Il décrit fort bien le clivage en matière de liturgie entre la conception, incarnée dans le bâtiment reconstruit à la fin du XIXe dans le cadre du puissant catholicisme intégral du temps en Belgique, du culte rendu à Dieu par l'Église - Dieu premier servi - et sa conception d'alors de l'auto-célébration créative d'une communauté, du blondélisme "intégral" si je puis dire.
Je note que de 1961 à 1965, il était passé par les Facultés de théologie catholique et de philosophie de Paris et ... Strasbourg (son doctorat de théologie) et il est chargé à son retour à Maredsous du "recyclage postconciliaire de la communauté" grâce à sa science fraichement acquise pour démolir la Tradition monastique.
Le clivage des deux conceptions, verticale/ad orientem/de louange qui constitue la Tradition et à l'opposé un vivre ensemble horizontal émotionnel sécularisé qui s'habille de "charité", est très bien vu par Olivier du Roy, ardent partisan de l'horizontalisme évidemment. Il se posait la question du célibat en 1972-1973 et l'abbaye est marquée par un flux de départs qui commence avant son abbatiat et continue pendant et après. Il ajoute que malgré les remontrances romaines que "la plupart des réformes (...) furent maintenues courageusement par mon successeur". C'est typique du pontificat de Paul VI où la réprimande est bien là sur le papier mais sans effet réel.
Il est devenu sociologue et consultant après 1973.
Je reprend la citation longue quand au clivage liturgique anthropologique fort bien exprimé ici par O. du Roy.
"Pour les uns, la liturgie est un culte rendu à Dieu par l’Église. La liturgie n’est donc pas d’abord l’affaire des personnes, ni même des communautés particulières. Elle est liturgie de l’Église universelle, ou elle n’est pas. C’est là, pour eux, le fondement d’un respect absolu des normes liturgiques. La communauté monastique est ordonnée essentiellement à la louange de Dieu (Opus Dei). Son culte est celui de l’Église même, dont le monastère est une réalisation particulière, spécialement députée à la louange divine. Les moines assurent leur fonction dans l’Église non pas en évangélisant, en prêchant ou en se préoccupant de témoigner et d’entraîner. Ils l’assurent en étant tout entiers tournés vers Dieu dans l’adoration et la prière.
10 Pour d’autres que je représentais, la liturgie, comme la foi, doit se vivre à même l’expérience humaine, comme son sens ultime. Elle ne concerne pas seulement la dimension religieuse de l’homme. Elle concerne tout l’homme. Elle n’existe pas « objectivement », « en soi », sans l’adhésion et l’authenticité de ceux qui y participent. Ce qui ne signifie pas qu’elle soit l’œuvre de l’homme. Quand vraiment nous nous rencontrons, nous nous reconnaissons, nous nous pardonnons, alors nous pouvons y reconnaître aussi l’œuvre de Dieu qui nous précède. Et l’action de grâces qui jaillit de cet événement le réfère à l’événement premier : la mort du Christ qui nous a aimés le premier et qui rend possible cette vie nouvelle en nous. Pour eux, pour nous, l’événement du salut n’est pas seulement dans le passé, indéfiniment répété ou réactualisé. Il est maintenant, entre nous, ou il n’est pas. S’il ne se passe rien, s’il n’y a pas d’amour réel, réconciliation réelle, rencontre réelle, tous les symboles et toutes les paroles rituelles, fussent-elles appliquées à la lettre, il n’y a pas de sacrement, pas de liturgie, pas de communauté. Il n’y a rien que simulacre et faux semblant."
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