Bonjour Gaspard,
Depuis que j'en ai commencé la lecture, je m'interroge sur la "cohérence", ou sur la "logique" de la lettre encyclique Fratelli tutti.
Je cite ici le pape François :
" La fin de la conscience historique
13. C’est précisément pourquoi s’accentue aussi une perte du sens de l’histoire qui se désagrège davantage. On observe la pénétration culturelle d’une sorte de ‘‘déconstructionnisme’’, où la liberté humaine prétend tout construire à partir de zéro. Elle ne laisse subsister que la nécessité de consommer sans limites et l’exacerbation de nombreuses formes d’individualisme dénuées de contenu. C’est dans ce sens qu’allait un conseil que j’ai donné aux jeunes : « Si quelqu’un vous fait une proposition et vous dit d’ignorer l’histoire, de ne pas reconnaître l’expérience des aînés, de mépriser le passé et de regarder seulement vers l’avenir qu’il vous propose, n’est-ce pas une manière facile de vous piéger avec sa proposition afin que vous fassiez seulement ce qu’il vous dit ? Cette personne vous veut vides, déracinés, méfiants de tout, pour que vous ne fassiez confiance qu’à ses promesses et que vous vous soumettiez à ses projets. C’est ainsi que fonctionnent les idéologies de toutes les couleurs qui détruisent (ou dé-construisent) tout ce qui est différent et qui, de cette manière, peuvent régner sans opposition. Pour cela elles ont besoin de jeunes qui méprisent l’histoire, qui rejettent la richesse spirituelle et humaine qui a été transmise au cours des générations, qui ignorent tout ce qui les a précédés ».[10]
14. Ce sont les nouvelles formes de colonisation culturelle. N’oublions pas que « les peuples qui aliènent leur tradition, et qui par une manie imitative, par violence sous forme de pressions, par une négligence impardonnable ou apathie, tolèrent qu’on leur arrache leur âme, perdent, avec leur identité spirituelle, leur consistance morale et, enfin, leur indépendance idéologique, économique et politique ».[11] Un moyen efficace de liquéfier la conscience historique, la pensée critique, la lutte pour la justice ainsi que les voies d’intégration consiste à à vider de sens ou à instrumentaliser les mots importants. Que signifient aujourd’hui des termes comme démocratie, liberté, justice, unité ? Ils ont été dénaturés et déformés pour être utilisés comme des instruments de domination, comme des titres privés de contenu pouvant servir à justifier n’importe quelle action. "
Donc, si je comprends bien, quand le "déconstructionnisme" sévit dans l'Eglise catholique, comme c'est le cas depuis le début de l'avant-Concile, et quand il va dans "le bon sens", ou dans une direction considérée comme "bonne" par les hommes d'Eglise qui sont aujourd'hui les continuateurs des clercs catholiques déconstructionnistes, d'abord ante-conciliaires, ensuite intra-conciliaires, et enfin post-conciliaires, c'est "bien" ?
Mais, en revanche, quand le "déconstructionnisme" sévit dans le monde contemporain, comme c'est le cas au moins depuis le milieu du XX° siècle, et quand il va dans "le mauvais sens", ou dans une direction qualifiée de "mauvaise" par les mêmes hommes d'Eglise, c'est mal ?
De même, si je comprends bien, la "colonisation culturelle", philosophique et théologique, qui a amplement contribué à l'apparition de la crise ou ou au déclenchement de la mutation de l'Eglise catholique, c'est "bien", mais, en revanche, la "colonisation culturelle", telle qu'elle est décrite et dénoncée ci-dessus par le pape François, c'est "mal" ?
Merci beaucoup pour tout élément de réponse au problème que je soulève et bonne journée.
Scrutator.