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Le "lyssenkisme" progressiste ostracise et persécute.
par Scrutator Sapientiæ 2012-10-04 07:37:18
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Bonjour et merci, jejomau.

Voici ce à quoi j'ai pensé, il y a quelques jours, en m'efforçant de tirer parti de ce dont mes parents, entre autres, bien sûr, ont souffert, et de ce dont j'ai été témoin, sur le tard, en ce qui me concerne, à la fin des années 1970 et au début des années 1980.

Le "lyssenkisme" progressiste comporte, à mes yeux, trois dimensions :

I - d'abord, une dimension « intellectuelle », pseudo-intellectuelle ou psycho-intellectuelle :

a) l’ignorance volontaire des arguments qui prennent appui sur des documents du Magistère, qu’il s’agisse du Magistère ante-conciliaire, conciliaire, ou post-conciliaire ;

b) la volonté farouche de faire passer pour « conciliaires » des éléments de langage, des émetteurs de messages, absents des documents du Magistère, ou présents dans des documents qui s’en démarquent ou les dénoncent ; si nécessaire, on fera dire à certains documents du Saint Père ou Saint Siège à peu près le contraire de ce qu’ils veulent vraiment dire ;

c) le dédain des connaissances différentes, dissensuelles, divergentes, issues des informations historiques du passé ou de l'observation empirique du présent ;

d) le mépris des enseignements tirés de telle ou telle expérience concrète, de tel ou tel témoignage vécu, y compris en présence de la personne qui a fait cette expérience ou qui fait ce témoignage : le caractère contrariant ou dérangeant de l’expérience ou du témoignage est neutralisé grâce à une pétition de principe délégitimante ou minimisatrice ;

e) le déni le plus complet de la réalité la plus factuelle, comme le fait que le Concile ait été hier l’une des principales causes constitutives et soit aujourd’hui l’un des principaux facteurs explicatifs de la réalité de la situation intérieure de l’Eglise de l’après-Concile, y compris dans certains aspects positifs, mais orthodoxes, dont ne veulent pas, précisément, les "lyssenkistes" ;

f) la manifestation récurrente, en surface, d’une certitude ou d’une évidence purement apparente, qui constitue une instance de dissimulation indéfinie d’une réalité objective tout à fait effective : on dira par exemple que l’islam est ou n’est qu’une religion d’amour, de tolérance et de paix, et que les islamistes ne sont pas du tout, ou pas vraiment, des musulmans fidèles à Mahomet.

II - ensuite, une dimension para-hiérarchique et para-institutionnelle verticale placée sous le signe de l’autorité concurrente ou officieuse, parallèle ou souterraine, alternative à l’autorité apparente et officielle : l’autorité d’acteurs, d’idées, de réseaux de significations, de système de représentations, qui gravitent au sein ou autour de l’Eglise – institution.

Mais se posent ici les questions suivantes :

Quelle autorité est-elle donc considérée comme légitime, sinon celle

- que l’on prête a priori aux clercs, au sens large, qui font une "profession de foi" progressiste

et

- que l’on dénie par principe aux clercs, lato sensu, qui ne font pas cette "profession de foi" ?

De quel « mal » les catholiques non progressistes doivent-ils se sentir coupables ou porteurs, par quelle tare congénitale ou quelle trace indélébile sont-ils fragilisés ou handicapés, quand ils essayent de se conformer ou s’efforcent de rappeler la position officielle de l’Eglise ?

De quel « bien » les catholiques progressistes peuvent-ils se sentir comptables ou vecteurs, quand ils s’expriment ou agissent d’une manière située à distance, voire à l’opposé, de celle préconisée ou recommandée par l’Eglise ?

III - enfin, une dimension sociologique ou territoriale horizontale placée sous les signes de la dynamique et de la discipline collectives, au service de l’effet d’éviction de certains problèmes et de l’effet d’exclusion de certaines personnes qui les abordent, les évoquent, les rappellent, les soulèvent.

Eviction des problèmes et exclusion des personnes jouent à plein régime dans des mouvements ou dans des paroisses, d’où le caractère sociologique ou la composante territoriale du phénomène.

Ce n’est pas avant tout par la contradiction que le catholique non progressiste se sent déconcentré ou déconcerté, puis découragé et démotivé, c’est par son isolement, par le pressentiment, la confirmation, l’aggravation puis l’achèvement de son isolement, parce que, au cours d’une réunion au sein du mouvement ou de la paroisse concernée, il aura eu le malheur d’exprimer une réserve ou de formuler une suggestion, d’une manière qui aura été aussitôt cataloguante et disqualifiante, et, en ce sens, ostracisante et persécutrice.

Le catholique non progressiste immergé au milieu d’une paroisse progressiste aura bientôt le sentiment désagréable d’être un étranger dans sa propre paroisse, un dissident paradoxal, parce qu'il pend en compte le Magistère, et non parce qu'il n'en tient aucun compte.

Presque aucune amitié profonde, presque aucune relation durable, ne sont vraiment envisageables avec des personnes qui sont, bien sûr, elles-aussi, des catholiques, qui plus est des personnes catholiques pratiquantes, mais au contact des remarques desquelles on sent, d’abord confusément puis distinctement, comment dire, que l’on n’est pas « sur la même longueur d’ondes », que l’on n’a pas « les mêmes références ».

D'un côté, il y a une relation à la vérité objective qui est placée sous le signe de l'acceptation de la réalité et de l'approbation d'idéaux responsabilisants, de l'autre, il y a une relation à la vérité objective placée sous le signe de la contestation de la réalité et de la transformation, par contournement ou détournement, d'idéaux, responsabilisants pour soi-même, en idéaux inversés, culpabilisants pour les autres.

Bonne journée.

Scrutator.

     

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                                  Oups... pardon ! par Pétrarque  (2012-10-04 16:59:55)
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