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Deux textes de Jean-Paul II, +/- évocateurs ou illustratifs.
par Scrutator Sapientiæ 2012-07-04 23:50:35
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Rebonsoir,

Voici :

A. 1er janvier 1991 - SI TU VEUX LA PAIX, RESPECTE LA CONSCIENCE DE TOUT HOMME

" Les nombreux peuples qui forment l'unique famille humaine cherchent toujours plus fréquemment aujourd'hui la reconnaissance effective et la protection juridique de la liberté de conscience, qui est essentielle pour la liberté de tout être humain. J'ai déjà consacré deux Messages pour la Journée mondiale de la Paix à divers aspects de cette liberté qui est fondamentale pour la paix dans le monde.
En 1988, j'ai invité à réfléchir avec moi sur la liberté religieuse. La garantie du droit d'exprimer publiquement et dans tous les secteurs de la vie civile ses convictions religieuses constitue un élément indispensable de la convivialité des hommes. "La paix écrivais-je à cette occasion s'appuie fondamentalement sur la liberté et l'ouverture des consciences à la vérité". L'année suivante, j'ai poursuivi cette réflexion en proposant quelques pensées sur la nécessité de respecter les droits des minorités civiles et religieuses, "l'une des questions les plus délicates de la société contemporaine ..., car elle concerne aussi bien l'organisation de la vie sociale et civile à l'intérieur de chaque pays que la vie de la communauté internationale". Cette année, je voudrais envisager spécialement l'importance du respect de la conscience de chaque personne, en tant que fondement nécessaire de la paix dans le monde.

I. La liberté de conscience et la paix

Les événements de l'an dernier, en effet, ont conféré une nouvelle urgence à la nécessité d'entreprendre des démarches concrètes en vue d' assurer le plein respect de la liberté de conscience, tant sur le plan légal que sur le plan des relations humaines. Ces changements rapides attestent d' une manière très claire que la personne ne peut être traitée comme une sorte d'objet dirigé exclusivement par des forces échappant à son contrôle. Bien au contraire, malgré sa fragilité, elle n'est pas privée de la capacité de chercher et de connaître librement le bien, de discerner et de repousser le mal, de choisir la vérité et de s'opposer à l'erreur. En effet, en créant la personne humaine, Dieu a inscrit dans son cœur une loi que chacun peut découvrir (cf. Rm 2, 15), et la conscience est précisément la capacité de discerner et d'agir selon cette loi; la dignité de l'homme est de lui obéir.

Aucune autorité humaine n'a le droit d'intervenir dans la conscience de quiconque. La conscience est le témoin de la transcendance de la personne, même en face de la société, et, comme telle, elle est inviolable. Cependant, elle n'est pas un absolu qui serait placé au-dessus de la vérité et de l'erreur ; et même, sa nature intime suppose un rapport avec la vérité objective, universelle et égale pour tous, que tous peuvent et doivent rechercher. Dans ce rapport avec la vérité objective, la liberté de conscience trouve sa justification, en tant que condition nécessaire de la recherche de la vérité digne de l'homme et de l'adhésion à la vérité une fois qu'on l'a connue de façon appropriée. Cela suppose à son tour que tous doivent respecter la conscience de chacun et ne pas essayer d'imposer à quiconque sa propre " vérité ", restant sauf le droit de la professer sans pour autant mépriser celui qui pense autrement. La vérité ne s'impose que par elle-même. Nier à une personne la pleine liberté de conscience, et notamment la liberté de chercher la vérité, ou tenter de lui imposer une façon particulière de comprendre la vérité, cela va contre son droit le plus intime. Cela provoque également une aggravation de l' animosité et des tensions qui risquent d'entraîner des rapports difficiles et hostiles à l'intérieur de la société ou même un conflit ouvert. En somme, c'est au niveau de la conscience que se pose, et que peut être plus facilement abordée, la question d'assurer une paix solide et durable.

II. La vérité absolue se trouve en Dieu seul

La garantie de l'existence de la vérité objective repose en Dieu, Vérité absolue, et la recherche de la vérité s'identifie, sur le plan objectif, à la recherche de Dieu. Cela suffirait à montrer le rapport intime qui existe entre liberté de conscience et liberté religieuse. Ainsi s'explique par ailleurs le fait que la négation systématique de Dieu et l'institution d'un régime dont cette négation serait un élément constitutif sont diamétralement opposées à la liberté de conscience, comme aussi à la liberté de religion. Au contraire, celui qui reconnaît le rapport entre la vérité ultime et Dieu même reconnaîtra aussi aux non-croyants non seulement le devoir mais le droit à la recherche de la vérité, qui pourra les amener à la découverte du Mystère divin et à son humble acceptation.

III. Formation de la conscience

Tout individu a le grave devoir de se former la conscience à la lumière de la vérité objective, dont la connaissance n'est refusée à personne et ne peut être empêchée par personne. Revendiquer pour soi-même le droit d'agir selon sa conscience sans reconnaître en même temps le devoir de chercher à la conformer à la vérité et à la loi inscrite dans nos cœurs par Dieu lui-même signifie en réalité faire prévaloir son point de vue limité. Cela est bien loin de constituer une contribution valable à la cause de la paix dans le monde. La vérité doit au contraire être poursuivie passionnément et vécue au mieux des capacités de chacun. Cette recherche sincère de la vérité conduit non seulement à respecter la recherche des autres mais aussi à désirer chercher ensemble.

