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Le témoignage d’une presbytérienne convertie
par Vianney 2014-05-19 00:01:02
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Il a été envoyé à M. l’Abbé Sulmont, le célèbre curé de Domqueur, qui avait demandé dans son bulletin de mars 1978 “que des convertis prennent la parole pour dire leur réaction devant l’évolution post-conciliaire comme l’a fait Julien Green” (voir ci-dessus le message de Lycobates).

La réponse de Mme Viscomte est assez longue et déborde le problème du N.O.M., mais je la trouve tellement significative que je n’ai pas osé la résumer :

Le Puy, mai 1978,

Monsieur l’Abbé,

Vous avez demandé aux convertis qui partagent l’étonnement douloureux de M. Julien Green et sa soeur devant l’évolution de l’Église depuis le Concile de vous écrire. Je le fais volontiers.

Je suis convertie du Protestantisme : de l’Église Presbytérienne Ecossaise.

J’ai été reçue dans l’Église catholique en 1936 ; j’avais 21 ans.

Pour vous faire saisir ce qui aujourd’hui dans l’Église où je suis venue chercher la vérité me blesse avant tout, je crois pouvoir signaler trois points principaux :

Premier point : LA MESSE — LA PRÉSENCE REELLE

C’est le dogme de la Présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Eucharistie qui a été l’élément premier de ma conversion. J’ai été élevée — ceci dit pour mon éducation religieuse — par une gouvernante protestante, femme d’un mérite exceptionnel et d’un dévouement et d’une tendresse sans limite pour moi. C’est par elle que j’ai appris à prier, à connaître l’Évangile et ainsi, dès mon plus jeune âge, j’ai aimé la personne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Les instructions à l’école du dimanche données par un pasteur écossais, homme austère et doux, m’apportaient beaucoup de bonheur et ce saint homme, voyant comme je l’écoutais, s’intéressa à moi et me traita avec infiniment de bonté. Cela se passait en France, à Menton.

Ces deux saintes âmes — je suis heureuse de leur rendre ce témoignage — sont certainement parmi les protestants d’une bonne foi absolue et qui, j’en suis sûre, si la Vérité s’était complètement révélée à eux, se seraient convertis à la religion catholique.
Je quittai le pasteur vers l’âge de 11 ans, mes parents allant s’établir à Bruxelles. Ma gouvernante nous quitta un peu plus tard. J’avais 15 ans, j’en eus un grand chagrin.

Mon père nous conduisait alors, ma soeur et moi, au temple presbytérien écossais de Bruxelles tous les dimanches. C’est à ce moment-là — j’avais 14 ans — que je lus des passages de Bossuet concernant l’Eucharistie, que je visitai la cathédrale de Chartres et que je connus une vie de saint François d’Assise. Ces trois témoignages me mirent en présence de la foi catholique en la Présence réelle.

Sans beaucoup hésiter je crus en ce dogme parce qu’il me convainquit que les paroles de Notre Seigneur, surtout dans le chapitre VI de saint Jean, étaient vraies et non pas, comme lorsque je questionnais le pasteur à Bruxelles, des mots dits par Notre Seigneur et qui ne voulaient pas dire ce qu’ils semblaient entendre. La conclusion de cette découverte fut de reconnaître que l’Église, où se conservait depuis le commencement la Présence réelle du Christ parmi les hommes, était la seule possédant la vérité complète.

J’assistai à la Messe pour la première fois quelques années plus tard, en cachette. Ce fut dans une chapelle d’un pensionnat et en semaine. J’étais encore très ignorante des rites de la Messe, je ne connaissais pas le latin et c’était une messe basse. Eh bien, je suis heureuse de témoigner aujourd’hui que cette Messe fut pour moi la certitude que j’assistais non plus à un culte fait par l’homme, et où on parlait, on priait — on lisait sans cesse à haute voix ainsi que cela se passait dans le Temple où nous allions, mais que j’assistais à un Mystère, à l’acte sacrificiel par excellence, où était re-présenté pour nous le sacrifice sanglant du Calvaire dans toute sa réalité et que, devant cet acte, il suffisait d’adorer, de remercier et de s’unir. Jamais je ne me suis sentie aussi unie avec des inconnus qu’à la Messe catholique.

