ce que signifie "commercialiser son corps".
Cela signifie-t-il abandonner complètement son corps à l'arbitraire de quelqu'un pour une somme d'argent ? Ce a priori n'est pas ce que fait une prostituée qui (excusez-moi d'être un peu cru), fait payer telle "prestation" pour tant de temps avec telles limites. D'ailleurs, on dit plutôt d'une prostituée qu'elle vend "ses charmes" que "son corps".
Si cela veut simplement dire exploiter les avantages de son corps à des fins commerciales, on en voudra autant de n'importe quel mannequin non ?
Il me semble que les données du problème de la prostitution pour un chrétien sont simplement les suivantes :
- Evidemment, l'immoralité intrinsèque de la fornication,
- Dans certains cas, l'exploitation de la femme ou sa mise en danger,
- Dans tous les cas, le très grave problème du rejet du désordre sexuel sur une partie de la population féminine (enfin, essentiellement) condamnée à vivre dedans. henri.p disait plus haut qu'une relation avec une prostituée était moins grave qu'une aventure avec une femme mariée. On en comprend bien la logique mais cela conduit accepter l'idée qu'il y a une catégorie de femmes qui restent "respectables" grâce à d'autres qui servent de "défouloir". Or les unes comme les autres ont une âme et une vocation au salut. Il y a quelque chose de terrible à mon sens au delà du péché ponctuel de l'homme qui commet le péché ponctuel d'aller voir une prostituée mais sait au fond de lui qu'agissant mal un jour, il lui reste la possibilité de se repentir et que la porte du salut lui demeure ouverte (je ne parle pas d'une confession sans contrition calculée d'avance, attention) alors que de l'autre côté, il y a une femme qui, pour vivre, continuera son activité. C'est une forme de déshumanisation. C'est la "fille de mauvaise vie" qu'on considère avec mépris, que pour rien au monde on ne voudrait pour épouse ou pour belle-fille, mais dont pas mal de monde est en réalité content qu'elle existe. Voilà bien une marque de la profonde blessure de l'humanité, dont, comme chrétien, il faut apprendre ou ré-apprendre à se révolter.
A l'inverse, si l'on admettais comme la majorité (ou en tous cas l'opinion médiatiquement dominante) de nos contemporains, l'amoralité de l'acte sexuel en lui-même, il n'y aurait à l'inverse à mon sens pas de raison de condamner moralement sa commercialisation dès lors qu'elle se fait dans des conditions sécurisées (client violent, risques de grossesse et de transmission de maladies...) et économiquement équitables.
Pourtant, passionnant paradoxe, ce sont les progressistes les plus acharnés qui se voulaient il y a quelques petites années "abolitionnistes" (!) de la prostitution, alors que des réactionnaires s'insurgeaient. Voir le débat sur la pénalisation des clients, le collectif "Touche pas à ma pute" (re : !)...
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