Ce que je dénonce ici, c'est la lecture orientée des textes du Concile qu'on veut nous imposer jusqu'à faire dire autre chose au texte, histoire que celui-ci ne soit pas en opposition avec le Magistère antérieur. L'herméneutique ou l'interpétation (c'est la même chose!) prend ici le pas sur la lecture proprement dite. Parmi les promoteurs de cette attitude, signalons les Dominicains de Cheméré, lesquels, avouons-le, avaient beaucoup de choses à se faire pardonner après leur longue période de sedevacantisme...
Je préconise d'abord la lecture, me méfiant de l'interprétation officielle. Les comparaisons avec le Magistère antérieur sont d'autant plus faciles si l'on n'est pas pris dans un carcan qui fixe à l'avance une compréhension toute balisée, celle de l'herméneutique de la continuité excluant la critique et favorisant un consensus béat.
En ce qui concerne la liberté religieuse, si le texte de Vatican II me semble irrecevable, ce n'est pas parce qu'il serait hérétique, c'est que, d'un point de vue philosophique, c'est un mauvais texte, un texte dont le domaine de définition est absent, un texte, sur le plan de la composition, mal fichu qui ne mériterait pas la moyenne à un examen de fac. A qui les Pères conciliaires s'adressent-ils dans Dignitatis humanae? Aux hommes en général, aux chrétiens? Il est évident qu'on ne peut pas tenir le même discours aux uns et aux autres. Que l'Eglise revendique pour elle la liberté, c'est une chose, qu'elle la réclame pour toute l'humanité, qui plus est, au nom de la dignité de la personne humaine - je me demande si Kant n'aurait pas influencé la pensée des Pères - là on sombre dans la bêtise, on frise le ridicule. Un texte circonstanciel, maladroit, qui, je le crains, ne mérite pas la comparaison, avec le magistère antérieur, notamment celui du XIX e siècle. Un texte qui très certainement tourne le dos à des siècles d'histoire religieuse et de pratique de la tolérance. J'invite d'ailleurs les liseurs du Forum, en cette année anniversaire de l'Edit de Milan, à se reporter à deux ouvrages de Pierre Maraval: le premier a pour titre Constantin le Grand (Tallandier), le second est une biographie de l'empereur Théodose (paru chez Fayard). Ouvrages qu'il faut compléter par la lecture du tome II de L'histoire du Christianisme paru chez Desclée comportant une analyse magistale de Lucie et Ch Pietri. On y apprend comment les premiers empereurs chrétiens (Constantin ne sera baptisé qu'avant sa mort) favorisent la religion chrétienne, en faisant porter leurs efforts contre les hérésies et les schismes, au nom du bien commun, précisons-le, et se gardent bien d'interdire le paganisme parce qu'ils n'en ont pas pendant longtemps les moyens. Pourtant ils n'invoquent jamais un quelconque droit à la liberté religieuse...
baudelairec2000, un professeur qui insiste auprès de ses élèves sur la compréhension des auteurs.
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