Ceci je le dis au moment où tant de prêtres veulent nous faire croire qu’à la Messe nous étions plus ou moins des endormis ou des indifférents. Je ne dis pas qu’à la Messe tous étaient à l’unisson des sentiments les plus élevés, ni que tous réalisaient vraiment ce qui se passait. S’ils l’avaient compris, hélas ! on n’aurait pas vu l’acceptation si facile de la nouvelle Messe. Néanmoins, je dois dire que je fus édifiée, dans les Messes auxquelles plus tard j’assistais très souvent, de voir comment priaient les catholiques : avec humilité et avec foi. Quelle différence chez les pauvres protestants ! c’était si froid ! on écoutait, on chantait, cela ressemblait à une conférence religieuse, mais on ne trouvait pas un Dieu vraiment là, Présent.

Si d’ailleurs aujourd’hui depuis quelques années je ne peux plus assister à la nouvelle Messe, c’est parce que j’y retrouve l’atmosphère du Culte protestant — un culte digne peut-être, mais sans vie. C’est l’homme penché sur lui-même, sur ses difficultés et non plus l’homme qui s’humilie, se prosterne et adore quelqu’un qui est là.

Si la religion dans son culte n’est pas la révélation d’autre chose, d’une autre réalité, à quoi sert-elle ? Je pense que beaucoup sentent cela aujourd’hui et quittent l’Église à cause de cela.

C’est pour cette raison que je tiens à revenir à ce point primordial de notre religion : la Présence réelle. Attaquer, mettre en doute la réalité de cette Présence, c’est en même temps attaquer l’esprit même de la vie. Le coeur du christianisme se trouve dans ce Mystère, car le christianisme est une Personne, et cette Personne est Dieu qui se donne à sa créature. Aussi, en me faisant catholique, je trouvais l’incarnation du Verbe non plus dans le passé mais se continuant dans l’Eucharistie.

J’ai trouvé en outre dans l’Eucharistie la source de la vraie charité envers le prochain.

Pendant trois ans après ma conversion j’ai fait à Bruxelles des études d’infirmière. Nous étions attachées à un grand hôpital de la ville, tenu par des religieuses. C’est là que j’ai pu voir ce que pouvait donner la charité catholique. L’exemple de plusieurs religieuses infatigables dans leur service vis-à-vis des plus malheureux et des plus rebutants des malades, les entourant d’une telle délicatesse de charité fraternelle, me fit réaliser une autre dimension de l’amour du prochain. Et une de ces saintes femmes à qui je parlais volontiers de ma conversion, et qui m’était devenue une amie pendant le stage que je faisais avec elle dans un des services les plus pénibles, celui des vieux, me fit comprendre que c’était le contact journalier avec Notre Seigneur dans la communion qui lui donnait cette tendresse envers les pauvres malades bien démunis, tant moralement que physiquement.

Oui, l’Eucharistie est vraiment la clé de voûte de la religion catholique et par cette Eucharistie, dans la foi, nous pénétrons déjà au-delà du voile.

Deuxième point : LE CHANGEMENT D’ATTITUDE DE L’ÉGLISE VIS-À-VIS DU MONDE

Même si nous devions en souffrir dans nos affections, dans nos manières de penser, l’intransigeance de l’Église catholique était certainement pour les convertis une des raisons qui nous y faisait croire. Ses enseignements, inchangés à travers tant de siècles, me frappaient de plus en plus. Que je lise les Pères de l’Église, les premiers Docteurs, les écrivains ascétiques et mystiques du Moyen Age ou actuels — toujours, tous m’enseignaient la même chose. Le langage pouvait varier, mais la pensée n’était autre chose que l’approfondissement de la Sainte Écriture et des paroles de Notre Seigneur. Et tous me répétaient, ne faisant que reprendre l’Évangile et les Épîtres, que le catholique devait renoncer au monde pour être sauvé. Avec combien d’indulgente bonté notre Mère, la Sainte Église, se penchait sur ses pauvres enfants, et sans cesse les encourageait malgré tant de rechutes dans l’esprit du monde à, malgré tout, être fidèle aux Paroles divines !

