Connaissez-vous Nicolás Gómez Dávila ? par Polydamas 2021-05-01 13:26:22 |
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Colombien né en 1913, décédé en 1994, Nicolás Gómez Dávila est un philosophe conservateur catholique imbibé de culture européenne qui a pourfendu les illusions progressistes. Il a écrit la quasi-intégralité de son œuvre sous formes de scholies, de phrases bien balancées, lapidaires, tranchantes comme l'épée. Traversant les années 70, il a, sur la foi ou les chrétiens progressistes, une pertinence rarement égalée.
Très prolifique, il a laissé environ 10 000 scholies dont la moitié est traduite en français, au mieux. Deux nouvelles parutions ont eu lieu récemment, l'une d'un commentateur, l'autre de scholies jamais publiées.
Les titres de ses ouvrages en français sont évocateurs :
- Les Horreurs de la démocratie, 2003 ;
- Le Réactionnaire Authentique, 2005 ;
- Carnets d'un vaincu, 2009.
Quelques extraits ci-dessous sur les thèmes de la foi et de l'Eglise post-Vatican II. Je crois qu'il est difficile de mieux synthétiser les idées des courants traditionnels catholiques.
Rien n’irrite autant les sots que le christianisme.
Surtout les sots chrétiens.
Définitivement, la liturgie ne peut parler qu’en latin.
En langue vulgaire elle est vulgaire.
Si l’être dépend, comme le signale le christianisme, d’un acte libre de Dieu, une philosophie chrétienne doit être une philosophie qui constate, non une philosophie qui explique.
Une société civilisée nécessite qu’en son sein, de même que dans l’ancienne société chrétienne, égalité et inégalité dialoguent en permanence.
Ce n’est pas dans les textes modernes qu’il faut rechercher les sources des « droits de l’homme » mais dans l’hymen entre la chrétienté et le féodalisme.
La fonction de l’Église n’est pas d’adapter le christianisme au monde ni même d’adapter le monde au christianisme, sa fonction consiste à maintenir un contre-monde au sein du monde.
N’est pas chrétienne la société où nul ne pèche mais celle où nombreux sont ceux qui se repentent.
Les progressistes chrétiens sont en train de convertir le christianisme en un agnosticisme humanitaire au vocabulaire chrétien.
Chaque siècle, le diable choisit un démon différent pour tenter l’Église. L’actuel est singulièrement subtil.
L’angoisse de l’Église devant la misère des multitudes obscurcit sa conscience de Dieu.
L’Église cède à la plus captieuse des tentations : la tentation de la charité.
S’occuper intensément de la condition de son prochain permet au chrétien de se dissimuler ses doutes à propos de la divinité du Christ et de l’existence de Dieu.
La charité peut être la forme la plus subtile de l’apostasie.
L’erreur du chrétien progressiste consiste à croire que la polémique pérenne du christianisme contre les riches est une défense implicite des programmes socialistes.
Le dialogue entre communistes et catholiques est devenu possible depuis que les communistes falsifient Marx et les catholiques le Christ.
Le catholique progressiste prétend restaurer le christianisme primitif en rapetissant le moralisme humanitaire des abbés incrédules du XVIIIe siècle.
Émule des curés qui vendent les ornements sacrés les peintures pieuses, l’Église a résolu de procéder à une liquidation totale en abaissant sa doctrine à la demande effective du siècle, et en abolissant le scandaleux gaspillage de sa liturgie.
Le chanoine ventripotent et luxurieux qui croit en Dieu est plus indiscutablement chrétien que le pasteur ascétique et austère qui croit en l’homme.
Comme l’Église catholique a toujours maintenu une distinction entre orthodoxie et hérésie, tandis que le protestantisme offre une gamme de nuances doctrinaires, l’histoire de la théologie catholique est moins intéressante que le monument intellectuel qu’elle édifie, tandis que l’histoire de la théologie protestante est plus intéressante que l’édifice dénué de style qu’elle construit.
N’ayant pas obtenu que les hommes pratiquent ce qu’elle l’enseigne, l’Église actuelle a décidé d’enseigner ce qu’ils pratiquent.
Le chrétien moderne se sent professionnellement obligé à se montrer jovial et blagueur, à sourire complaisamment en exhibant sa denture, à affecter une cordialité niaise, pour prouver à l’incrédule que le christianisme n’est pas une religion « sombre », une doctrine « pessimiste », une morale « ascétique ».
Le chrétien progressiste nous empoigne la main en arborant un large sourire électoral.
Chez le chrétien obsédé par la « justice » sociale, il n’est pas facile de distinguer si la charité s’épanouit ou si la foi se fane.
L’amour de la pauvreté est chrétien, mais l’adulation du pauvre est une pure et simple technique de recrutement électoral.
Le catholicisme populaire est la cible de toutes les colères progressistes.
Foi populaire, espérance populaire, charité populaire, irritent le prêtre d’extraction petite-bourgeoise.
Le catholique progressiste n’accentue pas le caractère « communautaire » de l’Église pour rappeler aux fidèles leur solidarité mystique avec une communauté historique, mais pour immoler en douce la doctrine séculaire de l’Église sur les autels de l’actualité.
Les collectivismes sacrifient toujours à l’appétit de communautés instantanées la collectivité auguste des siècles.
Ce qui irrite le chrétien actuel dans le Moyen Âge, c’est le christianisme.
Le progressiste oublie que le péché obère tout idéal auquel il aspire, le conservateur oublie qu’il corrompt toute réalité qu’il défend.
Le catholique progressiste va ramasser sa théologie dans la poubelle de la théologie protestante.
La difficulté croissante de recruter des prêtres doit faire honte à l’humanité, et non pas inquiéter l’Église.
Le progressiste parcourt les littératures comme le puritain les cathédrales : un marteau à la main.
Les chrétiens progressistes recherchent fiévreusement dans les manuels de sociologie de quoi combler les lacunes de l’Évangile.
Plus que pratique d’une éthique, ou adhésion à une doctrine, le christianisme est loyauté envers une personne.
L’Église a pu cristalliser les idéaux du Moyen Âge et les comportements féodaux, parce que, sans être chrétiens, ils appartenaient à la même catégorie spirituelle que le christianisme.
Auparavant l’Église absolvait les pécheurs, aujourd’hui elle a résolu d’absoudre les péchés.
L’Église post-conciliaire prétend ramener les ouailles au « bercail » en traduisant dans le langage insipide de la chancellerie vaticane les lieux communs du journalisme contemporain.
Ainsi débute l’évangile infernal : Nihil erat in principio et credidit nihil esse deum, et factum est homo, et habitabit in terra, et per hominem omnia facta sunt nihil.
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