- ne pas créer d'esprit de chapelle déconnecté de la réalité des paroisses ordinaires
Ce point là peut faire sourire quiconque a déjà mis les pieds à Saint-Parres-lès-Vaudes. Il est évident qu'il y a dans la CRC un esprit d'entre-soi poussé à son paroxysme dont l'injonction de fréquenter les paroisses permet de se dédouaner.
L'impression que m'a laissé ce lieu à l'occasion d'une prise d'habit est que la CRC a tout d'une communauté nouvelle, cimentée par une esthétique très puissante, même si ici c'est une esthétique largement construite sur la liturgie latine traditionnelle, la piété pré-Vatican II et un univers mental à la fois maurassien et pétainiste. Tout est fait - et bien fait - pour que le visiteur s'y sente bien, quitte à atténuer un peu son discernement.
D'un côté on est marqué par une assemblée de fidèles qui chante magnifiquement la messe (dont des parties du propre grégorien - j'ai le souvenir du graduel pascal
Haec Dies chanté par presque tous), par une grande famille où tout le monde semble rayonnant de joie, avec des rapports paraissant très simples, par des jeunes hommes et femmes très élégants, de (très) jeunes parents avec enfants et de nombreux religieux et religieuses.
On est plus circonspect en constatant qu'on prie un
Notre Père et un
Je vous salue Marie (qui devient quelque-chose comme "Je vous aime Ô Marie") différents de ce qui est récité partout ailleurs. Ou en voyant le frère supérieur, qui n'est pas prêtre (peut-être est-il diacre, je ne sais plus) prononcer l'homélie au milieu de la messe (nécessairement célébrée par un prêtre extérieur à la communauté), assis à la manière d'un prélat, puis célébrer en pluvial le Salut l'après-midi.
Puis on entend parler en ces termes de feu l'abbé de Nantes : "notre père spirituel et politique". On lit dans le périodique de la communauté que la mort attendue du président Bouteflika est une occasion inespérée pour la France de récupérer l'Algérie (euh...), des accusations extrêmement virulentes (encore beaucoup plus que dans la FSSPX) sur Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI - pas sur Jean-Paul Ier et François qui sont vénérés, ou encore contre sainte Faustine qui est qualifiée d'affabulatrice. Ou encore des tracts outranciers distribués à la sortie de messes. Ou un manuel de spiritualité pour jeunes filles qui dit que la femme doit toujours se taire si jamais son mari la trompe.
Et on est frappé par le décalage total entre tout ce contenu intellectuel et la recommandation de participer à la vie de sa paroisse de rattachement et de créer des liens avec les autres catholiques. Cela laisse presque le sentiment que tout est fait pour accoutumer le fidèle à vivre dans un cadre mental totalement différent de toutes les personnes qu'il côtoiera quotidiennement hors-communauté.
Du côté de la communauté religieuse - mixte, mon impression (peut-être très subjective) a été celle d'une très bonne maîtrise des éléments traditionnels de la vie religieuse, mais comme en partie détournés pour en faire autre-chose.
Je pense cher Postit que vous ne tarderez pas à contester énergiquement tout ce que je viens d'écrire, même si je me suis gardé d'employer un mot de cinq lettre qui pourrait venir à l'esprit au terme de cette description, où de mentionner un certain nombre de témoignages dont vous contesteriez la véracité.