Nous avons déjà eu l'occasion de "croiser le fer" sur ces sujets-là, mais n'ayant jamais eu de réponse...
Tout d'abord, je souligne que nous devons être sur la même longueur d'ondes concernant l'embourgeoisement des catholiques en France, par un mécanisme finalement assez logique où les pôles cathos se retrouvent dans des milieux où est valorisé le sens de la famille, où les enfants sont mis aux scouts (et le cortège de vocations qui en découle)... Cependant, le problème n'est pas "l'embourgeoisement", car on y met un sens différent.
Vous semblez, dès que vous le pouvez, friand à l'idée de cracher sur ceux que vous définissez par leurs attributs les plus clichés - non pas que ces clichés soient inexistants, mais chez vous, ils semblent s'accumuler : Versailles, loden, perles, pulls sur les épaules...
A ce titre, soit dit en passant, aucune différence entre vos messages et les chroniques du plus mauvais des chroniqueurs de France Inter.
Or, le "bourgeois" qui a un pull sur les épaules n'est pas un problème. Le "bourgeois" devient un problème, au même titre que le "prolétaire" d'ailleurs, quand il en vient à vivre dans la schizophrénie qui consiste à faire beaucoup de bruit pour défendre la tradition/famille/patrie (rayez la mention inutile) le week-end ou dans les dîners, mais finit toujours par rentrer au bercail libéral et libertaire aux élections. Aucune différence entre un habitant du XVIe qui manifeste contre l'homoparentalité et qui vote pour Macron et un ouvrier qui trouve qu'"on est plus chez nous" et qui vote pour je ne sais quelle chimère progressiste. Dans les deux cas, le choix politique n'est pas en adéquation avec les idéaux défendus.
Je prenais un jour une bière avec un ami, d'origine très populaire, qui s'intéressait à la foi catholique (qui s'est tellement intéressé qu'il va désormais à la messe tous les dimanches, deo gratias !) et qui m'a demandé avec une sincérité absolument désarmante : "la plupart des cathos que j'ai croisé étaient des gens qui ne pensaient qu'à leur argent". Il a fallu qu'il rencontre des jeunes, "bourgeois" pour certains, embrasés du feu de la foi, pour qu'il se débarrasse de cette impression.
Il me semble que votre définition du "bourgeois" est une définition marxisante, j'ai déjà eu l'occasion de vous le redire. Il semble exister chez vous le concept d'essence bourgeoise. Il y avait le nationalisme intégral chez Maurras et chez vous, la bourgeoisie intégrale, de A à Z, héréditaire, quasiment raciale... Mais ce que vous ne semblez pas voir - corrigez-moi si je me trompe -, c'est que les familles coincées de l'Ouest parisien et des grandes métropoles françaises fournissent par wagons entiers un bon nombre des séminaristes d'aujourd'hui et de demain.
Cela soulève encore un autre "problème" évoqué par fouduroy dans ce fil ; mais restons aux effets bénéfiques immédiats : ces familles coincées donnent à l'Église des fils qui diront la messe, confesseront, visiteront les malades.
Ne l'oublions pas ! Et n'oublions pas non plus qu'elles donnent aussi des familles qui seront aux avants-postes de la lutte spirituelle, priant dans les couvents.
Enfin et je concluerai en deux mots, car il n'y a pas à en dire plus qu'il ne faut dire, mais n'oubliez pas que les couples à chandails et les jeunes à perles et chevalières sont eux aussi brisés par le péché originel et que les questions de divorce, d'avortement, de pornographie, d'envie, sont aussi présents. Je connais, vous aussi j'en suis sûr, des prêtres qui sont dans des paroisses avec des jeunes très "comme il faut" : il n'en voit pas moins de personnes brisées.