Cher baudelairec2000,
Je n'ai le temps de répondre que brièvement à votre développement, très intéressant philosophiquement mais que je trouve totalement hors de propos.
Voter pour quelqu'un n'est pas commettre un acte religieux.
Voter pour quelqu'un n'entraîne absolument aucun cocufiage, je ne voix pas pourquoi ni comment (on peut, comme en tout choix, se rendre compte de son erreur, cela arrive, mais pas systématiquement...). Si j'avais eu le droit de vote, j'aurais, par exemple, voté pour M. Sarkozy contre Mlle Royal en 2007, et n'aurais éprouvé aucun regret d'aucune sorte.
Participer au vote ne signifie en aucune façon souscrire à un quelconque principe philosophique ou de philosophie politique.
Participer au vote n'entraîne en aucune façon de proclamer, ou de professer, même pas in petto, une croyance en le caractère bon de la personne pour qui on vote, une confiance en lui. Il s'agit d'un choix limité, dans lequel l'erreur est possible, mais dans lequel voter pour quelqu'un d'imparfait ne signifie pas se tromper !
Participer au vote ne signifie en aucune façon cautionner le principe de la souveraineté du peuple, ou nier celle de Dieu, ou cautionner un populisme anti-élitiste, ou quoi que ce soit.
Participer au vote consiste au contraire, lorsque c'est le cas, et il est bien clair que c'est parfois voire souvent le cas, se mettre au service du Bien commun et ne pas refuser de faire ce qui est en notre pouvoir au service de notre prochain.
Refuser de participer au vote, sous prétexte d'une théorie de philosophie politique ou d'une délirante mystique du vote, c'est cela qui confère au vote une valeur religieuse qu'il n'a pas, c'est en outre faire passer ses théories - qui, pour bien pesées qu'elles soient, je vous l'accorde, sont malgré tout contestables, et contestées, excusez-moi de le rappeler, par des personnes telles que des papes... - au-dessus de notre devoir moral d'aider notre prochain, notre pays. C'est faire, comme vous l'avouez, passer sa fierté, ou sa bonne conscience, au-dessus du devoir moral d'aider notre prochain.
La participation au vote ne saurait être classée, en bonne philosophie morale, parmi les actes intrinsèquement et en toute circonstance mauvais : le choix relève donc, une fois s'être assuré de sa propre bonne intention, de la pondération des conséquences.
Dans ces conséquences, tout commentaire relevant de l'interprétation du vote (on va penser que je cautionne, il faut montrer que beaucoup de gens n'y croient plus, ou autre...) doit être considéré comme secondaire par rapport au fait massif : vous donnez le pouvoir à certaines personnes plutôt qu'à d'autres.
Pour ma part, j'ai parlé d'un devoir moral, oui. Non pas d'un devoir moral de participer au vote en soi, parce que nous sommes citoyens, pour soutenir à la démocratie - fadaises que cela (et j'ai toujours considéré que les réactions de ceux se proclamant opposés au vote par principe étaient les plus efficaces pour rendre crédibles et populariser la version religieuse de la démocratie) -, mais d'un devoir moral, dans certaines circonstances, d'utiliser la possibilité qui nous est données d'influer sur le cours des choses, pour éviter telle ou telle loi dévastatrice, par exemple, ou ne fût-ce que la retarder (au nom de quoi refuser de faire le peu que nous puissions faire sous prétexte que c'est quand même malheureux que nous ne puissions pas faire davantage ?).
Un devoir moral, je le précise, dont l'affirmation résulte, comme je l'ai dit, d'une appréciation des circonstances, et qui donc ne saurait autoriser quelqu'un à en condamner un autre en cas de désaccord - ce qui n'empêche pas les discussions fermes, vous admettrez la nuance.
La possibilité de faire le bien en crée le devoir.
NéoAthanase