Dans la tâche capitale de formation de la conscience, la famille a un rôle de première importance. C'est un grave devoir pour les parents que d'aider leurs enfants, dès leur plus jeune âge, à chercher la vérité et à vivre conformément à elle, à chercher le bien et à le promouvoir.

L'école, où l'enfant et le jeune entrent en contact avec un monde plus vaste et souvent différent du milieu familial, est fondamentale, elle aussi, pour la formation de la conscience. En effet, l'éducation n'est jamais moralement indifférente, même quand elle tente de proclamer sa " neutralité " en matière d' éthique et de religion. La façon dont les enfants et les jeunes sont formés et éduqués reflète nécessairement certaines valeurs, qui influencent la manière dont ils sont portés à comprendre les autres et la société entière. Conformément à la nature et à la dignité de la personne humaine ainsi qu'à la loi de Dieu, on doit donc aider les jeunes, au cours de leurs années d'études, à discerner et à chercher la vérité, à accepter les exigences et les limites de la vraie liberté, à respecter le droit analogue des autres.

La formation de la conscience est compromise s'il manque une profonde éducation religieuse. Comment un jeune peut-il comprendre pleinement les exigences de la dignité humaine sans se référer à la source de cette dignité, à Dieu créateur ? A cet égard, le rôle de la famille, de l'Eglise catholique, des Communautés chrétiennes et des autres institutions religieuses demeure primordial, et l'Etat, conformément aux normes et aux Déclarations internationales, doit garantir et favoriser leurs droits dans ce domaine. A leur tour, la famille et les Communautés religieuses doivent confirmer et approfondir toujours davantage leur engagement en faveur de la personne humaine et de ses valeurs objectives.

Parmi beaucoup d'autres institutions et organismes qui exercent un rôle spécifique dans la formation de la conscience, il convient de rappeler aussi les moyens de communication sociale. Dans notre monde de communication rapide, les médias peuvent jouer un rôle extrêmement important, et même essentiel, dans la promotion de la recherche de la vérité en évitant de présenter seulement les intérêts limités de telle ou telle personne, de tel ou tel groupe, de telle ou telle idéologie. Ces moyens constituent souvent la source unique d'information pour un nombre toujours plus grand de personnes. Combien doivent-ils donc être utilisés de façon responsable au service de la vérité !

IV. L'intolérance: une sérieuse menace pour la paix

L'intolérance, qui se manifeste par le refus de la liberté de conscience des autres, constitue une sérieuse menace pour la paix. Par les vicissitudes de l'histoire, nous avons appris avec tristesse à quels excès elle peut conduire.

L'intolérance peut s'insinuer dans tous les aspects de la vie sociale, se traduisant par la marginalisation ou l'oppression des personnes et des minorités qui essaient de suivre leur conscience en ce qui concerne leurs légitimes façons de vivre. Dans la vie publique, l'intolérance ne laisse aucune place à la pluralité des choix politiques ou sociaux, imposant ainsi à tous une vision uniforme de l'organisation civile et culturelle.

Pour ce qui est de l'intolérance religieuse, on ne peut nier que, malgré l'enseignement constant de l'Eglise catholique selon lequel personne ne peut être amené par contrainte à la foi, bien des difficultés et même des conflits sont nés au cours des siècles entre les chrétiens et les membres d'autres religions. Le deuxième Concile du Vatican l'a reconnu formellement, affirmant qu'il y a eu parfois "dans la vie du peuple de Dieu, cheminant à travers les vicissitudes de l'histoire humaine, des manières d'agir moins conformes, bien plus même contraires à l'esprit évangélique ".

Il reste beaucoup à faire, aujourd'hui encore, pour surmonter l'intolérance religieuse, qui est étroitement liée, en différentes parties du monde, à l'oppression des minorités. Nous sommes malheureusement témoins de tentatives pour imposer à d'autres des convictions religieuses particulières, que ce soit directement, par un prosélytisme qui recourt à des moyens proprement coercitifs, ou indirectement, par la négation de certains droits civils ou politiques. On arrive à des situations très délicates lorsqu'une norme spécifiquement religieuse devient, ou tend à devenir, loi de l'Etat sans que l'on tienne compte comme on le devrait de la distinction entre les compétences de la religion et celles de la société politique. Identifier loi religieuse et loi civile peut effectivement étouffer la liberté religieuse et aller jusqu'à limiter ou nier d'autres droits inaliénables de l'homme. Je voudrais redire à cet égard ce que j' affirmais dans le Message pour la Journée de la Paix 1988 : " Même lorsqu'un Etat accorde à une religion déterminée une position juridique particulière, il se doit de reconnaître légalement et de respecter effectivement le droit à la liberté de conscience de tous les citoyens, comme aussi des étrangers qui résident sur son territoire, même temporairement, pour des raisons professionnelles ou autres". Cela vaut également pour les droits civils et politiques des minorités et pour les situations où un laïcisme exaspéré, au nom du respect de la conscience, fait concrètement obstacle au droit des croyants d'exprimer publiquement leur foi.

L'intolérance peut aussi être le fruit d'un certain fondamentalisme. Celui-ci constitue une tentation qui revient sans cesse. Il peut facilement entraîner de graves abus comme la suppression radicale de toute manifestation publique de différence ou même le refus de la liberté d'expression comme telle. Le fondamentalisme peut lui aussi mener à l'exclusion de l'autre dans la vie civile ou, dans le domaine religieux, à des mesures coercitives de "conversion". Quelque passion que l'on puisse avoir pour la vérité de sa religion, cela ne donne à personne ou à aucun groupe le droit de chercher à réprimer la liberté de conscience de ceux qui ont d' autres convictions religieuses ou de les pousser à fausser leur conscience en leur offrant ou leur refusant tels ou tels privilèges ou droits sociaux s'ils changent de religion. Dans d'autres cas, on en vient à empêcher les personnes, même par l' application de sévères mesures pénales, de choisir librement une religion différente de celle à laquelle elles appartiennent à un moment donné. Il est évident que de telles manifestations d'intolérance ne favorisent pas la paix dans le monde.

