Je me permets de réagir ici à l’article de l’Abbé Barthe sur la dimension politique de la loi naturelle paru le 1er mai dernier, et notamment sur le sujet du mariage civil. Plutôt que d’en faire une tribune publique sur un site de réinformation en vue, je préfère à ce stade ouvrir le sujet sur ce forum.
Que les choses soient claires, je suis contre ce mariage républicain créé (d’abord en 1792 comme simple enregistrement civil, changé en 1804 en « célébration » civile) pour concurrencer le mariage chrétien, et que les articles organiques de 1802 ont imposé avant le mariage chrétien pour un motif de mauvaise théologie gallicane contraire au concile de Trente. Et je pense qu’un concordat est évidemment meilleur que la laïcité dans laquelle nous sommes coincés.
Néanmoins, de là à imaginer que les évêques puissent (ou eussent pu en 2013) aller négocier la libération du mariage religieux avec les pouvoirs en place, j’ai peur que cela manque fortement de réalisme. D’abord il faudrait que les évêques français aient collectivement un courage politique, c’est mal parti mais supposons cela. Ils auraient donc été voir le Président ou son ministre pour lui demander que les catholiques puissent se passer du mariage civil, et que le mariage catholique vaille mariage civil. Ce serait souhaitable (passons sur le fait que cela soit quand même revenu pour l’Eglise à demander à ce que le mariage chrétien vaille aux yeux de l’Etat la même chose qu’une union homosexuelle appelée mariage, mais c’est toujours mieux que, pour tous les mariés catholiques, de devoir y consentir de vive voix devant le maire ou son adjoint), mais que répondrait l’homme politique ?
- Soit « vous êtes gentils mais c’est non », les évêques diraient qu’ils sont pas d’accord mais ils n’ont aucun moyen de pression. Et d’ailleurs la plupart des catholiques pratiquants trouvent aujourd’hui que le mariage civil avant le mariage chrétien est une bonne chose. Même la vidéo récente de l’IBP sur le mariage n’ose pas aborder le sujet du problème du mariage civil en face... Pie XI avait réussi à imposer à Mussolini la reconnaissance du mariage religieux, mais son moyen de pression était de refuser de signer un concordat (cf article Aletheia 208) !
- Soit « pourquoi pas mais je n’ai pas de majorité pour cela ». Et c’est la réalité, il n’y a qu’à regarder le triste sort des amendements déposés par des députés en 2013 pour faire simplement sauter l’obligation d’antériorité du mariage civil, et un seul (Julien Aubert) avait déposé un amendement pour que le mariage religieux vaille mariage civil mais il a été débouté. En 2021 (loi séparatisme) c’est encore pire avec la droite qui se bat dans le sens contraire à notre position catholique.
- Soit « je veux bien mais c’est contraire à la laïcité ». Et c’est le véritable argument de fond. En effet, donner au mariage religieux des effets civils revient à donner au ministre du culte une certaine fonction d’officier d’Etat civil (il aurait la confiance de l’Etat pour recueillir le consentement des époux en son nom). On imaginerait cela dans une « république qui ne reconnait aucun culte », sans compter l’atmosphère laïciste actuelle ? De plus selon le sacro-saint principe d’égalité, les musulmans devraient avoir droit à la même chose alors qu’ils ne sont pas organisés pour (pas de registres de mariages systématiques, problèmes éventuels de mariages multiples, de mariages de mineurs ou blancs, etc)
A mon avis le vrai sujet sur la loi naturelle dans le mariage est :
- Primo : D’en parler, et c’est là le grand mérite de cet article de l’Abbé Barthe. La Manif pour tous a fait que les catholiques ont défendu le mariage civil, mais j’ai l’impression qu’ils gardent pour la plupart (sauf chez les tradis) en tête que le mariage civil est une bonne chose, alors que déjà ce n’était quand même pas idéal avant, et que c’est encore pire depuis son changement de définition de 2013 ! (cf article l’Homme Nouveau Puppinck)
- Secundo : De combattre l’obligation inique d’antériorité dans les faits. Et là il n’y a que 2 options je crois : soit le combat politique (par exemple tenter faire voter une loi instaurant une dérogation à l’obligation d’antériorité du mariage civil s’il y un certificat de capacité au mariage, déjà prévu au code civil pour les mariages à l’étranger, comme le développe cet article de La Nef), soit le combat judiciaire (quitte, si le conseil constitutionnel se défile, à aller devant la CEDH au titre de l’article 9 sur la liberté religieuse) mais pour cela il faut qu’un clerc accepte de se lancer dans l’aventure… En existe-t-il ?
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