En appendice à ma longue réponse précédente à Scrutator, je dois souligner ma divergence avec sa chronologie.
Oui la volonté d'unir catholicisme et libéralisme précède évidemment 2012-2013. Tout remonte à la Révolution française et les catholiques libéraux du XIXe siècle sont bien entendu les "ancêtres" idéologiques/doctrinaux/pastoraux des néo-catholiques "californiens" de 2022. Mais un Montalembert ou un Gratry ou un abbé Mugnier serait sans doute, si on peut faire parler un mort, horrifié de lire ce qui s'écrit de nos jours.
Oui Vatican II a été un moment d'affaiblissement de l'antimodernité romaine.
Mais, au risque de paraître "démodé", je crois juste et plus conforme à l'histoire d'ajouter que :
- non la majorité des Pères conciliaires n'avait aucunement en vue l'union christianisme-libéralisme radical autoritaire qui est le programme en vogue à Rome aujourd'hui. Et surtout pas les Pontifes qui ont présidé ce concile ni Jean XXIII ni Paul VI.
- non tous les théologiens conciliaires n'étaient pas tous sur la même ligne d'une part et par delà leur entente pour casser le néo-thomisme romain en vigueur comme base théologique depuis 1879 (Aeterni Patris de Léon XIII), ils ont sérieusement divergé parfois dès 1964, avant même la clôture de Vatican II. Schillebeeckx, un des inspirateurs de l'union chrétienne-libérale radicale, est dénoncé dès 1964 par un de Lubac par ex. et plusieurs autres théologiens de la Majorité. Ratzinger et Hans Küng étaient certes amis à Vatican II mais ils se sont séparés après 1969... et ont pris deux trajectoires fortement opposées. Sur le plan liturgique, la divergence entre le futur cardinal Antonelli, le Père Louis Bouyer et la ligne dominante de Bugnini est très connue.
- comme l'a écrit en 2000, Mgr Tissier de Mallerais 95% de Vatican II est acceptable avec une herméneutique de "réforme dans la continuité". Je ne minimise pas le 5% qui pose de sérieux problèmes.
- toutes les "réformes post-conciliaires" qui se parent de Vatican II ne sont pas conformes à la lettre des textes conciliaires. Les lisureurs du FC le savent, il y a un gouffre entre la néo-liturgie vernaculaire de l'Église latine actuelle et la Constitution de Vatican II sur la liturgie.
Bref, pour user du ton pondéré d'un collègue breton que j'estime, il est excessif de laminer toutes ces différences, tous ces faits, toutes ces évolutions pour faire du seul concile Vatican II le péché originel de l'avachissement actuel du catholicisme.
Non tout n'était pas écrit en 1962-1963, non l'effondrement spirituel contemporain digne de celui de la Pornocratie médiévale et du Siècle des Lumières ne se résume pas tout entier dans ce concile et les théologiens de la majorité conciliaire du XXe siècle.
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