Oh! comment la source de, la vie est -elle conduite à la vie en passant par la mort? O surprise ! celle qui dans l'enfantement a surmonté les limites de la nature, maintenant se courbe sous ses lois, et son corps immaculé est soumis à la mort. Il faut en effet dépasser ce qui est mortel pour revêtir l'incorruptibilité, puisque le Maître de la nature lui-même n'a pas refusé l'expérience de la mort. Car il meurt selon la chair, et par sa mort il détruit la mort, à la corruption il confère l'incorruptibilité, et fait du trépas la source de la résurrection. Oh ! cette âme sainte, au moment où elle sort de la demeure qui avait reçu Dieu, comme le Créateur du monde la reçoit de ses propres mains, et quel légitime honneur il lui rend! Par nature elle était la servante, mais, dans les abîmes insondables de sa philanthropie, il a fait d'elle, selon l'ordre de l'économie, sa propre Mère, puisqu'il s'est incarné en vérité et n'a pas fait semblant de devenir un homme. Les troupes des anges te voyaient sans doute et attendaient ton départ de la vie des humains.
O l'incomparable passage, qui te vaut la grâce d'émigrer vers Dieu! Car si cette grâce est accordée par Dieu à tous les serviteurs qui ont son esprit car elle leur est accordée, la foi nous l'apprend -, toutefois la différence est infinie entre les esclaves de Dieu et sa Mère. Alors comment appellerons-nous ce mystère qui s'accomplit en toi? Une mort? Mais si, comme le veut la nature, ton âme toute sainte et bienheureuse est séparée de ton corps béni et immaculé, et si ce corps est livré à la tombe suivant la loi commune, cependant il ne séjourne pas dans la mort et n'est pas détruit par la corruption. Pour celle dont la virginité est restée intacte dans l'enfantement, au départ de cette vie, le corps est gardé sans décomposition, et placé dans une demeure meilleure et plus divine, hors des atteintes de la mort, et capable de durer pour toute l'infinité des siècles.
Notre soleil, tout entier brillant et toujours lumineux, caché pour un moment par le corps de la lune, semble disparaître, sombrer clans les ténèbres et changer son éclat en obscurité; pourtant il n'est pas dépossédé de sa lumière propre, mais il a en lui-même une source de lumière toujours jaillissante, ou plutôt il est lui-même la source de lumière sans éclipse, selon l'ordre de Dieu qui l'a créé. Ainsi toi, source permanente de la vraie lumière, inépuisable trésor de celui qui est la vie même, efflorescence féconde de bénédiction, toi qui es pour nous la cause et la donatrice de tous les biens, même si, par une séparation temporaire, ton corps disparaît dans la mort, cependant tu fais jaillir pour nous, libéralement, les flots incessants, purs, intarissables de la lumière infinie, de la vie immortelle et de la vraie félicité, des fleuves de grâces, des sources de guérisons, une bénédiction perpétuelle. Tu as fleuri " comme le pommier parmi les arbres du verger ", et ton fruit est doux au palais des fidèles. Aussi je ne dirai pas de ton saint départ, qu'il est une mort, mais une dormition, ou un passage, ou plus proprement une entrée dans la demeure de Dieu. sortant du domaine du corps, tu entres dans une condition meilleure .
Première homélie sur la Dormition, 10