Je commence à comprendre votre point de vue. Il n'en est pas moins erroné!
En fait vous scindez votre personne en deux: il y a le Le Senne croyant, pratiquant, catholique d'un côté, et puis il y a le Le Senne citoyen, qui accepte sans recul et sans esprit critique tous les dogmes du politiquement correct et tout ce qui vient de l'Etat, de l'autre côté.
Le problème, voyez-vous, c'est qu'avec une telle attitude, sous le régime nazi par exemple, vous auriez continué d'être catholique, d'aller à la messe, mais cela ne vous aurait pas empêché d'accepter la politique d'euthanasie des malades mentaux, la persécution des Juifs, les discours de haine et le paganisme du régime, sous prétexte que c'est la loi et que c'est ainsi.Peut-être même auriez vous adhéré au Parti! N'essayez pas de me dire le contraire: aujourd'hui les principes nazis peuvent peut-être vous paraître scandaleux, mais si vous aviez été plongé dans le contexte de l'époque, vous auriez certainement une opinion de cette idéologie très différente, d'autant plus que dans les années 1930, les citoyens allemands ne pouvaient pas deviner jusqu'à quels crimes le nazisme allait les porter... Des gens bien plus intelligents que vous et moi sont tombés dans le panneau!
Ne me faites pas non plus dire ce que je n'ai pas dit: je n'ai pas comparé le régime actuel au régime nazi, mais j'ai montré ce à quoi votre logique aurait pu vous amener dans un autre contexte.
Ce que j'essaie de vous faire comprendre, c'est que l'on ne peut pas être chrétien dans sa vie privée, et païen dans sa vie publique. Cela n'a aucun sens! Dieu et l'Eglise nous demandent une certaine unité de vie. On ne peut pas être catholique à 50%. Soit on l'est, soit on ne l'est pas. Il faut choisir! Car "que votre oui soit oui, et que votre non soit non", et "Dieu vomit les tièdes". Relisez l'Ecriture!
Concernant les caricatures, évidemment il faut faire la part des choses: certaines caricatures qui critiquent de manière constructive l'Institution sont acceptables et on peut en rire, mais celles qui ne visent qu'à blesser inutilement par la grossièreté, l'obscénité (c'téait le cas de Charlie Hebdo régulièrement) ne le sont pas. Après, nous n'avons pas le pouvoir de les empêcher, et d'ailleurs ce n'est pas notre rôle. Dieu se défend très bien tout seul, et na pas besoin de nos fatwas. On peut en revanche faire dire des messes ou prier pour ceux qui blasphèment, en réparation. C'est à chaque personne d'assumer ses actes devant Dieu!
Enfin, non, la religion n'a pas, absolument pas à rester dans le domaine de la vie privée. Les catholiques sont chez eux en France: la foi chrétienne a été l'élément principal constitutif de notre civilisation. Nous n'avons pas à demander la permission d'intervenir dans le débat public! Avec votre conception de la religion, Mgr von Galen se serait-il levé sous le régime nazi pour dénoncer les crimes du régime? Et les catholiques de Pologne sous le régime communiste? Et face à l'euthanasie des malades mentaux et des enfants qui commence à s'installer aujourd'hui en Belgique, l'Eglise devrait-elle renoncer à dénoncer ces dérives sous prétexte que la religion doit se cantonner à la vie privée? L'Eglise a le droit de participer au débat public. Les catholiques ont le droit d'organiser des processions publiques dans ce pays, comme ils le font depuis des siècles. Nous n'avons pas à nous cacher, nous sommes chez nous, nous avons fait ce pays pendant plus de mille ans et nous devons œuvrer à la re-christianisation de la société. Si l'Eglise ne défend pas la personne humaine dans la société, personne ne la défendra à sa place. Après, cela ne signifie pas qu'il faut mettre de la religion à toutes les sauces, et dans la société actuelle, il faut aussi savoir faire des compromis pour continuer à maintenir la cohésion nationale avec ceux qui ne sont pas catholiques. Mais pas au prix d'accepter l'inacceptable.