Plus le temps passe, plus, naturellement, j’apprends des choses et plus je me rends compte à quel point non seulement je ne sais rien du tout (mais ça c’est, je pense, un ressenti normal, naturel) mais surtout je me rends compte de l’extrême médiocrité du niveau de ma formation initiale, surtout l’instruction reçue au collège-lycée. Elle est, je pense, la colonne vertébrale sur laquelle nous nous reposons par la suite pour nous permettre d’appréhender le monde, d’analyser, de comprendre, de continuer à apprendre. Et je regrette que, pour ma part (mais aussi sûrement pour une part très importante des personnes ayant été instruites après les années 70) elle est de très piètre qualité.
Je suis entré au collège en 1999, à l’Institution du Sacré-Cœur, située à Watten (59). Un collège de campagne, ordinaire.
Peut-être que j’idéalise un peu trop l’école d’avant les années 70 ou que je suis trop sombre avec celle qui a succédé cette décennie, mais il me semble que cette décennie marque un vrai coup d’accélération dans l’ère de la modernité. À tous points de vue (liturgie, pans de pensée de l’Église, école, enseignement supérieur, médias, …).
Selon moi nous subissons une grave crise de l’intelligence. Nous souffrons de n’avoir pas d’intellectuels. Notre système éducatif forme, dans le meilleur des cas, des techniciens, des scientifiques, des ingénieurs, des gens compétents dans leur domaine propre mais qui d’une part ont un grave manque de connaissances générales, de culture et qui, d’autre part, ont de graves lacunes intellectuelles en ce sens qu’ils ne savent pas raisonner, analyser et comprendre le monde dès qu’ils sortent de leur champs de compétence.
Entre les anciennes deux grandes filières, la classique (plutôt littéraire, histoire, langues anciennes, …) et la bien nommée moderne (sciences dures, maths, physique, …) cette dernière l’a en quelques sortes emporté et s’est imposée comme la voie royale de la réussite, l’autre étant plutôt dénigrée, dévalorisée. Peut-être à juste titre puisqu’en ce qui concerne notre époque il n’y a plus guère d’intellectuels traditionnels (disons « de droite » pour faire simple) mais seulement des intellectuels modernes (« de gauche », pour simplifier) et donc des professeurs qui « fabriquent » des intellectuels de gauche de mauvaise qualité.
Loin de moi l’idée d’opposer les uns (techniciens, ingénieurs,…) aux autres (intellectuels) une société a besoin des deux pour fonctionner, bien entendu.
Par ailleurs le constat que je pose ci-dessus n’est qu’un aperçu de la situation générale telle que je la vois, je ne doute pas qu’il y ait des exceptions, des îlots où la transmission du savoir et des réflexes traditionnels d’intelligence sont encore diffusés mais il n’empêche que la grande majorité n’en fait pas partie. Je suis un pur produit de l’Éducation Nationale française, un médiocre.
Bon, je vous permets de ne pas me croire, cela me flatte d’ailleurs et j’avoue que parfois, pris d’un excès d’orgueil il m’arrive de faire miens les propos de ce drôle d’oiseau de Talleyrand : « Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console. »