L'hébreu du Cantique des Cantiques est l'original.
La version grecque de la Septante est une traduction de l'original hébreu, faite un demi-millénaire plus tard, de façon très littérale, mot à mot. Le manuscrit de cet original hébreu n'est pas conservé, mais facilement reconstructible à cause de la fidélité formelle du grec.
Cette version grecque est préservée intégralement dans plusieurs manuscrits, datant de plusieurs siècles après.
D'autres versions grecques de l'hébreu en dehors de la Septante existent en fragments.
Les versions syriaques des premiers siècles chrétiens sont faites à l'aide d'un original hébreu, mais pas le même que l'original de la Septante qui probablement n'existait déjà plus. L'original hébreu à la base de la Septante s'apparente plus à ce qu'est le texte massorétique actuel ou son modèle, que l'original qui fut utilisé par les traducteurs en syriaque. Cet original est aussi perdu.
La version latine de Saint Jérôme de la Vulgate fin du IVe s. est faite à partir d'un manuscrit hébreu qui est aussi perdu mais qui est très apparenté au texte massorétique plus tardif dont nous disposons. Ce n'est pas le même que l'original de la Septante.
Avant saint Jérôme il y a eu au moins une autre traduction latine faite à partir de la Septante au IIe siècle. Saint Jérôme l'a utilisée.
Finalement, le texte de l'original hébreu établi par les Massorètes, entre le VIe et le IXe s., ce n'est donc pas une traduction mais une rédaction de l'original !!, notamment une vocalisation du texte consonantique de la tradition manuscrite, se reflète dans encore de nombreux autres témoins manuscrits, à partir du Xe s. environ et un peu avant, qui sont conservés et qui sont postérieurs à la traduction grecque, latine et syriaque.
C'est le seul texte hébreu dont nous disposons (avec quatre fragments de Qumran du Ier s. et qui présentent des variantes vis-à-vis du texte massorétique).
Dans une trentaine de cas ce texte massorétique diffère du texte qui fut la base de la Septante dans le sens qu'il en rajoute ou omet. Dans une vingtaine d'autres cas la traduction de la Septante suggère que le traducteur grec a vocalisé un mot hébreu de façon différente lui donnant un autre sens que le sens de la vocalisation massorète que nous connaissons
(Il faut savoir que les manuscrits hébreux ne comportent traditionnellement que les consonnes du texte, c'était au lecteur de les vocaliser).
Il ne faut pas s'effarer des grands écarts existant entre autographe (présumé), copies, traductions et copies de traductions. Le cas des écrits bibliques (traités avec grand soin et respect) est en plus plutôt exceptionnel. Non seulement les témoins abondent (et se succèdent étroitement, surtout pour le NT), mais il y a une grande constance et stabilité, si l'on compare avec certains auteurs classiques.
Entre Homère p.ex. et le premier manuscrit complet de l’Iliade et de l'Odyssée au IX/Xe s. il y a plus d'un millénaire et demi. Et pourtant nous pouvons être relativement confiants d'avoir Homère et de bien l'avoir. Nous le savons par des citations très nombreuses de vers homériques chez les auteurs classiques et les grammairiens à partir du Ve s. av. J.-C. jusqu'à l'époque romaine, citations qui sont identifiables et qui coïncident.
Pour les écrits sacrés, nous avons en plus la garantie de les avoir reçus de la main de l'Église dont le magistère nous garantit et l'authenticité et la véracité de l'interprétation, tous manuscrits confondus.
En l'occurrence, pour le Cantique des cantiques, l'état du texte consonantique hébreu est resté très stable et ne présente que des problèmes mineurs d'interprétation.
Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel.
Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici.
D'avance, merci !