Pour éliminer les effets de l'intolérance, il ne suffit pas de "protéger" les minorités ethniques ou religieuses, en les réduisant ainsi à la catégorie de mineurs civils ou d'individus sous tutelle de l'Etat. Cela pourrait aboutir à une forme de discrimination qui ralentirait ou même empêcherait le développement d'une société harmonieuse et pacifique. Il faut plutôt reconnaître et garantir le droit inaliénable de suivre sa conscience ainsi que de professer et de pratiquer sa foi, seul ou en communauté, toujours à condition que les exigences de l'ordre public ne soient pas violées.
Paradoxalement, ceux qui ont été auparavant victimes de diverses formes d'intolérance peuvent courir le risque de créer à leur tour de nouvelles situations d'intolérance. La fin de longues périodes de répression dans certaines parties du monde, pendant lesquelles on n'a pas respecté la conscience de chacun et on a étouffé ce qu'il y avait de plus précieux pour la personne, ne doit pas se transformer en occasion d'instaurer de nouvelles formes d'intolérance, quelque difficile que puisse être la réconciliation avec l'ancien oppresseur.

La liberté de conscience correctement conçue est par nature toujours ordonnée à la vérité. C'est pourquoi elle conduit non à l'intolérance mais à la tolérance et à la réconciliation. Cette tolérance n'est pas une vertu passive car elle a ses racines dans un amour actif et elle tend à se transformer et à devenir un effort positif pour assurer la liberté et la paix à tous.

V. La liberté religieuse: une force pour la paix

L'importance de la liberté religieuse m'amène à redire que le droit à la liberté religieuse n'est pas simplement un droit parmi d'autres; "ce droit est même le plus fondamental car la dignité de toute personne a sa première source dans sa relation essentielle avec Dieu Créateur et Père, à l'image et à la ressemblance de qui elle a été créée parce qu'elle est douée d'intelligence et de liberté". "La liberté religieuse, qui est une exigence inaliénable de la dignité de tout homme, est une pierre angulaire dans I'édifice des droits humains" et elle est donc l'expression la plus profonde de la liberté de conscience.
On ne peut nier que le droit à la liberté religieuse concerne l'identité même de la personne. L'un des aspects les plus significatifs qui caractérisent le monde d'aujourd'hui est le rôle de la religion dans le réveil des peuples et dans la recherche de la liberté. Dans nombre de cas, c' est la foi religieuse qui a conservé intacte et qui a même renforcé l'identité de peuples entiers. Dans les pays où la religion a été entravée ou même persécutée parce qu'on cherchait à la reléguer parmi les phénomènes du passé maintenant périmés, elle est apparue à nouveau comme une puissante force de libération.

La foi religieuse est si importante pour les peuples et pour les individus que, dans bien des cas, on est prêt à n'importe quel sacrifice pour la sauvegarder. En effet, toute tentative de répression ou de suppression de ce qu'une personne a de plus cher risque d'entraîner une rébellion ouverte ou latente.

VI. La nécessité d'un ordre légal juste

Malgré les différentes Déclarations qui, au niveau national ou international, proclament le droit à la liberté de conscience et de religion, il y a encore trop de tentatives de répression religieuse. Si elles ne sont pas accompagnées de garantie juridique grâce à des instruments appropriés, ces Déclarations sont trop souvent destinées à rester lettre morte. Il faut donc apprécier les efforts renouvelés que l'on fait actuellement pour donner plus de vigueur au régime légal existant par la création d'instruments nouveaux et efficaces, aptes à consolider la liberté religieuse. Cette pleine protection légale doit réellement exclure toute coercition religieuse, en tant que sérieux obstacle à la paix. Au contraire, "cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience ni empêché d'agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres".

L'heure historique que nous vivons rend plus urgent le renforcement des instruments juridiques aptes à promouvoir la liberté de conscience même dans le domaine politique et social. A cet égard, le développement progressif et continu d'un régime légal reconnu sur le plan international pourra constituer l'un des fondements les plus sûrs pour la paix et pour le juste progrès de la famille humaine. En même temps, il est essentiel que soient entrepris des efforts parallèles, au niveau national et aussi au niveau régional, pour faire en sorte que toutes les personnes, où qu'elles demeurent, soient protégées par des normes légales reconnues sur le plan international.

L'Etat a l'obligation de reconnaître la liberté fondamentale de conscience et aussi de la promouvoir, mais toujours à la lumière de la loi morale naturelle et des exigences du bien commun, ainsi que dans le respect de la dignité de tout homme. Il convient de rappeler à ce sujet que la liberté de conscience ne donne pas droit à un exercice aveugle de l'objection de conscience. Quand une prétendue liberté se transforme en licence ou en prétexte pour limiter les droits d' autrui, l'Etat est obligé de protéger, même légalement, les droits inaliénables de ses citoyens contre de tels abus.

