Votre quatrain percute !
Je remarquerais seulement que Dieu sait, tout pour chacun.
Il sait d'où vient le fardeau, et ce qui convient de soulager.
Par lui-même ou par un canal vivant dans la création, dans le même temps ou dans un autre, Dieu s'y retrouve.
Changer le fardeau d'épaules n'est pas toujours juste.
Un enfant qui a la vie trop facile devient mou, sans muscles de l'âme non plus, et est-ce lui rendre service de faire "à sa place" ? Alors qu'on n'aurait pas idée de manger son chocolat à sa place !
La compassion a ceci de gênant qu'elle induit de prendre ce qui n'appartient qu'à l'autre. Combien ont été ainsi retardés ans leur guérison par des consolations molles, par des dépôts de fardeaux, par des illusions de bien-être ? Il faut faire attention à n'agir que selon ce que Dieu désire. Lui sait où tout cela va.
Je prèfère pour cette raison le mot "empathie", qui est l'écoute du vrai ressenti d'autrui, et non une ingérence pour ranger ses affaires douloureuses à sa place. Il m'apparait très prétentieux de vouloir "sauver" l'autre. Comme de le vouloir "guérir". Nul ne le peut. Donner un soin juste est possible quand on a appris, quand on a perçu le besoin réel, et qu'on a une solution à proposer pour aider.
Il y avait un dessin de gens marchant portant leurs croix. L'un des marcheurs trouve une scie, et allège son poids, puis une autre fois, un autre segment... Le chemin passe un précipice, à franchir en posant la croix comme une passerelle.... Hélas, la sienne est trop courte...
Que dire alors de raccourcir la croix des autres, surtout s'ils ne le demandent pas ? Voudrait-on aussi manger leur festin du Ciel ?
Cela peut paraître dur...
Sauf si on sait que Dieu proportionne la lampée de soupe à la taille du bol, et qu'Il sait la mesure, la quotité du quotidien, un instant à la fois quand nécessaire !
Dieu est grand.
Tellement plus que nos minuscules raisons.
C'est dur ?
Oui, certes, et dur de voir quelqu'un dans la mouise.
Dur pour lui, dur de savoir que nul ne peut prendre... sauf le Seigneur.
Là, je retrouve ce qui assaisonne les portions peu appétissantes parfois dans la vie :
"Qu’importe, Seigneur, que vous posiez un quintal sur ma nuque, puisque c'est vous qui le portez !" (Maître Eckhart)
Entendre la souffrance.
entendre que la souffrance est entendue.
N'est-ce pas se relier d'âme à âme, en grand respect ?
Le reste pratique est surcroît, parfois même bonheur, selon les moments.
Il s'agit d'abord de ne pas déranger le travail de Dieu sans les âmes d'autrui, ni dans la nôtre non plus. Bien d'accord.
Voilà ce que me semble, réflexions sur vos très belles remarques.
Merci à vous
Glycéra
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D'avance, merci !