Dès l'Ancien Régime, les exemples de prélats transférés d'un siège à l'autre sont fréquents ; on peut penser par exemple à Mgr de Jarente de La Bruyère, transféré de l'évêché de Digne à celui d'Orléans, ou à Mgr de Loménie de Brienne, transféré en 1788 de l'archevêché de Toulouse à celui de Sens.
A l'époque du Concordat, l'abbé Bernier, ancien aumônier de l'armée catholique et royale, fut promu par Bonaparte à l'évêché d'Orléans avec la promesse d'être transféré au siège métropolitain de Paris à la mort de son titulaire, le cardinal de Belloy, lui-même évêque de Marseille avant la Révolution. Ce dernier prélat avait alors quatre-vingt-treize ans ; mais Bernier décéda avant lui.
Il existait alors une institution particulièrement destinée aux évêques émérites, le chapitre de Saint-Denis (qui se composait à la fois de chanoines du premier et du second ordre). Le calamiteux Mgr (Claude) Rey, évêque de Dijon sous la monarchie de Juillet, y obtint une place en 1838 lorsqu'il consentit à démissionner de son siège au grand soulagement de son clergé.
En revanche, plusieurs évêques se considéraient comme indissolublement unis à leur Eglise : ainsi le cardinal de La Tour d'Auvergne, auquel fut proposé le siège de Paris, qu'il refusa pour ne pas abandonner l'Eglise d'Arras, qu'il gouverna vigoureusement pendant quarante-neuf ans.
Cette union entre un évêque et son Eglise, volontiers assimilée au mariage, a constitué l'un des arguments mobilisés par l'épiscopat de France contre les décrets de la Constituante qui dépossédaient ceux de ses membres qui refusaient le serment du 27 novembre 1790. Ses limites devinrent manifestes dix ans plus tard, lorsque Pie VII au nom des circonstances exceptionnelles dans lesquelles se trouvait l'Eglise de France imposa la démission non seulement des évêques constitutionnels, qui étaient alors tous intrus à l'exception de Mgr de Savine, mais aussi des évêques légitimes, qui furent assez nombreux à refuser d'obtempérer, précisément au nom du caractère indissoluble de leur union avec leur Eglise.
Le maintien de l'évêque sur son siège sans limite d'âge et sans possibilité de transfert devrait certainement être la norme ; cependant on voit que celle-ci ne peut être absolue.
Peregrinus
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