que ce soit ceux qui trouvent que le Concile est resté trop marqué par la Tradition et la théologie romaine néo-scolastique ou l'inverse.

Bien entendu que les textes de Vatican II sont perfectibles sur des points bien précis et in fine très circonscrits en quantité de mots mais de forte portée.

Il va évidemment de soi que l'herméneutique de rupture a un support dans les textes : le Père Theobald sj donne ses sources conciliaires et déploie son herméneutique rupturiste à partir d'elles pour ne prendre qu'un exemple. Cela vaut même pour la néo-liturgie : les néo-liturges citent abondamment S.C., les passages qui les arrangent et "oublient" les autres.

La bataille des herméneutiques est au coeur du texte conciliaire. Ceci dit, toute la bataille du jansénisme est sortie d'une ambiguïté identique de Trente sur la question de la grâce et des oeuvres (qui n'est pas un détail), les bagarres sorties de Chalcédoine (pas une paille non plus) etc. les exemples ne manquent pas.

Votre point 4 est inexact. Les évêques critiques à l'égard des "rupturistes" n'ont pas manqué et NNSS Lefebvre et de Castro Mayer n'ont pas été seuls dans ce sens. J'ajoute que depuis les années 1980-1990, le redressement partiel mené par Jean-Paul II s'est traduit dans les épiscopats de façon partielle et inégale suivant les pays.
Même les observateurs incultes en matière de catholicisme ont relevé que l'épiscopat américain n'a pas la même sensibilité que celle des "avancées" récentes dans des paroles informelles opérées par le pape François.

La tension dans les textes conciliaires se retrouve donc dans l'épiscopat et les débats théologico-pastoraux post-conciliaires.
Le contexte joue certainement un rôle pour amplifier cette tension et l'entretenir : le peuple "catholique" de la fin XXe et XXIe siècle est fort différent de celui du post Vatican I, la culture "commune" au moins dominante de la "romanité" s'est affaissée très largement.
Le brouillard enveloppe aujourd'hui y compris chez les baptisés dans nos pays spécialement (Europe, Amérique du Nord) - moins ailleurs mais la nappe de brume s'étend - la notion de "ministère", de "sacerdoce", d' "Eglise", de "salut", de "péché" ... j'entendais récemment une personne dévouée et "militante" en charge de catéchèse expliquer qu'elle ne voyait pas de différence entre protestants et catholiques ...

Le brouillard n'était pas aussi dense en 1870 ou même du temps de la 1ère crise moderniste. J. Maritain le relève en 1966 dans le Paysan de la Garonne. J. Madiran aimait souligner la crise catéchétique. Or ces termes essentiels sont repris dans leur sens ordinaire à Vatican II et les Pères les connaissent tous parfaitement et les utilisent sans hésitation ni doute.

L'Église du Rwanda que j'ai pu observé cette année de visu et de auditu m'a paru très saine tout en étant pleinement dans le post-Vatican II : la messe "ordinaire" est digne, sacrée, le comportement des fidèles traditionnel, la piété intense, les vocations abondantes, les organisations de laïcs très nombreuses et actives etc. Dans ce pays, je mets à part le lourd passé lié à 1994 qui est une autre gravissime question, la "crise de l'Église" c'est du ... chinois, un truc bizarre d'Abazungu (les blancs).

C'est pourtant Vatican II à Kigali ou Bujumbura (Burundi voisin, plus catholique encore et sans génocide en 1994) comme à Varsovie, Rome, Paris, Los Angeles, Buenos Aires, Mexico, Belo Horizonte etc.
Pourquoi les uns ont usé de Vatican II sans crise et pour une expansion missionnaire et d'autres, comme nous Ouest-européens, en ont fait un bélier pour détruire la Tradition ?

Le texte ne résume donc pas tout même s'il a sa petite part ce que je n'ai jamais nié.

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