Je ne crois qu'on puisse si vite exonérer l'épiscopat des années 1960 et 1970 de sa lourde responsabilité, très lourde, très, très lourde.
A commencer par n'avoir pas protesté, après le Synode de 1967, contre la messe Bugnini alors même qu'une majorité avait exprimé son déplaisir devant le missel expérimental de l'intrigant Lazariste.
On ne peut pas dire non plus que cet épiscopat a mis beaucoup d'énergie à réprimer les abus et bien rares furent les évêques compréhensifs, dans l'exercice de leur ministère, envers les prêtres traditionalistes et leurs fidèles.
On ne peut pas oublier la très lourde responsabilité des évêques français, ceux-là en particulier, de cette même époque dans la rupture entre Rome et Mgr Lefebvre : le cardinal Garrone et quelques autres ...
Enfin j'ai bien conscience qu'il y avait une formidable pression de la "base" - clergé et une frange de laïcs militants - pour désacraliser et saboter la réforme conciliaire au maximum. Toutefois cet épiscopat a rapidement cédé à la pression des groupes les plus délétères : la Constitution de vatican II donne des pouvoirs spécifiques aux conférences épiscopales. Elles ont saisi ces pouvoirs : a) pour vernaculariser vitesse V, contrairement au texte b) pour promouvoir des traductions calamiteuses approuvées par ces comités épiscopaux c) pour dissuader les tenants du latin et du grégorien pourtant fidèles au texte de Vatican II.
Il appartient, le pape François le dit mais hélas avec un esprit empreint de la néo-liturgie, aux évêques de jouer leur rôle contre les abus. Il est significatif qu'une conférence régionale italienne, de surcroît, propose carrément et sans honte l'abrogation de S.P. - lors même que le texte est peu appliqué dans cette région - au prétexte fallacieux de "division" quand ces mêmes évêques laissent tout faire en matière de néo-liturgie.
Il est clair que, du vivant au moins de Benoît XVI, le Saint-Père n'abrogera pas le texte. En revanche, il est aussi clair, de son propre aveu, que le pape est à l'aise avec une néo-liturgie épurée et banalisée, celle même qui a entretenu la crise en Occident.
On peut penser que le pape dès lors ne fera pas grand chose, pas plus que son prédécesseur déjà bien inactif soyons honnête, pour faire appliquer la législation par des évêques qui n'en veulent pas.
Loin d'être une déclaration rassurante, les propos du pape s'inscrivent dans la continuité de l'abandon pratique adopté par Benoît XVI depuis 2009, abandon pratique confirmé en 2011. Les évêques sont de facto laissés libres d'ignorer la loi.
C'est bien cela que les évêques italiens concernés ont reçu le message : les textes complets sont donnés en version anglaise sur Rorate Caeli.
L'épisode confirme ce que j'écrivais concernant l'échec relatif du pontificat de Benoît XVI par le rejet des évêques dans bien trop d'endroits, rejet envers lequel l'évêque émérite de Rome n'a le plus souvent rien fait. Quand il n'a pas nommé à la Curie des opposants ouverts à ses propres orientations ...
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