Pour aller plus loin: le P. Roupain, S.J. par Chicoutimi 2021-03-10 06:35:31 |
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Les ressources apologétiques citées visent non pas à rejoindre les spécialistes en histoire mais un public plus large. Ce qui ne veut pas dire que les conclusions ne sont pas fondées sur des faits historiques ou des recherches très sérieuses.
Pour aller plus loin, dans son livre ''La véritable Église, Leçons et Lectures d'Apologétique'' (1914), le Père E. Roupain, S.J., prend la défense de l'Église catholique au sujet de la Saint-Barthélemy, et pour cela il fait appel à plusieurs ressources historiques. Je reproduis donc ici ce qu'il dit à ce sujet:
La Saint-Barthélemy (1572)
1- Les faits
''On peut lire le récit de l’Histoire de France racontée à tous, Le Siècle de la Renaissance, par Batifol, p, 230 et suiv.
2- Les conclusions
Voici celles de M.J. Guiraud dans Hist. Partiale, t. 2. P. 452 :
‘’Le massacre de la Saint-Barthélemy fut un crime politique et non religieux. Il fut commandité pour prévenir le soulèvement que menaçait de provoquer l’assassinat manqué de Coligny, et l’assassinat de Coligny avait eu pour unique raison le désir de Catherine de Médicis de se débarrasser d’un rival dans le gouvernement.
Le massacre de la Saint-Barthélemy fut autorisé par Charles IX pour des raisons politiques; il s’agissait, par le meurtre des chefs huguenots, de décapiter un parti, une faction qui gênait le roi dans son autorité. Au cours des délibérations qui le décidèrent, la question religieuse ne fut pas agitée ou tout au moins demeura à l’arrière-plan; il ne fut guère question que du soulèvement possible des huguenots et de leur prétendu complot.
La responsabilité de ce massacre ne peut pas être imputée à l’Église; elle ne le réclama pas; elle n’en connut pas même la préparation puisque aucun de ses membres ne fut mis au courant ni de l’attentat contre Coligny, ni des préparatifs de la Saint-Barthélemy; aucun de ses représentants ne figura dans le conseil qui la décida. Charles IX lui-même n’a qu’une responsabilité atténuée puisqu’il ne donna son assentiment qu’après de longues hésitations et seulement lorsqu’on lui eut dénoncé le complot imaginaire des huguenots.
C’est sur Catherine de Médicis, et sur elle seule, que retombe l’entière responsabilité de ce crime politique, digne de cette Renaissance italienne qui avait pétri d’immoralité son âme.’’
Sur le caractère antinational des deux événements qui ont marqué le début des Guerres de Religion : conjuration d’Amboise, et assassinat du duc de Guise, voir L. Dimier, Les préjugés ennemis, t. 2, p. 43 à 45.
M. l’abbé Vacandard, Études de critique et d’histoire religieuse, 1905, justifie les Papes de toute complicité dans le crime, p. 290.
M. Romier, dans une communication à l’Académie des inscriptions et Belles-Lettres, croit établir ou fortifier, d’après des documents nouveaux, la thèse de la préméditation du massacre, et de la connivence de Rome. – Qu’en est-il?...
Jusqu’à plus ample informé, cette communication ne change pas les conclusions aujourd’hui admises :
‘’ En réalité, l’importance des documents récemment exhumés a été exagérée. Ces pièces d’archives sont du même genre que plusieurs autres déjà publiés, et ne semblent pas devoir dépasser leur portée. Jointes à des pièces nouvelles, qui restent à découvrir, elles pourraient, en formant un faisceau de témoignages convergents, fournir d’intéressantes précisions; mais à les supposer même en plus grand nombre, elles ne seraient pas de nature à renverser la théorie aujourd’hui soutenue par les plus sérieux historiens de toutes les confessions, d’après laquelle la Saint-Barthélemy, loin d’avoir été préméditée, ne fut qu’un expédient de la dernière heure imaginé par Catherine de Médicis aux abois, dans un but essentiellement politique’’ (François Pinardel, Rev. prat. apol. 1er janv. 1914).
Que si l’on songe à établir une parité entre ces faits et les accords passés plus tard avec l’Espagne au temps de la Ligue, il faut se rappeler que la Ligue ne stipula aucun démembrement de la France; et que les catholiques, par leurs alliances, étaient d’accord avec les représentants légitimes de la Patrie. Ils ne trahissaient pas. (voir Hist. part., t. 2. P. 430 et 431).
Voir surtout l’ouvrage actuel et définitif de M. Charles Merki, L’Amiral de Coligny, la maison de Châtillon et la Révolte protestante, 1519-1572. - On y verra que Coligny était, au fond, ''un misérable hypocrite, laissant massacrer sous ses yeux, prêtres, moines et fidèles au nom de la liberté de conscience qu’il réclamait pour lui et les siens, les armes à la main; un froid ambitieux pour qui tous les moyens étaient bons; un traître à sa patrie qu’il couvrait de soudards étrangers, de cadavres et de ruines, aux ennemis irréconciliables de laquelle il ne rougissait pas de livrer des places fortes telles que le Havre et Dieppe…''
On y verra aussi, avec des documents à l’appui, ''que si les catholiques, en ces tristes temps, infligèrent trop souvent à leurs implacables adversaires la peine du talion, du moins la religion n’a rien à démêler avec la Saint-Barthélemy; que le massacre fut un coup de force politique, conçu, combiné par une reine à bout d’expédients et acculée à cette extrémité, accepté par un roi violent qu’effrayait la perspective certaine d’une nouvelle guerre civile, exécuté par tout un peuple qu’avaient exaspéré les bravades et les crimes de quelques centaines de sectaires malfaisants'' (P. Bliard, Études, 20 janvier 1913).
Source: Père E. Roupain, S.J., La véritable Église, Leçons et Lectures d'Apologétique (avec Nihil Obstat et Imprimatur), publié en 1914, Paris/Tournai, Établissements Casterman, S.A., pages 311-315.
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