P. Philippe Verrier, Le Père Victor Dillard, l'un des cinquante, 2005.

Jésuite né à Blois, brillant économiste, grand voyageur dans le monde anglo-saxon. S'évade en 40, va à Vichy, y prêche, membre de la mission St-Paul pour aller, clandestinement, encadrer spirituellement les jeunes du STO. Déporté à Dachau, mais pas dans la baraque des prêtres, car il s'est déclaré ouvrier. Mort très rapidement en janvier 1945, incinéré comme les autres morts, a frappé Edmond Michelet et quelques autres. Aurait pu rester tranquillement en France au lieu d'aller en Allemagne. Procès en cours. Ouvrage d'un prêtre historien de Blois, toujours curé de Chambord à 86 ans, qui a rajeuni le dernier ouvrage ancien qui existait.

Grégory Combalbert (maître de conférences en histoire médiévale) publie sa thèse remaniée : Sauf le droit épiscopal. Evêques, paroisses et société dans la province ecclésiastique de Rouen (XIe-milieu du XIIIe s.), PU Rouen et du Havre, 2021.

- la réforme grégorienne n'a pas été reçue comme ailleurs et même pas du tout par endroit, poids du patronage laïc des églises en plein XIIIe s., banalité des prêtres fils de prêtres desservant les paroisses et se succédant entre eux aux XIe-XIIe s., multiplicité des patrons et des droits perçus sur une même église, pas d'unité dans les comportements religieux et épiscopaux à l'échelle d'une province

Le nouveau monde (1504). Les quatre voyages d'Amerigo Vespucci, Chandeigne, 2020.

- courageux éditeur franco-portugais qui publie des récits de voyage. Première édition française des lettres et des récits de Vespucci, mise au point sur la première carte faite à St-Dié en 1507 faisant apparaître America (Amerigo donne Albericus en latin), descriptions dépaysantes de la Nature, des moeurs (nudité, cannibalisme...), découverte de l'hémisphère sud sans les étoiles auxquelles les marins étaient habitués.

Bernard du Boucheron, Court serpent, Gallimard, 2004.

- relecture depuis sa parution. premier livre d'un retraité qui est encore vivant. style merveilleux comme au XVIIe s. et beaucoup d'aphorismes, un clerc est envoyé comme évêque au XIVe s. pour relever les habitants du Groënland qui n'ont plus d'évêque depuis un demi-siècle. Les hommes sont redevenus sauvages, affamés, violents, sans foi ni loi (les passages historiques sont à prendre avec distance et parfois pénibles avec bien des anachronismes lexicaux, mais c'est un roman, pas un livre d'histoire). le style, d'abord. ses autres livres furent plus décevants, question de goût.

Nicolas Diat, Un temps pour mourir. Derniers jours de la vie des moines, Pluriel, 2019.

- d'un auteur qui travaille avec le cardinal Sarah. A recueilli des témoignages de la fin de vie de moines à Cîteaux, Lagrasse (un chanoine qui a tout du saint), Mondaye (je crois de mémoire), Solesmes, La Grande-Chartreuse. Magnifique, édifiant, rarissime angle d'attaque, on plaint les moines qui doivent mourir en hôpital (ceux qui reçoivent des lettres d'abbaye le savent), on ne cache pas les suicides qui existent aussi.
J'ai en tête la photo d'un moine de St-Benoît-sur-Loire que deux civils en tenue de confinement place dans une housse, en le laissant dans son pijama, sans toilette, sans sa coule, sans rien. Le cercueil est à côté. Seul un prêtre du monastère (où tous les moines furent contaminés en même temps) est venu donné une absoute. On pensait alors à une forme de peste. Trois moines sont morts, certes deux âgés, mais ce n'est pas une raison. Celui qui a introduit le virus a quitté l'état monastique, tant cela l'a affecté. Bien triste que tout cela. Des personnes ont pu leur faire dire des messes pour leur rétablissement à une époque où le vaccin n'existait pas. Je cite cet exemple, car ce pauvre moine dont je ne donne pas le nom est mort comme un animal, sans ses frères, sans rite.

Ceux qui veulent s'amuser ou amuser leurs enfants à partir de 8/10 ans, lire Giovaninno Guareschi (mort en 1968) en français ou en italien, livres de poche des don Camillo.
Très finement observé, les changements conciliaires en Italie, les nouveaux prêtres, les jeunes qui débloquent, les communistes face aux monarchistes, et beaucoup d'humour, parfois pince sans rire. Adorable et vraiment très drôle. Chacun sait que don Camillo vécut vraiment, en partie au diocèse d'Autun-Chalon-Mâcon.

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