Je voudrais adresser un appel spécial et pressant à ceux qui ont des responsabilités publiques - qu'ils soient chefs d' Etat ou de gouvernement, législateurs, magistrats ou autres - afin qu'ils garantissent par tous les moyens nécessaires une authentique liberté de conscience à tous ceux qui résident dans le cadre de leur juridiction, avec une attention particulière pour les droits des minorités. C'est là une question de justice, et de plus cela sert à promouvoir le développement d'une société pacifique et harmonieuse. Enfin, il semble quasiment superflu de réaffirmer que les Etats ont la stricte obligation morale et légale d'observer les accords internationaux qu'ils ont souscrits.

VII. Une société et un monde pluralistes

L'existence de normes internationales reconnues n'exclut pas qu'il puisse exister certains régimes ou systèmes de gouvernement correspondant à une réalité socio-culturelle spécifique. Toutefois, ces régimes doivent garantir une pleine liberté de conscience à tout citoyen, et en aucune manière ils ne peuvent être un prétexte pour refuser ou restreindre les droits universellement reconnus.

Cela est d'autant plus vrai que, dans le monde d'aujourd'hui, il est bien rare que la population entière d'un pays appartienne à une même conviction religieuse, à une même ethnie ou à une même culture. Les migrations de masse et les mouvements de populations sont en train de créer une société multi-culturelle et multi-religieuse dans différentes parties du monde. Dans un tel contexte, le respect de la conscience de tous revêt une nouvelle urgence et présente de nouveaux défis à la société dans ses divers secteurs et structures, ainsi qu' aux législateurs et aux gouvernants .

Comment doit-on, dans un pays, respecter les différentes traditions, les coutumes et les manières de vivre, les devoirs religieux, tout en maintenant l'intégrité de la culture propre ? Comment une culture socialement dominante doit-elle accueillir et intégrer les nouveaux éléments sans perdre son identité et sans créer des frictions ? On peut trouver la réponse à ces questions difficiles dans une éducation attentive au respect de la conscience d'autrui, avec des moyens tels que la connaissance d'autres cultures et d'autres religions et une compréhension équilibrée des diversités existantes. Y a-t-il un meilleur moyen d'assurer l'unité dans la diversité que l'engagement de tous dans la recherche commune de la paix et dans l'affirmation commune de la liberté qui éclaire et valorise la conscience de chacun ? Il est également souhaitable, pour une saine convivialité civile, que les différentes cultures présentes se respectent et s'enrichissent mutuellement. Un véritable effort d'inculturation favorise aussi la compréhension réciproque entre les religions.

Dans le cadre de cette compréhension, on a fait beaucoup ces dernières années pour promouvoir une collaboration active face aux tâches auxquelles l'humanité est affrontée en commun sur la base des nombreuses valeurs que les grandes religions ont en commun. Je désire encourager cette collaboration partout où elle est possible, ainsi que les dialogues officiels qui sont en cours entre les représentants des grands groupes religieux. Dans ce domaine, le Saint-Siège a un organisme - le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux - qui a pour fin spécifique de promouvoir le dialogue et la collaboration avec les autres religions, mais toujours dans la fidélité absolue à l'identité catholique et dans le plein respect de celle d'autrui.

La collaboration aussi bien que le dialogue interreligieux, lorsqu'ils se font avec confiance, respect et sincérité, représentent une contribution à la paix. "L'homme a besoin de développer son esprit et sa conscience. C'est souvent ce qui manque à l'homme d'aujourd'hui. L'oubli des valeurs et la crise d'identité que traverse notre monde nous obligent à un dépassement et à un effort renouvelé de recherche et d'interrogation. La lumière intérieure qui naîtra ainsi dans notre conscience permettra de donner sens au développement, de l'orienter vers le bien de l'homme, de tout homme et de tous les hommes, selon le plan de Dieu". Cette recherche commune, à la lumière de la loi de la conscience et des préceptes de sa propre religion, en se confrontant aussi avec les causes des injustices sociales et des guerres actuelles, établira une base solide pour la collaboration dans la recherche des solutions nécessaires.

L'Eglise catholique s'est volontiers employée à encourager toute forme de collaboration loyale, en vue de la promotion de la paix. Elle continuera surtout à apporter sa contribution spécifique à cette collaboration, en éduquant la conscience de ses membres à l'ouverture aux autres, au respect de l'autre, à une tolérance qui va de pair avec la recherche de la vérité, à la solidarité.

VIII. La conscience et le chrétien

Tenus de suivre leur conscience dans la recherche de la vérité, les disciples de Jésus Christ savent que l'on ne doit pas se fier uniquement à sa propre capacité de discernement moral. La Révélation éclaire leur conscience et leur fait connaître le grand don de Dieu à l'homme : la liberté. Dieu n' a pas seulement inscrit la loi naturelle au cœur de chacun, en ce "centre le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu", mais il a révélé sa propre loi dans l'Ecriture. On y trouve l'invitation ou, mieux, le précepte d'aimer Dieu et d'observer sa loi.

Il nous a fait connaître sa volonté. Il nous a révélé ses commandements, nous proposant "vie et bonheur, mort et malheur", et il nous appelle à "choisir la vie..., en aimant le Seigneur notre Dieu, en écoutant sa voix et en nous attachant à lui, car là est notre vie ainsi que la longue durée de notre séjour sur la terre...". Dans la plénitude de son amour, il respecte le libre choix de la personne quant aux valeurs suprêmes qu'elle recherche, et de cette façon il révèle son total respect pour le don précieux de la liberté de la conscience. En sont témoins ses lois mêmes, qui sont l'expression accomplie de sa volonté et de son incompatibilité absolue avec le mal moral, et par lesquelles il veut justement orienter la recherche de la fin dernière, car ces lois tendent à favoriser l'exercice de la liberté et non à l'empêcher.

