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Quelques autres aspects du lyssenkisme progressiste.
par Scrutator Sapientiæ 2012-10-06 09:03:26
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Bonjour blamont,

A ce que vous évoquez à juste titre, j'ajoute quelques autres aspects du lyssenkisme progressiste qui a sévi dans les années 1960-1970, et qui, je crois, n'attend qu'une chose, le début de l'après Benoît XVI, pour essayer de se remettre à sévir.

I. Je pense ci aux points suivants :

a - la présence, au sein du clergé français, peut-être pas dès 1945, mais plus sûrement après 1950, d'une génération anti-Pie XII, qui a préparé les esprits et le terrain, et a ainsi ouvert la voie à la génération Vatican II : il y a eu ainsi une mentalité contra-positionnelle, par rapport au Magistère et à la pastorale officielle de l'Eglise catholique, au sein même de celle-ci ;

b - une conception "constructiviste" du Concile et de sa mise en oeuvre ; or, par définition, la contre-partie du constructivisme, c'est la destruction : "il faut tout détruire, oui, tout détruire, puisque tout est à reconstruire", comme on l'a dit et fait, à partir de 1789 ;

c - le déploiement, effréné et éhonté, de la volonté, à partir de 1965, de jeter le bébé (la Tradition) avec l'eau du bain (les traditions) ;

d - un aspect psychologique peu avoué et pourtant bien connu : il y a

1) dans un premier temps, l'incompréhension sincère de celui à qui on a dit qu'il allait dans le sens de l'histoire, dans le sens de l'alliance ou du "mariage", d'inspiration teilhardienne, de l'Eglise et de la religion du salut avec le monde et la religion du progrès, et qui ne comprend pas que l'on puisse, et surtout que l'on sache, pourquoi et comment résister à "cela" ;

2) dans un deuxième temps, la méchanceté et la mesquinerie, le ressentiment envieux ou haineux du lyssenkiste progressiste qui constate que "cela" ne fonctionne pas, dans la pratique pastorale, et fonctionne d'autant moins, et fait d'autant plus d'ex-catholiques et d'autant moins de futurs chrétiens, qu'on le met en oeuvre d'une manière plus massive et violente.

3) dans un troisième temps, ce que je suis tenté d'appeler "le dommage du vice à la vertu" : le catholique pratiquant non progressiste est, de par son attachement à l'essentiel (et l'essentiel n'est jamais avant tout la destruction nihiliste ou terroriste du passé, la construction activiste ou fondatrice de l'avenir), de par sa piété, de par ses vertus, UN REPROCHE VIVANT pour celui qui s'est détaché de l'essentiel dans son âme et dans son coeur, avant d'essayer d'obliger les autres à en faire autant, au nom du passage d'un catholicisme purement sociologique à un christianisme "enfin" authentique.

II. Le cas typique dont j'ai été personnellement témoin était celui d'un curé de paroisse qui croyait en substance que le Concile se limitait à sa vision de Gaudium et Spes, que le Magistère de Paul VI se limitait à sa vision de Populorum Progressio,

a) qui, à raison d'au moins un dimanche par mois,

- faisait l'éloge, en pleine homélie, d'un seul mouvement, la JOC,

- donnait la parole, en fin de messe, aux militants d'un seul mouvement, la JOC,

et

b) qui a constaté, au bout de quelques années,

- que la majorité de ses fidèles qui allait encore à la messe avait des préoccupations morales et spirituelles situées aux antipodes de ce "jocisme" là, et allait encore à la messe, non grâce à ce "jocisme"là, à cet ouvriérisme, socialisant, sinon communisant, mais malgré lui ;

- que les fidèles, potentiels ou effectifs, à l'attention desquels il jocisait ses homélies, sinon sa liturgie, et sa pastorale, cessaient de pratiquer, les uns après les autres, et ne constituaient plus qu'une minorité, un facteur de blocages et un vecteur de clivages.

III. Dans ce contexte là, si un tel curé de paroisse avait encore un peu au fond de lui le sens de l'essentiel, le souci du soin des âmes, un reste d'humilité et de lucidité, du réalisme et du pragmatisme, ce dont il était témoin, à savoir le fait que la mayonnaise qu'il imposait et infligeait à ses fidèles ne prenait pas, remontait, tôt ou tard, avec effet utile, jusqu'à son système nerveux central.
Il infléchissait alors sa pastorale, quitte à le faire d'une manière maladroite ou malhabile, et à s'exposer aux foudres de celles de ses ouailles ou de ceux de ses confrères qui étaient, plus durablement et profondément que lui, lyssenkistes progressistes.

IV. Mais si ce n'était pas le cas, si ce curé de paroisse était caractérisé, bien au contraire, par de l'aveuglement et de l'obstination, de l'orgueil ou de la paresse, de l'oubli ou du mépris pour le "recevoir pour transmettre", il s'enfermait et s'entêtait, et était tenté de voir dans quelques-uns de ses fidèles, non des instruments de la Providence, qui le rappelaient à ce qui constituait la substance de sa vocation et de son ministère presbytéral et sacerdotal, mais des obstacles, insupportables, sinon insurmontables, qui s'opposaient, même de manière silencieuse, mais néanmoins perceptible, à la génialité de sa pastorale ouvriériste.

V. Un autre point gagnerait à être exploré en profondeur : celui de l'amnésie et du mutisme, du silence tenace des évêques, notamment face à ces deux décennies là, d'où leur refus de toute espèce de déclaration de repentance, au bénéfice de l'Eglise et à destination des fidèles qui ont résisté aux manifestations de constructivisme destructiviste de leurs prédécesseurs ; j'avais d'ailleurs rédigé une suggestion de déclaration de repentance, il y a déjà plusieurs semaines, sur le Forum catholique...

VI. Aucun institution humaine ne supporte qu'on lui dise une vérité dissidente ou dissonante sur elle-même : c'est vrai des institutions humaines qui oeuvrent dans la sphère du temporel, mais c'est également vrai des institutions humaines qui oeuvrent dans celle du spirituel.

VII. Certes, l'Eglise est une institution divine, mais les hommes d'Eglise, eux, sont des êtres humains, et je vois mal les membres de la CEF demander pardon à cause des errements et manquements de leurs prédécesseurs des années 1960-1970...d'autant plus que ces errements et manquements sont encore ceux de certains d'entre eux, ou de certains de leurs prêtres, aujourd'hui.

VIII. Souvent les hommes qui ont pris appui sur un mensonge préfèrent passer d'un premier mensonge à un deuxième mensonge, ou du mensonge au silence, plutôt que de passer du mensonge à la vérité : il y a ainsi bien des gens qui sont passés du "libertarisme", opposé au système, au "libéralisme", fondement du système, entre 1968 et 1988...

IX. Dans cet ordre d'idées, il semble que le compagnonnage de fait d'au moins une partie d'une génération de l'épiscopat français, avec le lyssenkisme progressiste à coloration ouvriériste d'avant-hier, ait été remplacé par le compagnonnage de fait d'au moins une partie d'une autre génération de l'épiscopat français, avec le lyssenkisme progressiste à tonalité européiste...

X. Je suis né en 1967, et, pure coincidence, dans la revue Itinéraires de février 1967, vous avez un texte extraordinaire de Marcel DE CORTE, un texte intitulé : "Progressisme et volonté de puissance" : TOUT y est dit, y compris le fait que la volonté de puissance est toujours sanctionnée par la suprême impuissance, d'où la haine des progressistes contre tous ceux qui, en s'opposant à leur volonté de puissance, leur annoncent, par anticipation, la catastrophe que constitue leur entreprise.

Bonne journée.

Scrutator.

     

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