Version en français par Luc de Montalte 2023-03-15 16:09:02 |
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Voici le même passage en français, toujours de Klaus Gamber donc (La réforme liturgique en question, 1992) :
On pourrait, semble-t-il, faire découler le droit du pape d'introduire de son propre chef, c'est-à-dire sans décision d'un concile, un nouveau rite, de son pouvoir "plénier et suprême" (plena et suprema potestas) dans l'Église, dont parle le Concile Vatican I, et dans des domaines «qui touchent à la discipline et au gouvernement de l'Église répandue dans le monde entier» [quæ ad disciplinam et regimen Ecclesiæ per totum orbem diffusæ pertinent (Denzinger S. 3064)].
Mais le terme disciplina ne peut en aucun cas être utilisé pour le rite de la messe, d'autant plus que plusieurs papes n'ont cessé de souligner que ce rite remontait à la tradition apostolique*. Ne serait-ce que pour cette raison, il ne peut relever de la «discipline et du gouvernement de l'Église». A cela s'ajoute que pas un seul document, pas même le Codex iuris canonici, n'a déclaré expressément que le pape, en tant que pasteur suprême de l'Église, avait le droit d'abolir le rite traditionnel. Il n'est même nulle part question d'un droit à modifier des coutumes liturgiques particulières. Ce silence est, dans le cas présent, lourd de signification.
Des limites ont été clairement posées à la plena et suprema potestas du pape. C'est ainsi qu'il est indiscutable que, pour les questions dogmatiques, ce dernier doit s'en tenir à la tradition de l'Église universelle et donc, comme le dit saint Vincent de Lérins, à ce qui a été cru toujours, partout et par tous [quod semper, quod ubique, quod ab omnibus]. Plusieurs auteurs avancent expressément qu'en conséquence il n'appartient pas au pouvoir discrétionnaire du pape d'abolir le rite traditionnel.
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*C'est ainsi que le pape Innocent ler (402-417) justifie par ces mots son exigence d'unité en faveur du rite, dans sa lettre à l'évêque de Gubbio où il était surtout question de liturgie (Migne, PL, XX, col. 551561) : «Quis enim nesciat aut non advertat, id quod a principe apostolorum Petro romanæ ecclesiæ traditum est, ac nunc usque custoditur ab omnibus debere servari nec superduci aut introduci aliquid quod auctoritatem non habeat, aut aliunde accipere videatur exemplum?» [Qui donc ignorerait ou ne remarquerait pas que ce qui a été transmis à l'Église de Rome par saint Pierre, chef des apôtres, et qui est conservé jusqu'à présent, doit être observé par tous et n'admet aucune addition ou introduction de quelque chose qui manquerait d'autorité ou semblerait imiter un exemple venu d'ailleurs ?] Et le pape Vigile (538-555) écrit dans une lettre au métropolite de Braga : «Quapropter et ipsius canonicæ precis textum direximus supradictum, quem deo propitio ex apostolica traditione suscepimus. » [C'est pourquoi nous avons aussi prescrit le susdit texte de la prière canonique (canon de la Messe) que, par la grâce de Dieu, nous avons reçu de la Tradition apostolique.] (PL, LXIX, col. 18).
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