Mais Dieu ne s'est pas contenté de manifester son grand amour pour la création et pour l'homme. Il "a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle... Celui qui fait la vérité vient à la lumière, afin que soit manifesté que ses œuvres sont faites en Dieu". Le Fils n'a pas hésité à proclamer qu'il est la Vérité et à nous assurer que cette Vérité nous libérerait.

Dans la recherche de la vérité, le chrétien se tourne vers la révélation divine, qui est présente dans le Christ en toute sa plénitude. Le Christ a confié à l'Eglise la mission d' annoncer cette vérité, et l'Eglise a le devoir d'y être fidèle. Mon devoir le plus grave, comme successeur de Pierre, est précisément d'assurer la constance de cette fidélité en confirmant mes frères et sœurs dans la foi.
Plus que tout autre, le chrétien doit se sentir obligé de conformer sa conscience à la vérité. Face à la splendeur du don gratuit de la révélation de Dieu dans le Christ, avec quelle humilité et quelle attention il doit être à l'écoute de la voix de sa conscience ! Combien il doit se méfier de sa lumière limitée, combien il doit être prompt à apprendre et lent à condamner ! S'ériger en norme de la vérité est une des tentations qui reviennent en tout temps, même chez les chrétiens. A une époque imprégnée d'individualisme, cette tentation peut revêtir toutes sortes d'expressions. La caractéristique de celui qui est dans la vérité est au contraire d'aimer humblement. C' est ce qu' enseigne la Parole divine: la vérité se fait dans la charité.

Par la vérité même que nous professons, nous sommes donc appelés à promouvoir l'unité et non la division, la réconciliation et non la haine ou l'intolérance. La gratuité de notre accession à la vérité nous confère la précieuse responsabilité de ne proclamer que la vérité qui mène à la liberté et à la paix pour tous : la Vérité incarnée en Jésus Christ.

Au terme de ce Message, j'invite tous les hommes à bien réfléchir à la nécessité de respecter la conscience de chacun dans son propre milieu et à la lumière de ses responsabilités spécifiques. Dans tous les domaines de la vie sociale, culturelle et politique, le respect de la liberté de conscience, ordonnée à la vérité, trouve des applications variées, importantes et immédiates. En cherchant ensemble la vérité, dans le respect de la conscience des autres, nous pourrons progresser sur les voies de la liberté qui s'ouvrent sur la paix, selon le dessein de Dieu. "

B. 1er janvier 1992 - CROYANTS : TOUS UNIS DANS LA CONSTRUCTION DE LA PAIX

" l. Le premier janvier prochain sera célébrée, comme il est d'usage, l'annuelle Journée mondiale de la paix. Vingt-cinq années se seront écoulées depuis son institution ; il est bien naturel qu' en cet anniversaire ma pensée se tourne avec une admiration et une gratitude indéfectibles vers la figure de mon vénéré et bien-aimé prédécesseur Paul VI qui, dans une heureuse intuition pastorale et pédagogique, voulut inviter tous " les véritables amis de la paix " à s'unir pour réfléchir sur ce " bien primordial " de l'humanité .

Mais il est également naturel, avec le recul d'un quart de siècle, de considérer le passé, dans son ensemble, pour vérifier si la cause de la paix a véritablement progressé ou si, au contraire, les douloureux événements de ces derniers mois - certains étant toujours en cours, malheureusement - en ont marqué un recul considérable, montrant combien est réel le danger que la raison humaine se laisse dominer par des égoïsmes destructeurs ou par des haines invétérées. Dans le même temps, l'affermissement progressif des nouvelles démocraties a redonné espoir à des peuples entiers, ravivant leur confiance en un dialogue international plus fécond et ouvrant la perspective d'une pacification souhaitée.

Dans un tel contexte d'ombres et de lumières, ce Message annuel ne veut être ni un bilan ni un procès, mais seulement une nouvelle et fraternelle invitation à réfléchir aux situations humaines actuelles pour les considérer au niveau d'une conception éthico-religieuse dont les croyants doivent être les premiers à s'inspirer. En raison de leur foi, ils sont particulièrement appelés - individuellement et tous ensemble à être des messagers et des bâtisseurs de paix : comme les autres, et plus que les autres, ils sont appelés à rechercher, avec humilité et persévérance, les réponses adéquates aux attentes de sécurité et de liberté, de solidarité et de partage, qui rapprochent les hommes, en ce monde devenu en quelque sorte plus petit. Certes, l'engagement en faveur de la paix concerne toute personne de bonne volonté et c'est pourquoi les Messages successifs ont été adressés à tous les membres de la famille humaine. Néanmoins, le devoir s'impose avec urgence à ceux qui professent la foi en Dieu, et plus encore aux chrétiens, qui ont comme guide et maître le " Prince de la paix " (Is 9, 5).

La nature morale et religieuse de la paix

2. L'aspiration à la paix est inhérente à la nature humaine et on la retrouve dans les différentes religions. Elle s'exprime par le désir d'ordre et de sérénité, par une attitude de disponibilité à l'égard d'autrui, dans la collaboration et la coparticipation fondées sur le respect mutuel. Ces valeurs, inspirées par la loi naturelle et reprises à leur compte par les religions, exigent pour se développer l'apport solidaire de tous : des hommes politiques, des dirigeants des Organismes internationaux, des chefs d'entreprise et des ouvriers, des associations et des simples citoyens. Pour tous, il s'agit réellement d'un devoir qui oblige encore plus si l'on est croyant: témoigner de la paix, pour elle œuvrer et prier relève d'un comportement religieux cohérent.

