Merci pour cette belle démonstration.
Notre ami Vistemboir2 a commencé par le dénigrement des "conservateurs conciliaristes" qui selon lui se feraient "d'une discrétion de violettes" depuis le début du synode - il n'a donc pas dû lire mes interventions à ce sujet, et je ne suis pas le seul...
Les premiers mots de Vatican II lui donnent tort : parlant de l'Eglise, les Pères Conciliaires commencent par parler du Christ qui est la Lumière des nations (Lumen Gentium). Pour eux, l'Eglise est inséparable du Christ, et c'est de Lui qu'elle tire sa volonté pastorale, c'est à dire sa volonté d'évangéliser. Rien à voir donc avec les simagrées franciscopachamamesques.
Vous avez raison dans votre interprétation de Nostra Aetate. Quand les musulmans disent que Dieu est Créateur, ou quand ils disent que Dieu est Juge, doit-on les contredire ? Ce serait idiot.
L'idée me semble être que le dialogue est nécessaire : en deux millénaires d'évangélisation, les auditeurs des missionnaires ne sont pas restés béatement à les écouter sans poser des objections. On commence par annoncer le Christ, et dans le dialogue qui suit nécessairement, on a deux possibilités : commencer par dénoncer les erreurs ou par dire ce avec quoi on est d'accord. La première risque d'être rapidement stérile, la deuxième permet de partir de ce qui est juste dans la pensée de l'interlocuteur pour lui en faire tirer des conclusions logiques auxquelles il n'aurait pas pensé. Par exemple, si quelqu'un croit en Dieu Créateur, on peut lui faire remarquer qu'en conséquence Il est tout puissant et donc tout différent de nous, ce qui ouvre la porte à la révélation de la Trinité. Et s'Il est créateur d'une créature raisonnable, il est logique qu'Il se révèle à elle...
La faiblesse (coupable selon moi) de Nostra Aetate et de la pastorale qui a suivi est précisément de ne pas avoir inventorié ces erreurs, laissant le champ libre à des interprétations voulant que toutes les religions se valent, mais cela n'est pas dans le texte du concile, et si l'on reconnaît qu'une déclaration doit être interprétée en fonction des constitutions, on se rapporte à Lumen Gentium pour comprendre Nostra Aetate.
Mais il faut répondre aussi au sujet de ce passage qui irrite notre ami, sur ces choses qui, dans les autres religions, "reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes". Cette vérité est le Christ, rien ne permet de dire que ce n'est pas à Lui que pensaient les Pères Conciliaires alors qu'ils citent le prologue de l'évangile de Saint Jean (Erat lux vera, quae illuminat omnem hominem).
Prenons l'exemple des sacrifices. Seul celui du Christ est efficace, cependant ceux de l'Ancien Testament n'étaient pas dépourvus de valeur, sinon Jésus n'aurait pas lié son sacrifice aux rites des sacrifices de l'Ancien Testament. Le fait d'offrir des sacrifices reflète donc un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. C'est si vrai que quand des musulmans se convertissent au christianisme, ceux chez qui il y a des sacrifices (les chiites) se convertissent plus volontiers au catholicisme, tandis que ceux chez qui il n'y en a pas (les sunnites) vont plutôt aux protestants, chez qui le sens du sacrifice eucharistique est amoindri voire nié.
Il n'est jamais bon de tirer des citations hors de leur contexte, quand celui-ci est un raisonnement où tout se tient. Et puis il faut lire la citation elle-même sans a priori. Ici, l'a priori c'est que Vatican II est mauvais, ce qui fait qu'on ne remarque même pas une citation de l'évangile. On ne peut que conseiller à Vistemboir2 de lire non seulement Vatican II mais avant tout l'évangile.
VdP
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