Je ne conteste pas l'évidence : il y a dans cette réforme de 1951-1955 des graines (germes), une "logique" comme vous le dîtes qui est celle amplifiée entre 1964 et 1970. Pas toutes car l'idée de la liturgie ad libitum sous prétexte d'inculturation n'est pas là : Pie XII n'a pas ratifié, à la différence de Paul VI, 4 Semaines Saintes à choisir selon l'humeur du prêtre. Or c'est un élément central dans la révolution liturgique jusqu'à nos jours.
Donc il y a des germes mais pas tous.
Deuxièmement, comme je l'ai souligné, le contexte change tout : des graines jetées sur une terre stérile ne croissent pas. Les années 1960 et 1970 offrent un contexte radicalement différent de celui des années 1950. Ce contexte a contribué à transformer les germes et à leur donner un tour cancéreux qu'ils n'avaient pas au départ : un cancer avec un pouvoir de proliférer très élevé.
La conclusion de Nemo et la vôtre impliquent que toute réforme serait cancéreuse par principe : la liturgie serait figée à une année donnée. Cela ne correspond pas à l'histoire de la liturgie. D'autre part pourquoi canoniser une année plutôt qu'une autre ? Il y aurait autant de Formes extraordinaires que de changements intervenus dans le passé : pourquoi pas la Forme 1569 juste avant saint Pie V ... n'y avait-il pas quelque germe potentiellement cancéreux dans la réforme de Pie V ?
Je ne mets pas un signe égal traditionalisme = fixisme à une date arbitrairement choisie. La révision de 1951-1955 a-t-elle détruit les communautés catholiques depuis plus d'un demi siècle ? A-t-elle causé des dommages ? si oui lesquels ? J'ai beau chercher, je ne les vois pas.
Certaines retouches seraient à y introduire dans le sens du respect de la croissance organique ? Pourquoi pas si l'on n'est pas fixiste, rien ne l'interdit dans l'avenir. Benoît XVI a bien retouché une prière du Samedi Saint : c'est donc possible.
Maintenant est-ce opportun ? L'intervention de Benoît XVI a été très circonscrite comme l'ajout - typiquement bugniniste lui - de nouvelles options pour la formule de renvoi du rit paulin.
Est-il opportun de susciter un clivage fort avec le groupe des "réformateurs" antonelliens, les partisans d'une application d'esprit traditionnel de la néo-liturgie, ceux qui voudraient revenir à une lecture plus stricte du texte de Vatican II ? En somme faut-il miner la position des rares ratzinguériens en matière de liturgie en les ramenant au niveau des bugninistes qu'ils ont pourtant toujours critiqué ? N'est-ce pas plutôt l'inverse qui est bénéfique pour la Tradition, chercher à désarmer les préventions et les préjugés de ces néo-conservateurs en liturgie (cf. les coulisses du projet d'Instruction) ?
La position de la liturgie traditionnelle est-elle devenue si solide en 2011 qu'il soit possible de lancer un toilettage de la Semaine Sainte de 1951-1955 ? Autant je vois l'utilité pour l'Église, pour le bien des âmes de développer l'usage et l'enseignement du missel de 1962, autant je ne vois pas l'urgence de réviser la révision de 1955.
N'est-ce pas mettre la charrue avant les boeufs sans aucun profit pastoral ?
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