2 sont souvent projetés dans une société sexualisée ? De même je me félicite personnellement que les enfants puissent disposer d'une information lapidaire mais "technique", sans parti pris philosophique de ce point de vue, pour permettre d'éviter les furetages sur internet avec son lot d'horreurs en la matière. Je ne sais pas comment vous vivez vos relations parents-enfants, mais je ne suis pas certain qu'il soit très facile pour un adolescent ou un enfant de 12 ans de venir parler de ces questions avec ses parents comme il parlerait de la dernière console de jeux.
Là encore je trouve ce souci d'information légitime pour prévenir des comportements à risques surtout lorsque le dialogue est difficile.
Ensuite il faudrait rappeler aussi qu'un manuel n'est pas un cours ! Un manuel est par définition figé, froid, sans émotion et surtout hors contexte. Il est très rare qu'un professeur se contente en guise de cours, de lire le manuel. Généralement ledit manuel est utilisé comme un support documentaire en vue d'illustrer le propos de l'enseignant. A ce titre il n'est pas choquant que vous ne trouviez pas une transcription d'Evangelium Vitae dans un manuel scolaire ou même des considérations philosophico-morales.
En revanche le professeur dans l'enseignement de sa matière, usant des méthodes pédagogiques, va en revanche adapter la froideur informative au public en permettant justement d'engager la réflexion éthique, tout en préservant la liberté des enfants de s'ouvrir à leurs questionnements.
Je sais que dans le "monde" catholique on aime bien faire l'autruche. "Cachez ces sexes que nous ne saurions voir" avec cet angélisme sur les enfants à ce sujet. Mais je ne saurais que vous inviter de temps à temps à regarder par la fenêtre l'image de la société pour comprendre aussi à quels défis le législateur veut s'attaquer. On peut lui reprocher son manque de prise de position, mais pas celui d'essayer de ménager la chèvre et le chou en se concentrant sur l'aspect technique, délégant les considérations éthiques et morales aux familles leur laissant le soin d'expliquer la façon de bien « utiliser » ces techniques. On peut regretter cette approche, néanmoins je crois qu'elle permet le respect des conceptions de chacun et surtout de permettre aux enfants d'avoir l'information brute. A charge aux catéchistes, scoutisme et autres d'ouvrir plus large le spectre de la véritable chasteté pour apprendre le respect de l'autre.
Bien à vous.
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