C'est un mot polysémique. Aujourd'hui il recouvre couramment 5 significations qui contribuent à troubler les intelligences :
1. Son premier sens serait un synonyme de théologie, la Science de Dieu. Cette utilisation ne pose en soi aucun problème si ce n'est qu'on a du mal à comprendre pourquoi on utiliserait un mot obscur et ambigu plutôt qu'un terme connu et compris de tous.
2. Le mot peut aussi évoquer un mode particulier de connaissance de Dieu, une connaissance personnelle, individuelle, de l'ordre de l'intuition. Une connaissance érigée par les néo-gnostiques en une source de Révélation qui entre en concurrence avec les Ecritures et la Tradition. On est très près du modernisme pour lequel l'homme tire de lui-même (connaissance intuitive) l'objet et le motif de sa foi.
3. La gnose est aussi présentée comme une voie de sanctification par la Connaissance. Nous n'allons plus à Dieu par la Foi en Jésus Christ et les œuvres qui l'accompagnent mais par une connaissance libératrice résultant d'une initiation.
4. La gnose peut aussi décrire un processus, une attitude ; celle du croyant confronté aux mystères de la foi dont il s'efforce de percer le sens caché. Il ne se contente plus de contempler humblement le mystère, il veut le percer, c'est une forme de rationalisme, une volonté d'élucider ("exposer à la lumière" pour vous faire plaisir Glycéra) afin d'accéder à une dimension divine procurée par cette Connaissance. C'est la tentation originelle : le serpent gnostique fait miroiter sur l'arbre de la connaissance du bien et du mal, le fruit qui nous ouvre les yeux, nous initie, nous transforme en dieux (Gn 3,4).
5. Le dernier sens du mot gnose tel qu'on le rencontre fréquemment aujourd'hui, c'est celui d'une spiritualité humaniste et universaliste transcendant les dogmes des religions. C'est le syncrétisme propre au New-Age et à tous les ésotérismes.
Comment ne pas voir qu'en raison des ambivalences que recèle le mot gnose, nous devons le bannir absolument de notre vocabulaire, ou plutôt le réserver à désigner ce que le Dr Dor considérait comme l'âme de la culture de mort et la "mère de toutes les hérésies" ?
Et je préviens votre objection Glycéra, vous voudriez que nous restaurassions le sens initial des mots, que nous nous les réappropriassions par une quête de leur pureté originelle : tout cela est utopique, c'est de l'archéologisme appliqué à la langue. La langue évolue, le sens des mots que vous employez tous les jours n'est plus celui qu'ils avaient lorsqu'ils sont apparus, vous ne vous dites pas "étonnée" seulement lorsque le tonnerre vous a frappé, et lorsque vous affirmez d'une personne ou d'une chose qu'elle est formidable, vous ne voulez pas signifier qu'elle est redoutable, terrible comme son étymologie l'indique.
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