Pour la première, je l'ai récusée dès mon opuscule de 1989 : à l'excès d'ailleurs à l'époque car la liturgie est une sorte de "vitrine" ou de loupe des maux dont souffre l'Église romaine et au-delà tout le christianisme.
Concernant le débat qui nous oppose quant à l'évaluation de Vatican II, intrinsèquement pervers et irrécupérable pour vous - je simplifie - acceptable pour l'essentiel avec les corrections qui s'imposent pour les parties de textes les plus médiocres (peu nombreuses en quantité les 5% de Mgr Fellay me paraissent assez bien vus mais sur des points sensibles), corrections/clarifications que le Magistère s'est efforcé d'apporter de 1974 à 2013.
Qu'est-ce qu'un Magistère pontifical "problématiquement conciliaire" ?
L'abbé Berto et le cardinal Ottaviani en 1965-1966 croyaient possible une herméneutique de réforme dans la continuité en ce sens que Vatican II ne définit rien au plan des vérités de foi de caractère dogmatique et ouvre plutôt des chantiers avec des textes qui entrent plus dans la catégorie de "lois-cadre" et encore avec grande souplesse.
En 2003, les responsables diocésains de la liturgie avaient été les premiers ébaubis de relire à longue distance le texte de Sacrosanctum Concilium devenu presque une charte pour catholiques traditionnels, tant l'application - le chantier - est partie loin du texte initial, l'édifice néo-liturgique chaotique actuel n'était pas prédéterminé par le document conciliaire.
C'était, j'en conviens volontiers, une direction possible comme la folle guerre OTAN de Mme Nuland peut déboucher sur une apocalypse nucléaire : ce n'était pas écrit le 24 février 2022 ni en décembre 1963 (cf. la correspondance de l'abbé Berto).
En d'autres termes, Vatican II est une matière bien plus malléable que ne l'étaient Trente et Latran V. Ah Latran V, peut-être mon concile préféré avec Nicée bien sûr. Eh oui un concile oecuménique, le dernier au complet de la chrétienté occidentale, achevé à quelques mois de la Réformation en 1517, ayant produit de nombreux et détaillés décrets de réforme - mais oui comme Vatican II - et qui, pour l'essentiel, tomba aux oubliettes sauf pour ce que Trente en récupère à trois à quatre décennies de distance.
L'absolutisation de Vatican II pose problème et un sérieux problème. Mais les textes conciliaires eux-mêmes préjugeaient de pas grand chose. Ce sont les choix du Magistère papal et les contextes ecclésiaux qui ont solidifié, plus ou moins selon les lieux et le moment, les points critiques de ce que vous désignez comme "problématiquement conciliaires". Une mise en oeuvre "à la rigueur", je persiste à le penser, aurait évité la crise intérieure profonde et la dévitalisation actuelle du catholicisme. Je vous rejoins dès lors sur la critique de Jean Paul II, Benoît XVI et Paul VI : Benoît XVI a théorisé a posteriori en décembre 2005 cette herméneutique de la réforme dans la continuité mais ni lui ni ses prédécesseurs ne lui ont été strictement fidèles. Plus encore les Églises locales qui ont souvent en Occident et en Asie/Amérique latine laissé vagabonder les imaginations cléricales et laïques.
Cette herméneutique juste ne s'est pas pleinement incarnée et l'échec patent du N.O.M. en latin est un bon exemple de cette imperfection. L'herméneutique de la rupture assumée par François n'a pas été créée par lui et son équipe : c'est Jean Paul II qui a créé cardinal Walter Kasper et le même qui a promu Théodore McCarrick contre vents, marées et rapports de Nonces.
Le néo-catholicisme "californien" est une virtualité de Vatican II pas une fatalité. En ce sens, la gangrène qui précède et commence par un pourrissement intellectuel et plus sournoisement dans la hiérarchie (cf. F. Martel etc.) a sûrement pesé plus que le corpus secondo-vaticanesque per se.
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