...c’est que les auteurs cités dans ce débat sont tous des ultramontains bien plus attachés que vous et moi à la maxime “Le Siège de Pierre demeure pur de toute erreur”. Leur titre de docteur de l’Église, c’est également à des Papes très attachés à leurs prérogatives qu’ils le doivent.
En présence des objections des protestants, des gallicans et autres, rien ne leur aurait été plus agréable que de pouvoir affirmer : Dieu ne permettra jamais une défaillance au sommet de l’Église.
Or, la réponse de chacun d’entre eux est plus nuancée, et le cardinal Newman la résume fort bien dans sa Lettre au Duc de Norfolk que j’ai déjà citée, et dans laquelle il répond aux objections de l’anglican Gladstone à l’encontre de Pastor æternus :
Les catholiques estiment que c’est impossible car ils croient à une Providence divine qui protège l’Eglise. Mais admettons, pour argumenter, qu’un pape viole de façon aussi insensée la loi naturelle et révélée. Nous connaissons les conséquences qu’aurait un tel acte pour un pape. Le cardinal Turrecremata nous enseigne, et je l’ai cité, que « si le pape ordonnait quelque chose qui aille à l’encontre de l’Ecriture sainte, des articles de foi, de la vérité des sacrements ou des commandements de la loi naturelle et divine, il ne faudrait pas lui obéir mais ignorer de tels ordres » (supra, p. 228). D’autres, et qui sont les plus grands théologiens ultramontains, estiment qu’un pape qui enseigne une hérésie cesse ipso facto d’être pape.
Écrit plusieurs années
après le concile Vatican I...
À propos de cette dernière opinion, je citerai un auteur beaucoup plus récent, non sédévacantiste, qui s’est livré à une enquête très poussée dans les écrits des docteurs et théologiens les plus renommés :
« Il est hors de doute que l'application concrète de cette opinion dans l'éventualité d'un pape hérétique occasionnerait les plus graves confusions et afflictions pour l'Eglise. Il nous semble pourtant que si un pape devenait hérétique, ces confusions et afflictions suivraient de façon inéluctable, quelle que soit la sentence des théologiens adoptée. En ne considérant les choses que du point de vue du schisme, des confusions et des rivalités qui pourraient naître, nous ne voyons pas comment préférer une des opinions aux autres... Mais nous croyons que le véritable point de vue, à partir duquel cette question devrait être examinée, n'est pas celui-là. Fondamentalement, la question n'est pas de savoir quelle est la situation qui sauvegarderait le mieux la « paix », mais plutôt celle qui sauvegarderait le mieux la foi, et qui s'accorderait le mieux avec l'institution divine de l'Eglise... » (X. Da Silveira, Le NOM qu'en penser ?, p. 256, n. 6)
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