Les rumeurs sont détestables et parfois un prêtre n'a aucun recours face à l'évêque pantocrator, prompt à ouvrir le parapluie. Surtout quand il pleut et qu'il fait nuit en ce moment, je ne peux m'empêcher à la tombe d'un jeune prêtre en Sologne qui s'est suicidé sous l'effet de fausses accusations et en raison aussi d'un manque total de sollicitude épiscopale (lequel évêque n'est même pas allé accompagner le cercueil devant l'église et encore moins au cimetière). Cet abbé a été passé par pertes et profits, sauf chez ses amis et chez quelques prêtres. On est très vite oublié. Je ne le connaissais pas, et pourtant je suis venu à ses obsèques un jour qu'il faisait froid, avec ma jeune aînée.
Ce qui me stupéfie est le fait qu'un prêtre, de tous les milieux mais y compris des milieux wojtyliens ou tradis, puisse dire sa messe, se confesser... et y aller de bon coeur avec des enfants, jusqu'au crime.
Et après le même nous baratinera avec le corps, temple de l'Esprit-Saint, avec le respect dans la manière de communier...
Les directeurs spirituels de ces clercs ont-ils une conscience ? Ou sont-ils parfois aussi vermoulus et contaminés que les prêtres qu'ils dirigent ?
Et les confesseurs ont donné l'absolution à tour de bras à des prêtres qui auraient dû se faire secouer et remonter, comme au XVe s., au pénitencier de l'évêque.
Désolé, ce que l'on peut juger en Histoire pour les siècles passés, peut se dire aussi pour aujourd'hui et les décennies passées.
La défense de l'Eglise a trop souvent tourné à l'apologétique d'une boutique et à la couverture d'un milieu.
Et l'Eglise devrait être impeccable.
Quand j'ai abordé ici les anciens séminaires d'avant le concile avec des livres de témoignages sur lesquels on ne peut douter, ou sur les charniers de maisons tenues par des religieuses, j'ai au mieux un silence pieux, au pire une attaque contre ma méchanceté relativiste et libérale.
Quand je fréquentais une maison de retraite diocésaine régulièrement et que je faisais souvent le tour le dimanche des chambres (qui le fait chez les tradis ? si la compagnie des vieux prêtres souvent abandonné ne dérange pas...), le supérieur, un grand ami, m'a dit dès le début : tu ne vas pas chez un tel.
J'ai assez vite compris ce qui s'est passé.
Son affaire n'a pas été jugée, car dans les années 80, la justice ne s'en mêlait.
On peut mettre à l'actif de l'évêque d'alors de l'avoir mis à la retraite à la maison diocésaine, assez rapidement.
Vue de l'extérieur, l'Eglise, par son clergé, est tout de même le repère d'un sacré nombre de détraqués. Et elle a montré qu'elle était incapable de les punir, de les soigner et de prévenir. Elle doit être bien plus impeccable en principe que toute autre religion et que l'école nationale !
J'ai une pelletée d'amis ou de connaissances qui sont encore plus sévères, mais qui ne disent rien, pour ne pas me faire de peine. Ils ne connaissent pas de prêtres, souvent. Et ils sont encore plus scandalisés que certains d'entre nous, "presque" habitués au clergé déliquant... Seul l'historien ne doit pas être surpris, mais le croyant...
L'idée de penser à ces religieuses, que j'ai entendues sur arte, parler de leurs confesseurs, y compris des Père Philippe... Pauvres femmes. Et si on veut bien chercher, j'avais émis de gros doutes à la canonisation du Père d'Ornellas de Jean Vanier, à ses obsèques un peu olé olé. Si on sait où vivait Vanier et au contact de tels prêtres, on pouvait avoir quelques doutes sur au moins sa complicité et son aveuglement.
Et ceux qui pensent que les monastères et couvents sont des lieux confinés de tendresse et de charité... Pas plus aujourd'hui que demain. On peut vivre dans un carmel en pleine haine, comme on peut fermer les yeux dans un couvent sur la vie dissolue de son frère, sans passer par la correction fraternelle. Les presbytères de nos jours peuvent être des lieux épouvantables de cohabitation et de méchanceté, comme les maisons de retraite de prêtres (les vieux curés n'étaient pas faits pour vivre en communauté).