Bonsoir Marek,
1. Voici le discours de Paul VI, en date du 8 décembre 1965, lors de la clôture du Concile :
Le discours de clôture du Concile.
2. Voici la remarque, qui est sans doute le reflet de ma candeur :
Paul VI
- dit d'abord ceci :
" La religion du Dieu qui s'est fait homme s'est rencontrée avec la religion (car c'en est une) de l'homme qui se fait Dieu. "
- puis dit ensuite ceci :
" Reconnaissez-lui au moins ce mérite, vous, humanistes modernes, qui renoncez à la transcendance des choses suprêmes, et sachez reconnaître notre nouvel humanisme : nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l'homme. "
- mais ne dit pas du tout, et aurait peut-être dû dire, ceci :
" Reconnaissez-lui (au moins) ce mérite, vous, humanistes modernes, qui RENIEZ la transcendance des choses suprêmes, et sachez reconnaître notre (nouvel) humanisme, QUI EST LE CHRISTIANISME LUI-MEME : nous (aussi), nous plus que quiconque, nous avons le culte DU DIEU FAIT HOMME. "
3. Il me semble en effet ce qui suit :
I - Les humanistes modernes ne renoncent pas à la transcendance des choses suprêmes, mais RENIENT la transcendance des choses suprêmes, ce qui n'est pas du tout la même chose : de leur propre point de vue,
a) non seulement ils renoncent à "une chose" qui a cessé de leur être utile,
b) mais en outre et surtout ils renient "une chose" qui est devenue un obstacle,
ce qui n'est pas du tout la même chose qu'un renoncement consécutif à la seule constatation "objective" d'une inutilité absolument définitive, d'une obsolescence absolument irréversible du christianisme.
C'est ainsi que pour les humanistes modernes les plus radicaux et les plus substantiels, Dieu n'est pas une hypothèse inutile, mais un RIVAL.
Dieu, le seul vrai Dieu, Père, Fils, Esprit, n'est pas avant tout dépassé, il est avant tout dérangeant ; c'est quand les hommes d'Eglise ne veulent plus que le seul vrai Dieu soit dérangeant, y compris, peut-être, pour eux-mêmes, que Dieu commence à être dépassé, peut-être bien parce que l'humaniste moderne trouvera toujours plus arrangeant qu'un Dieu qui ne lui est plus présenté que d'une manière arrangeante, ou, en tout cas, la moins dérangeante possible.
II - Le coeur nucléaire du culte, dans le cadre du christianisme, n'est pas "le culte de l'homme", mais "le culte du Dieu fait homme", ce qui, là aussi, n'est pas du tout la même chose.
Le culte de l'homme est "horizontaliste", là où le culte du Dieu fait homme est "verticalisant".
Demandeur et preneur de toute remarque ou suggestion, je vous souhaite à tous une bonne nuit.
Scrutator.