1. J'interviens depuis de longues années non sur "un forum de désobéissants", comme vous le pensez, mais sur "le forum catholique".
2. Sur le forum catholique, je rappelle autant que possible la doctrine catholique, et non une opinion personnelle, en m'effaçant autant que possible derrière de larges citations des papes. A cet égard, j'ai les défauts de mes qualités,... ce qui ne m'empêche certes pas d'avoir d'autres défauts.
3. Le sujet de ce fil, qui est dans mes centres d'intérêt (à la différence par exemple de la succession de Louis XIV), résulte du choix d'Ennemond de poster un article de l'abbé Citati FSSPX, où sont traités largement (mais de façon insatisfaisante) la question du magistère et de l'obéissance au pape.
4. Ce traitement étant insatisfaisant à maints égards, j'ai proposé deux éclairages (une critique de la méthode et le "point de vue" de Saint Thomas d'Aquin o.p. - qui reconnaît au pape le pouvoir de promulguer un nouveau missel, de le faire au Nom du Christ, et avec Son Assistance), et dans le message auquel vous répondez, posé une question (que j'ai déjà maintes fois posées sans obtenir de réponse) :
Où le magistère a-t-il enseigné (de façon infaillible, puisque VOUS y tenez) l'existence d'un magistère faillible, incertain, douteux, potentiellement [ou réellement] erroné, que les fidèles pourraient rejeter, ou même simplement choisir d'ignorer ?
5. J'ai proposé en regard un long échantillon d'enseignements pontificaux (de Pie IX à Pie XII). On peut préférer le magistère de Mgr Lefebvre à celui des papes que j'ai cités, mais il faut par honnêteté le dire, et par cohérence admettre qu'on répudie la foi de l'Eglise telle que les papes de Pie IX à Pie XII l'ont tenue et exposée.
6. S'il faut donner ma propre réponse à cette question (mais cette réponse ne me satisfait pas, et j'aimerais savoir ce qui pourrait étayer l'opinion émise par Mgr Lefebvre et répandue depuis
dans nos milieux), le seul enseignement magistériel que je connaisse sur les erreurs qu'il peut y avoir dans les enseignements du magistère est du cardinal Ratzinger dans
Donum Veritatis. Mais ce texte exclut la possibilité d'une contre-vérité, d'une erreur massive et totale dans le magistère, y compris "prudentiel" - ou pour reprendre les catégories (datées) de Mgr Lefebvre : "pastoral".
24. Enfin le Magistère, dans le but de servir le mieux possible le Peuple de Dieu, et en particulier pour le mettre en garde contre des opinions dangereuses pouvant conduire à l’erreur, peut intervenir sur des questions débattues dans lesquelles sont impliqués, à côté de principes fermes, des éléments conjecturaux et contingents. Et ce n'est souvent qu'avec le recul du temps qu'il devient possible de faire le partage entre le nécessaire et le contingent.
La volonté d'acquiescement loyal à cet enseignement du Magistère en matière de soi non-irréformable doit être la règle. Il peut cependant arriver que le théologien se pose des questions portant, selon les cas, sur l'opportunité, sur la forme ou même le contenu d'une intervention. Cela le conduira avant tout à vérifier soigneusement quelle est l'autorité de cette intervention, telle qu'elle résulte de la nature des documents, de l'insistance à proposer une doctrine et de la manière même de s'exprimer.
Dans ce domaine des interventions d'ordre prudentiel, il est arrivé que des documents magistériels ne soient pas exempts de déficiences. Les Pasteurs n'ont pas toujours perçu aussitôt tous les aspects ou toute la complexité d'une question. Mais il serait contraire à la vérité de conclure, à partir de certains cas déterminés, que le Magistère de l'Église puisse se tromper habituellement dans ses jugements prudentiels, ou qu'il ne jouisse pas de l'assistance divine dans l'exercice intégral de sa mission. En effet, le théologien, qui ne peut bien exercer sa discipline sans une certaine compétence historique, est conscient de la décantation qui s'opère avec le temps. Ceci ne doit pas être entendu dans le sens d'une relativisation des énoncés de la foi. Il sait que certains jugements du Magistère ont pu être justifiés à l'époque où ils furent prononcés, parce que les affirmations visées mêlaient inextricablement des assertions vraies et d'autres qui n'étaient pas sûres. Seul le temps a permis d'opérer le discernement et, à la suite d'études approfondies, d'aboutir à un vrai progrès doctrinal.
Encore une fois, quand je lis les enseignements des papes de Pie IX à Pie XII, je ne trouve pas plus d'ouverture au
libre choix que dans ce texte où le cardinal Ratzinger en rejette explicitement l'hypothèse.
Pour vous en convaincre, je vous redonne le paragraphe précédent, N°23 :
23. Lorsque le Magistère de l'Église se prononce infailliblement pour déclarer solennellement qu'une doctrine est contenue dans la Révélation, l'adhésion requise est celle de la foi théologale. Une telle adhésion s'étend à l'enseignement du Magistère ordinaire et universel quand il propose à croire une doctrine de foi comme divinement révélée.
Lorsque celui-ci propose « d'une manière définitive » des vérités concernant la foi et les mœurs qui, même si elles ne sont pas divinement révélées, sont toutefois étroitement et intimement connexes avec la Révélation, celles-ci doivent être fermement acceptées et tenues.
