A ce titre je ne peux que vous recommander la lecture de l’ouvrage absolument capital d’Albert Frank-Duquesne, La Cité sur la Montagne (partie 1 et 2), composé de lettres à des prêtres et religieux catholiques (Dom Lialine, le RP Congar etc..)
Il est disponible dans le Fonds Frank-Duquesne
Le texte-charnière, intitulé Passage du Rubicon, est une lettre adressée au Mandataire du Patriarche de Constantinople. L’auteur y explicite les raisons de son abandon de l’Orthodoxie. Un extrait :
Dès qu’on oppose au Catholicisme – qui tolère et encourage toutes les formes de piété (mentale, sentimentale, rituelle, etc.) compatible avec la « semence », avec l’esprit, avec le « levain » de l’Évangile – dès qu’on lui oppose le « cliché » d’une spiritualité déterminée, d’une « atmosphère » particulière et limitée – celle du IVème siècle greco-anatolien – on a confié au sol un germe de dessiccation. C’est aller au-devant de l’artériosclérose et du sphacèle. Rien d’étonnant, dans ces conditions, si des Russes déclarent – me l’ont-ils assez dit ! – qu’il leur est « impossible de prier dans les églises grecques », que « les Belges ne pourraient jamais devenir de vrais Orthodoxes » que d’ailleurs les Occidentaux ne sont pas destinés à devenir Orthodoxes, alors même que, pour les auteurs de ces stupéfiants apophtegmes, l’Orthodoxie est LA vérité de salut ! Ainsi, des Chinois proclament-ils que « la sagesse du milieu tranquille n’est pas faite pour les barbares d’Occident » ! Or, ces braves gens sont logiques, en règles avec leurs principes, puisqu’à la base du schisme il y eut une bonne dose de xénophobie. À chaque race son peuple, sa religion, n’est-ce pas ? Plus les nations se fractionnent, plus l’Église devra se diviser, s’« autocéphaliser » : un peu comme le ver de terre se multiplie quand on le sectionne. L’Église n’est alors plus que la nation, considérée sous l’angle religieux. L’Église est alors dans le peuple, et non le peuple dans l’Église. C’est un immanentisme ecclésiologique, un implicite rejet de la transcendance.
Soyons logiques, Monseigneur : suivant ces vues, la nation, puissance créaturelle et relative, appartenant à ce monde, devient principe déterminant, valeur fondamentale, et le césaro-papisme est l’expression normale et naturelle de cette conception, qu’il s’agisse du Tsar, de Jacques Ier d’Angleterre – comparé à Salomon par ses théologiens – ou des princes luthériens du XVIe siècle : cujus regio, illius religio... Le gallicanisme lui-même tend à cette reviviscence du vieux nationalisme à forme religieuse des Juifs : le Quahal, c’était encore l’assemblée du peuple hébreu, mais, cette fois, unie par la prière sociale à Yahweh.