Cela explique aussi pourquoi, dans les Livres sacrés des différentes religions, la référence à la paix occupe une place considérable dans le cadre de la vie de l'homme et de ses rapports avec Dieu. Ainsi, par exemple, si pour nous chrétiens, Jésus Christ, Fils de Celui qui a des "desseins de paix et non de malheur" (Jr 29, 11 ), est "notre paix" (Ep 2, 14), pour nos frères juifs, le mot "shalom" exprime une bénédiction et un souhait pour un état d'harmonie de l'homme avec lui-même, avec la nature et avec Dieu, tandis que pour les fidèles musulmans, le terme "salam" est si important qu'il constitue un des merveilleux noms divins. On peut dire qu'une vie religieuse, si elle est authentiquement vécue, ne peut pas ne pas produire des fruits de paix et de fraternité, car il est dans la nature de la religion de promouvoir un lien toujours plus étroit avec la divinité et de favoriser un rapport toujours plus solidaire entre les hommes.

Raviver l'"esprit d'Assise"

3. Convaincu de cette convergence au sujet d'une telle valeur, il y a cinq ans, je me suis adressé aux responsables des Eglises chrétiennes et des grandes religions du monde pour les inviter à une rencontre spéciale de prière pour la paix, qui fut célébrée à Assise. Le souvenir de cet événement important m'a suggéré d'attirer à nouveau l'attention sur le thème de la solidarité des croyants pour la même cause.

A Assise, venant des différents continents, les chefs spirituels des principales religions se sont rassemblés : ce fut là un témoignage tangible de la dimension universelle de la paix, confirmant qu'elle n'est pas seulement le résultat d'habiles négociations politico-diplomatiques ou de compromis économiques intéressés mais qu'elle dépend fondamentalement de Celui qui connaît le cœur des hommes, qui oriente et dirige leurs pas. Comme personnes préoccupées par le destin de l'humanité, ensemble nous avons jeûné, entendant exprimer par là notre compréhension et notre solidarité envers des millions et des millions d'êtres humains qui sont victimes de la faim de par le monde. Comme croyants qui ont à cœur le devenir de l'histoire humaine, ensemble nous nous sommes mis en pèlerinage, méditant en silence sur notre origine commune et sur notre destin commun, sur nos limites et nos responsabilités, sur les appels et les attentes de tant de frères et de sœurs qui espèrent notre aide dans leurs difficultés.

Ce que nous avons fait alors en priant et en montrant notre engagement résolu en faveur de la paix sur la terre, nous devons continuer de le faire. Nous devons maintenir vivant l'authentique "esprit d'Assise" non seulement par devoir de cohérence et de fidélité, mais encore pour offrir aux générations futures une raison d'espérer. Dans la ville du "Poverello", nous avons inauguré un chemin commun qui doit se poursuivre, sans exclure évidemment la recherche d'autres voies et de nouveaux moyens pour une paix solide, édifiée sur des fondements spirituels.

La force de la prière

4. Cependant, avant de faire appel aux ressources humaines, je veux réaffirmer la nécessité d'une prière intense et humble, confiante et persévérante, si l'on veut que le monde devienne finalement une demeure de paix: la prière est la force nécessaire pour l'implorer et pour l'obtenir. Elle encourage et soutient celui qui aime et veut promouvoir ce bien selon ses possibilités dans les divers lieux où il lui est donné de vivre. Tandis qu'elle ouvre à la rencontre avec le Très-Haut, elle prépare aussi à la rencontre avec le prochain, aidant à établir avec tous, sans aucune discrimination, des relations de respect, de compréhension, d'estime et d'amour.

Non seulement le sentiment religieux et l'esprit d'oraison font grandir en nous l'intériorité, mais ils nous éclairent aussi quant au vrai sens de notre présence au monde. On peut même dire que la dimension religieuse nous pousse à apporter, avec plus d' ardeur, notre contribution à la construction d'une société ordonnée où règne la paix.

La prière est le lien qui nous unit plus efficacement car, grâce à elle, les croyants se rencontrent là où les différences, les incompréhensions, les rancœurs et l'hostilité sont dépassées, à savoir devant Dieu, Seigneur et Père de tous. En tant qu'elle exprime authentiquement un juste rapport avec Dieu et avec les autres, elle est déjà un apport positif à la paix.

Le dialogue œcuménique et les rapports interreligieux

5. La prière ne peut rester l'unique moyen. Elle doit être accompagnée d'autres gestes concrets. Chaque religion a sa propre conception des actes à accomplir et des chemins à parcourir pour parvenir à la paix. L'Eglise catholique, tout en affirmant clairement son identité, sa doctrine et sa mission salvifique auprès de tous les hommes, "ne rejette rien de ce qui est vrai et saint" dans les autres religions ; "elle considère avec un respect sincère ces manières d'agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu'elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu'elle tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes" (Déclaration Nostra aetate, n. 2).

