Car qui, tissant sa toile, a traité "ces gens-là" d'antichrist, voire le pape, dont on ne pouvait pas savoir...
Or si telle était la pensée de ce prélat, tout est dit ou peu s'en faut.
Car j'ai lu ici et là des liseurs nous dire que saint-Jean lui-même parlait d'antichrist, certes, mais pas dans le cadre de la succession apostolique.
Nos saints Pierre et Paul se sont écharpés sur les judéo-chrétiens, certes, mais pas jusqu'à se traiter d'antichrist. Paul accusait Pierre de respect humain, Pierre accusait Paul d'être un intellectuel, mais ça s'arrêtait là.
On va nous répéter que nous confondons l'antéchrist qui est un personnage avec l'antichrist qui est un état d'esprit. Certes, mais jamais les apôtres n'ont accusé les apôtres d'avoir cédé à cet état d'esprit. cette accusation ne visait que des prophètes déviants gravitant autour des apôtres et autour du christianisme.
On va enfin nous faire des rappels historiques nous prouvant que les querelles inter-apostoliques ne sont pas d'aujourd'hui. Certes, mais pas plus que n'est d'aujourd'hui cet adjectif concernant l'eglise "catholique" qui est aussi "apostolique".
Que cette réalité de la succession apostolique ait partiellement échappé à l'eglise militante au temps des "béénéfices éclésiastiques", soit! Mais justement, le concile Vatican II, unique objet des ressentiments de beaucoup sur ce forum, a remis au goût du jour la compréhension de ce dernier adjectif concernant l'eglise dans le "credo". Ce qui fait qu'il serait particulièrement mal venu aujourd'hui d'avoir des papes, des antipapes et que sais-je encore!
Mgr Lefèbvre était sans doute un homme très pieux, ce qui ne l'empêchait pas d'être aussi très orgueilleux. Bien sûr, je n'en juge qu'à vues humaines. Et selon les mêmes vues, il me semble que l'histoire de cette personnalité religieuse traduit une volonté assez ancienne de se mettre en rupture de ban, avant de se faire bannir avec autorité, mais en entraînant dans son banissement une poignée d'ouailles savamment harponnées par le charisme fatigué de l'ancien missionnaire!
Je vous assure que je ne me serais jamais exprimé ainsi si j'avais pu me douter que mgr Lefèbvre, qui implorait si gentiment l'antichrist de lui laisser faire "l'expérience de la tradition", avait pour son public un tout autre discours, qui lui interdisait à la fois de signer tout accord et d'être reconnu par ses pairs dans l'épiscopat et par le souverain pontife avant qu'il ait renié ce soupçon infâmant faot à leur égard, au lieu de quoi ses successeurs imposent des "préambules doctrinaux" à rome, où des théologiens jugent qu'ils sont insuffisants en la matière, et négocient, et négocient avec des gens qui les traitent de diables et ne cessent d'entretenir un double langage, fait d'obséquiosité doucereuse et d'acrimonie venimeuse. Je n'y peux rien, il n'y a qu'à lire la conférence de mgr Lefèbvre mise hier en ligne par Meneau. Que d'anaphores qui vous feraient donner au vieux prélat radotant le bon dieu sans confession! Mais il a la bouche pleine d'anathèmes comme des aphtes, ceux-ci s'adressant, non à ses adversaires, mais à ses supérieurs. L'anathème, au reste, ce défouloir du polémiste, ce doit être l'érotique du catholique. Et pourtant, que d'hommes pieux ont sincèrement aimé leur berger contestable et contestataire de la bonne foi du vicaire du christ, au nom de la Salette? C'est tellement arrangeant de faire précéder l'evangile par le prophétisme des apparitions, quand précisément le prophétisme s'est éteint avec le Précurseur du christ, Jean-baptiste, dont la naissance fut annoncée par un ange et qui, à la fois fut le plus grand des prophètes et, puisque nous avons changé de paradigme et que le précurseur a douté comme son père, est "le plus petit dans le royaume de dieu"! Ah, si seulement mgr Lefèbvre avait aplani les chemins du seigneur!