Comment voulez-vous que je croie aujourd’hui à une Église qui me dit tout le contraire ? Si pendant ces deux mille ans l’Église s’est trompée, alors où est la vérité ? Non ! l’Église est toujours là, mais — étrange mystère ! — c’est une Église persécutée, occupée par
« l’homme ennemi », jusqu’au jour où Dieu aura pitié de nous.


L’Église ne peut pas s’adapter au monde, elle perd alors son identité : elle n’est plus le flambeau qui nous éclaire, mais une pauvre petite lumière vacillante parmi tant d’autres.

Troisième point : FRUITS DE LA NOUVELLE RELIGION

C’est Notre Seigneur lui-même qui nous a dit : « Vous connaîtrez l’arbre à ses fruits ». Les fruits de la Sainte Église pendant tant de siècles sont trop évidents pour ne pas y voir un signe de Sa Vérité. Les vertus que Notre Seigneur a pratiquées et enseignées, toute la multitude des saints canonisés et des bons chrétiens des siècles passés les ont mises en pratique d’une même manière, tout en les incarnant dans des civilisations et des états de vie bien différents.

Et depuis le Concile, que voyons-nous ? Ce n’est même pas la peine d’entrer dans les détails de ce sujet. Nos ennemis, tous ceux qui sont satisfaits de l’homme, se réjouissent ; mais ceux qui ont faim et soif de la sainteté ne trouvent plus la nourriture qui les soutenait et les faisait vivre.

Il n’y a presque plus de convertis. D’ailleurs, ne nous dit-on pas que ce n’est pas la peine de se faire catholique, chacun n’a qu’à bien pratiquer la religion où il est né.

Si on veut se fonder sur une vérité stable, on nous dira que l’Église désormais est en recherche. Si on se scandalise devant ceux qui nient la conception virginale de Notre Seigneur, sa résurrection, sa Présence réelle dans l’hostie, c’est nous qui avons tort, car les théologiens qui avancent ces théories sont, eux aussi, en recherche — mot magique qui couvre une multitude de péchés.

À tout cela, nous, convertis, qui savons que la Vérité existe puisque nous l’avons trouvée, qui avons consenti à de pénibles sacrifices pour trouver la perle précieuse, nous disons non. Non à cette nouvelle Église qu’on veut nous imposer au nom d’une fausse obéissance et qui, au lieu de nous donner du pain, nous donne des scorpions.

Et de tout coeur et de toute notre âme, nous suivons tous ceux qui demeurent fidèles à la Tradition, car on ne peut pas supprimer une Tradition qui vient du Christ et que l’Esprit-Saint a maintenue dans l’Église, malgré les imperfections et les péchés des hommes d’Église, pour des nouveautés qui sont le contre-pied de l’enseignement de toujours.

Voici résumé, bien succinctement, bien imparfaitement, Monsieur l’Abbé, quelques-uns des jalons de ma pensée qui m’avaient conduite vers l’Église catholique.

Si je devais penser que je m’étais basée sur des fausses raisons en devenant catholique, alors, oui, le désespoir me guetterait, mais la « mystification » cessera un jour, et la vérité resplendira d’une lumière plus belle, plus pure, ayant été éprouvée par le feu des tribulations.

Puissions-nous, Monsieur l’Abbé, voir ce jour sans trop tarder.

Patricia Douglas VISCOMTE.
V.
 

     

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