La mise à l’écart arbitraire des échecs. Point extrêmement préoccupant. Car parmi les 42 patients initiaux, 6 ont été « exclus » en cours d’étude. En soi, ça n’est pas aberrant : il est commun qu’au cours d’une étude clinique des patients soient « perdus de vue » (le contact est rompu avec, pour toutes sortes de raisons) et donc que l’échantillon de départ soit réduit en court de route. Mais ici c’est le motif à l’origine de l’exclusion qui est particulièrement inquiétant : 3 ont été transférés en réanimation (!) ; 1 est décédé (!!!) ; 1 s’est révélé ne jamais avoir eu le virus ; 1 dernier a quitté l’étude suite à des effets secondaires indésirables (!). Exclure le patient qui n’était pas réellement contaminé (faux positif, cela arrive) relève du bon sens. Exclure celui qui a renoncé au traitement en raison d’effets secondaires est nettement moins justifié. Mais exclure les trois transferts en réanimation et le patient décédé, est tout simplement incompréhensible. Sauf évidement à considérer que cela démontre une volonté de biaiser les résultats dans le sens voulu à l’origine par le Dr Raoult. Or sur un échantillon aussi faible, ce choix est tout sauf anodin, il impacte très fortement le résultat final qui constituera la conclusion de l’étude. Là où le Dr Raoult annonce dans les médias un taux de rétablissement à J6 de 75%, soit 14 patients sur 20 (ce qui, en passant, représente exactement 70% et non pas 75%, précisons-le anecdotiquement), on peut de surcroît relever qu’un patient n’a pas été testé mais est néanmoins compté « guéris » par défaut. Nous parlons donc de 13 patients confirmés guéris sur 20, soit 65%, et non pas 14 sur 20, soit 70% (annoncés frauduleusement comme 75%, décidément ça gratte des marges de manière fractale par ici). Ce à quoi nous pouvons également ajouter le patient décédé et les 3 transférés en Réa, comptés à l’évidence comme « non-guéris » vous m’en excuserez, ce qui fait passer le résultat à 13 patients guéris sur 24 (54.17% de guérison) au lieu des 14 patient guéris sur 20 (70%, annoncés 75%). Voilà qui relativise nettement le succès déclaré par le Dr Raoult.
-Pour finir, une variante captivante méthodologiquement du classique « pile je gagne, face tu perds ». Car on remarque qu’en plus du patient non-testé, considéré « guéris » par défaut dans le groupe test, pas moins de 5 patients du groupe témoin sont également non-testés, et étonnamment, ils sont cette fois considérés encore malades par défaut. Si bien qu’on observe que, d’un côté, les patients du groupe test non-testés sont supposé guéris (au pifomètre donc), de l’autre, ceux du groupe contrôle sont considérés encore malades. Là encore, mettons en perspective cela avec le faible nombre de participants : 16 patients seulement dans le groupe contrôle. Le résultat passerait donc de 2 patients guéris sur 14 (14.29%... et non pas 10% comme l’annonce le Dr Raoult qui semble décidément faire son maximum pour me faciliter la tâche), à potentiellement pas moins de 6 guéris sur 14 (42.86%). On remarque alors que loin des « 75% de guéris dans le groupe chloro contre seulement 10% dans le groupe contrôle » annoncés par le Dr Raoult dans les médias, une lecture plus objective des données permet d’estimer que le résultat réel oppose, sous réserve que les 5 non-testés du groupe contrôle soient en réalité guéris et le non-testé du groupe test encore malade, 54.17% de guérison avec Chloroquine contre 42.86% sans chloroquine. Ce qui n’est donc pas significatif, car comme nous l’avons vu il faut également tenir compte du biais de sélection précédemment à l’œuvre qui peut suffire à expliquer cette marge.
Donc en fait, c'est pas mieux que l'étude chinoise ?
Cordialement
Meneau
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