Lorsque le Magistère, même sans l'intention de poser un acte « définitif », enseigne une doctrine pour aider à l'intelligence plus profonde de la Révélation ou de ce qui en explicite le contenu, ou encore pour rappeler la conformité d'une doctrine avec les vérités de foi, ou enfin pour mettre en garde contre des conceptions incompatibles avec ces mêmes vérités, un assentiment religieux de la volonté et de l'intelligence est requis. Celui-ci ne peut pas être purement extérieur et disciplinaire, mais doit se situer dans la logique et sous la mouvance de l'obéissance de la foi.
De Pie IX à nos jours, tous les papes ont toujours proclamé que la soumission religieuse de la volonté et de l 'intelligence était toujours requise.
Quel passage du magistère leur a échappé, qui légitimerait ne serait-ce que l'amorce de la prise de distance défendue par l'abbé Citati FSSPX ?
Je vous redonne dans le même sens, les encycliques des papes de Pie IX à Pie XII (notamment Léon XIII et Pie XII). Le corps des articles est d'eux.
La vertu d’obéissanceLa perfection de l’obéissance est le signe caractéristique auquel on peut reconnaître les catholiques
L’obéissance doit être parfaite car elle appartient à l’essence de la foi
L’obéissance, comme la foi, ne peut être partagée
Si l’obéissance n’est pas absolue et parfaite en tout point, elle n’a plus que le nom d’obéissance
L’union des esprits réclame
parfait accord dans la même foi
parfaite soumission et obéissance des volontés
à l'Église et au Pontife romain
comme à Dieu Lui-même
L’obéissance due au Pontife romainTous et chacun sont tenus au devoir de subordination hiérarchique et vraie obéissance au Vicaire du Christ
On doit une parfaite soumission et obéissance des volontés au Pontife Romain, comme à Dieu Lui-même
Qui ne reconnaît et n’accepte par son obéissance
l’autorité et le pouvoir de Pierre et de ses légitimes Successeurs
ne se trouve ni ne demeure dans l’unique Église du Christ
L’obéissance due aux enseignements des Pontifes romains
Lorsqu'on trace les limites de l'obéissance due aux pasteurs des âmes et surtout au Pontife Romain :
Il ne faut pas penser qu'elles renferment seulement les dogmes auxquels l'intelligence doit adhérer et dont le rejet opiniâtre constitue le crime d'hérésie
Il ne suffirait même pas de donner un sincère et ferme assentiment aux doctrines qui, sans avoir été jamais définies par aucun jugement solennel de l'Église, sont cependant proposées à notre foi, par son magistère ordinaire et universel, comme étant divinement révélées, et qui, d'après le Concile du Vatican, doivent être crues de foi catholique et divine
Il faut, en outre, que les chrétiens considèrent comme un devoir de se laisser régir, gouverner, et guider par l'autorité des évêques, et surtout par celle du Siège Apostolique
Le libre examen n’est pas catholiqueQui adhère à la doctrine de l'Église comme à une règle infaillible
donne son assentiment à tout ce que l'Église enseigne
Qui, parmi les choses que l'Église enseigne, retient ce qui lui plaît et exclut ce qui ne lui plaît pas
adhère à sa propre volonté et non à la doctrine de l'Église, en tant qu'elle est une règle infaillible
Qui n'adhère pas, comme à une règle infaillible et divine,
à la doctrine de l'Église qui procède de la vérité première manifestée dans les Saintes Ecritures
n'a pas la foi habituelle, mais possède autrement que par la foi les choses qui sont de son domaine
Après avoir rejeté le divin magistère de l'Église
les choses de la religion sont abandonnées au jugement privé de chacun
Ceux qui sont séparés de la véritable Église se plaignent souvent, et publiquement, de leurs désaccords
en matière dogmatique, au point d'avouer, comme malgré eux, la nécessité d'un magistère vivant
L’obéissance au magistèreLa foi divine et catholique est due
Au contenu des Saintes Ecritures et de la tradition
Aux vérités que l’Église propose comme divinement révélées
Par un jugement solennel
Par son magistère ordinaire et universel
Nul fidèle ne peut :
infirmer l'autorité des Conciles,
contredire librement à leurs actes,
se faire juge des lois qu'ils ont portées
affirmer avec assurance tout ce qui lui paraît vrai, indépendamment des jugements des Conciles
Ce qui est proposé dans les lettres Encycliques :
exige de soi l’assentiment, bien que les Papes n’y exercent pas pouvoir suprême de leur magistère
relève du magistère ordinaire, pour qui vaut aussi la Parole « Qui vous écoute, M’écoute »
appartient d’ailleurs le plus souvent depuis longtemps à la doctrine catholique
Si dans leurs Actes, les Souverains Pontifes portent à dessein un jugement sur une question
alors, conformément à l'esprit et à la volonté de ces mêmes Pontifes
cette question ne peut plus être tenue pour une question libre entre théologien
>>> Où on retrouve à propos des Actes du magistère le plus général : « le Siège de Pierre n’est jugé par personne »
Méthode pour aborder la Révélation sous la conduite du MagistèreL'Église précise sa doctrine par la voie ordinaire ou par la voie extraordinaire
La compréhension de cette doctrine se fait en remontant du clair vers l’obscur
Une doctrine définie par l’Église est contenue dans les sources dans le sens même où l’Église l’a définie
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