En vue de promouvoir la paix, sans ignorer ni minimiser les différences, l'Eglise est convaincue qu'il y a des éléments ou des aspects qui peuvent être utilement développés et réalisés en commun avec les membres des autres croyances et des autres confessions. Vers cet objectif tendent les contacts interreligieux et, de façon toute spéciale, le dialogue œcuménique. Grâce à ces formes de confrontation et d'échange, les religions ont pu prendre une conscience plus claire de leurs propres responsabilités non négligeables quant au vrai bien de l'humanité entière. Aujourd'hui, elles apparaissent plus fermement déterminées à ne pas devenir des instruments au service d'intérêts particuliers ou de fins politiques ; elles tendent à rechercher un comportement plus conscient et plus audacieux dans leur participation aux réalités sociales et culturelles de la communauté des nations.
Cela leur permet d'être une force active dans le processus de développement et d'offrir ainsi une espérance certaine à l'humanité. En de nombreuses circonstances, il est apparu évident que leur action aurait été plus efficace si elle avait été accomplie d'un commun accord et de manière coordonnée. Une telle attitude des croyants peut être déterminante pour la pacification des peuples et le dépassement des divisions qui subsistent encore entre les "zones" et les "mondes".

Le chemin à parcourir

6. Dans le but d'atteindre une active collaboration pour la cause de la paix, il reste encore un long chemin : chemin de la connaissance mutuelle, aujourd'hui favorisée par le développement des moyens de communication sociale et facilitée par l'établissement d'un dialogue loyal de plus en plus étendu; chemin d'un pardon généreux, d'une réconciliation fraternelle, ainsi que de la collaboration dans des secteurs particuliers ou secondaires, mais ayant toujours trait à la même cause; chemin, enfin, de la convivialité quotidienne dans la conjugaison des efforts et des sacrifices pour atteindre le même objectif. Sur ce chemin, il revient aux croyants, c'est-à-dire aux personnes qui professent une religion, avant même qu'à leurs responsables, d'en supporter le poids et, en même temps, d'avoir la joie de construire ensemble la paix.

Avec le dialogue oecuménique, les contacts interreligieux semblent désormais une voie obligée pour que les nombreux et douloureux déchirements survenus au cours des siècles ne se reproduisent plus et que les blessures qui demeurent soient bientôt guéries. Celui qui croit doit être artisan de paix, avant tout par l'exemple personnel d'une attitude intérieure parfaitement droite, attitude qui se traduit par des actions et par des comportements cohérents: la sérénité, l'équilibre, le dépassement des instincts, des gestes de compréhension, de pardon, de don de soi généreux exercent une influence pacificatrice entre les personnes au sein de leur milieu et de leur communauté religieuse ou civile.

Précisément pour cela, lors de la prochaine Journée, j'invite tous les croyants à accomplir un sérieux examen de conscience, afin d'être mieux disposés à écouter la voix du "Dieu de paix" (cf. 1 Co 14, 33) et de se consacrer avec une confiance renouvelée à cette grande entreprise. Je suis bien convaincu que les croyants - et aussi, je l'espère, les hommes de bonne volonté - accueilleront cet appel que je renouvelle avec une insistance inspirée par la gravité de l'heure.

Construire ensemble la paix dans la justice

7. La prière et l'action commune des croyants en faveur de la paix doivent répondre aux problèmes et aux aspirations légitimes des personnes et des peuples.

La paix est un bien fondamental qui comporte le respect et la promotion des valeurs essentielles de l'homme : le droit à la vie dans toutes les étapes de son développement, le droit à la considération indépendamment de la race, du sexe et des convictions religieuses, le droit aux biens matériels nécessaires à la vie, le droit au travail et à la juste répartition de ses fruits pour une convivialité solidaire. Comme hommes, comme croyants et encore plus comme chrétiens, nous devons nous sentir engagés à vivre ces valeurs de justice qui trouvent leur couronnement dans le précepte suprême de la charité : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Mt 22, 39).

Encore une fois, je rappelle que le respect rigoureux de la liberté religieuse et du droit correspondant est le principe et le fondement d'une convivialité pacifique. Je souhaite qu'il soit un engagement non seulement affirmé, mais concrètement mis en oeuvre par les chefs politiques et religieux et par les croyants eux-mêmes ; c'est en fonction de ce respect de la liberté religieuse que la dimension transcendante de la personne humaine est pleinement manifestée.

Si les religions ou des groupes de leurs disciples se laissaient aller à une sorte de fondamentalisme et de fanatisme dans l'interprétation et la pratique de leurs fois respectives en justifiant par des motifs religieux les luttes et les conflits avec autrui, ce serait aberrant. S'il y a une lutte digne de l'homme, elle est contre le désordre de ses passions, contre toutes les formes d'égoïsme, contre les tentatives d'asservissement du prochain, contre toutes sortes de haine et de violence. En un mot, elle est lutte contre tout ce qui est l'opposé exact de la paix et de la réconciliation.

La nécessité du soutien des responsables des Nations

8. J'exhorte, enfin, les responsables des nations et de la Communauté internationale à montrer toujours le plus grand respect pour la conscience religieuse de chaque homme et pour la contribution qualifiée de la religion au progrès de la civilisation et au développement des peuples. Ils ne devront pas céder à la tentation de se servir des religions comme d'un instrument au service de leur propre pouvoir, spécialement quand il s'agit de s' opposer militairement à l' adversaire.

Les autorités civiles et politiques elles-mêmes devront assurer aux religions respect et garanties juridiques - au niveau national et international -, évitant ainsi que leur contribution à la construction de la paix soit anéantie, reléguée dans le domaine du privé ou tout simplement ignorée.

