Bonjour Regnum Galliae,
Le mauvais exemple vient non seulement de haut, mais aussi de loin.
Je vous rappelle deux exemples de prises d'appui pontificales, restrictives et sélectives, sur une partie du Magistère intra-conciliaire et sur une partie du Magistère pontifical post-conciliaire :
- tout d'abord dans le discours du pape à des représentants de la religion shinto, le 28 février 1979 : il s'agit d'une citation tronquée de Nostra aetate n° 2,
- et ensuite dans le discours du pape au Secrétariat pour les non-chrétiens, le 27 avril 1979 : il s'agit d'une citation tronquée d'Evangelii nuntiandi n° 53.
Dans le discours de fin février 1979, le pape ne cite que la première phrase de NA n° 2 :
"L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses. Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec les adeptes d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux."
Et dans le discours de fin avril 1979, le même pape ne cite que la première phrase de EN n° 53 :
Une telle situation suscite, certes, des questions complexes et délicates, qu’il convient d’étudier à la lumière de la Tradition chrétienne et du Magistère de l’Eglise pour offrir aux missionnaires d’aujourd’hui et de demain de nouveaux horizons dans leurs contacts avec les religions non chrétiennes. Nous voulons relever surtout aujourd’hui que ni le respect et l’estime envers ces religions, ni la complexité des questions soulevées ne sont pour l’Eglise une invitation à taire devant les non chrétiens l’annonce de Jésus-Christ. Au contraire, elle pense que ces multitudes ont le droit de connaître la richesse du mystère du Christ dans laquelle nous croyons que toute l’humanité peut trouver, dans une plénitude insoupçonnable, tout ce qu’elle cherche à tâtons au sujet de Dieu, de l’homme et de son destin, de la vie et de la mort, de la vérité. Même devant les expressions religieuses naturelles les plus dignes d’estime, l’Eglise s’appuie donc sur le fait que la religion de Jésus, qu’elle annonce à travers l’évangélisation, met objectivement l’homme en rapport avec le plan de Dieu, avec sa présence vivante, avec son action ; elle fait rencontrer ainsi le mystère de la Paternité divine qui se penche vers l’humanité ; en d’autres termes, notre religion instaure effectivement avec Dieu un rapport authentique et vivant que les autres religions ne réussissent pas à établir, bien qu’elles tiennent pour ainsi dire leurs bras tendus vers le ciel."
Source : "Le dialogue interreligieux dans l'enseignement officiel de l'Eglise catholique, du Concile Vatican II à Jean-Paul II (1963-2005)", paru en 2006 aux éditions de Solesmes, de la 283 à la page 286.
Je tiens à préciser que l'on trouve le même procédé sous la plume de Paul VI, dans bien des discours et messages, mais aussi que le Magistère de Paul VI consacré au dialogue interreligieux est quantitativement beaucoup moins important que celui de Jean-Paul II consacré au même domaine.
En particulier, je vous renvoie ici au discours de Paul VI aux fidèles "à l'occasion de la canonisation de Saint Nicolas Tavelic et de ses compagnons" (p. 230, dans le même livre), ce discours constituant un sommet du genre, qui en dit long sur la profondeur de la tendance au détournement de finalité du christianisme catholique à laquelle nous sommes confrontés, depuis le début des années 1960.
Bonne journée.
Scrutator.