De nouveau, j'exhorte les Autorités publiques à œuvrer, avec un sens aigu de leurs responsabilités, pour prévenir guerres et conflits, pour faire triompher le droit et la justice et pour favoriser en même temps un développement qui rejaillisse au bénéfice de tous et, en premier lieu, de ceux qui sont entravés par les chaînes de la misère, de la faim et de la souffrance. Dans la réduction des armements, les progrès déjà obtenus sont appréciables; les ressources économiques et financières, jusqu'alors employées à la production et au commerce de tant d'instruments de mort, pourront être utilisées en faveur de l'homme et non plus contre l'homme ! Je suis certain que des millions d'hommes et de femmes qui, de par le monde, n'ont pas le moyen de faire entendre leur voix partagent ce jugement positif.

Une parole spéciale pour les chrétiens

9. Je ne peux omettre, ici, un appel particulier adressé à tous les chrétiens. La foi commune au Christ Seigneur nous engage à rendre un témoignage concordant à "l'Evangile de la paix" (Ep 6, 15). Il nous revient, en premier lieu, de nous tourner vers les autres croyants pour entreprendre conjointement, avec courage et persévérance, l'œuvre immense de l'édification de la paix que le monde désire mais qu'en définitive il ne peut se donner. "Je vous laisse la paix; c'est ma paix que je vous donne", nous a dit Jésus (Jn 14, 27). Cette promesse divine nous donne l'espérance, bien plus la certitude de l'espérance divine, que la paix est possible parce que rien n' est impossible à Dieu (cf. Lc 1, 37). La paix véritable est toujours un don de Dieu et pour nous, chrétiens, elle est don précieux du Seigneur ressuscité (cf. Jn 20, 19. 26).

Aux grands défis du monde contemporain, chers frères et sœurs de l'Eglise catholique, il convient de répondre en unissant nos forces avec ceux qui partagent avec nous des valeurs essentielles, à commencer par les valeurs d'ordre moral et religieux. Et parmi ces défis, il faut faire face à celui de la paix. La construire ensemble, avec les autres croyants, c'est déjà vivre dans l'esprit de cette béatitude évangélique: "Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu" (Mt 5, 9). "

Bonne nuit.

Scrutator.

     

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 Importante interview de mgr Di Noia sur la FSSPX par Jean Kinzler  (2012-07-04 20:35:33)
      C'est en effet très révélateur par Philippilus  (2012-07-04 21:15:04)
          Il faut en effet bien comprendre par Jean-Paul PARFU  (2012-07-04 21:23:12)
              Et dès lors, la FSSPX par Jean-Paul PARFU  (2012-07-04 21:28:38)
                  Deux autres "défauts" de la FSSPX, liés non à l'histoire, mais à l [...] par Scrutator Sapientiæ  (2012-07-04 23:12:28)
                      Deux textes de Jean-Paul II, +/- évocateurs ou illustratifs. par Scrutator Sapientiæ  (2012-07-04 23:50:35)
                          Pendant que je vous tiens... par Paterculus  (2012-07-05 23:16:24)
          Abolie ? par Elzéar  (2012-07-04 21:24:38)
              Non plus ! par Jéhu  (2012-07-04 21:29:44)
              l'Ancienne Alliance est caduque par Jean-Paul PARFU  (2012-07-04 21:38:06)
                  Merci de vos éclaircissements par Elzéar  (2012-07-04 21:45:24)
                      Question pertinente Elzéar ! par Jean-Paul PARFU  (2012-07-04 22:06:32)
                          Merci Monsieur Parfu par Elzéar  (2012-07-07 22:39:11)
          Mathieu 5-17 par Anton  (2012-07-04 22:04:05)
              Mon expression est en effet inexacte par Philippilus  (2012-07-04 23:23:13)
      Ca tourne au ridicule par Justin Petipeu  (2012-07-04 22:14:07)
      Pathétique... par Chouan  (2012-07-04 22:35:33)
          quelle est donc la mission de Mgr di Noia ? par Luc Perrin  (2012-07-04 23:35:18)
              Le parti antilefebvrien à Rome croit avoir tout son temps devant lui par Presbu  (2012-07-05 12:22:30)
          Je partage votre avis. par Antoine  (2012-07-05 06:09:28)
              Le secret par PLC  (2012-07-05 07:31:01)
                  Secret ? par Antoine  (2012-07-05 08:28:22)
                      en deux phrases, vous visez l'essentiel par Luc Perrin  (2012-07-05 13:09:22)
                          Ben justement par Thierry  (2012-07-05 13:42:11)
                              oui protestation de nombreux prélats par Luc Perrin  (2012-07-05 18:40:11)
                          Un peu de réalisme ? L'accord est mort ! par John DALY  (2012-07-05 17:48:38)
                              Vous allez vite en besogne ! par M  (2012-07-05 18:27:43)
                                  ne pas oublier qu'ils sont .... par Luc Perrin  (2012-07-05 18:56:13)
                                      D'accord avec vous ! par M  (2012-07-05 19:41:34)
                              Les requins sédévac... par New Catholic  (2012-07-06 12:10:57)
                              Bien justement tout pourrait aller pour le mieux par Anton  (2012-07-06 12:56:35)
                              Dalyda ou l'information vide ! par Eleazard77  (2012-07-07 20:35:31)
                                  Eleazard - la tête vide. par John DALY  (2012-07-07 21:26:57)
                                      Mea culpa, mea culpa, maxima mea culpa. par Eleazard77  (2012-07-08 14:42:55)
                                          Felix culpa, plutôt ... par John DALY  (2012-07-08 16:14:46)
              Une impression fugitive... par Glycéra  (2012-07-05 13:21:29)
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