Donner de la profondeur au phénomène massif auquel, faute d'être aveugle et sourd, on assiste aujourd'hui en mondiovision, tel est un intérêt du livre.

La question classique : comment en est-on arrivé là en somme.

Denis Sureau et les censeurs du livre ont raison quant au militantisme de l'A. qui ne le cache pas du tout bien qu'issu d'une famille catholique et ayant travaillé à la revue Esprit.
Oui bien sûr Martel défend la thèse ambiante chez les néo-modernistes et amazonistes : pourquoi Ste-Marthe et la Casa del Clero lui ont été ouvertes si facilement ?
QUI a pu loger à Sainte-Marthe parmi les liseurs du FC ? Est-ce que Denis Sureau a pu avoir une chambre à deux pas de celle du Pape par ex. ? Aucun des journalistes qui m'ont contacté après la parution du livre n'a eu cet honneur, je ne connais pas de collègues qui ont eu cette possibilité depuis que François y réside.
Sachant que le directeur de la Maison est impliqué personnellement et publiquement dans le système qu'expose Martel, c'est moins étonnant.

Martel indique que les deux secrétaires d'État de Jean Paul II, une fois le cardinal Villot décédé, étaient partiquants : le cardinal Casaroli, homme de l'Ostpolitik avec le cardinal autrichien König très libéral, et le cardinal Sodano chacun couvrant la période 1979-2006.
Peut-on mieux comprendre des nominations curieuses de ce fait sur une période aussi longue ?
Peut-on comprendre l'ascension d'un McCarrick (qui débute sous Paul VI) et qui a été couvert par Sodano on en a la preuve maintenant avec le témoignage corroboré de Mgr Vigano ?

Les filières de recrutement des évêques et des membres de la Curie ont facilité l'accroissement parmi les hauts prélats des pratiquants ou sympathisants non pratiquants ou simplement des complices par passivité, fermez les yeux. Le livre ne traite pas que de la haute hiérarchie romaine mais se délocalise dans plusieurs pays.
Il est aussi une enquête sur la prostitution masculine à Rome avec les clients cléricaux.

Je crois, ce que Martel ne fait pas car il tient à ménager le pape François au maximum, qu'une étude fouillée de la vie de Théodore McCarrick et de son réseau peu à peu constitué et celui sur lequel il s'est appuyé pour grimper à un ministère plus élevé serait révélatrice du système.

En somme la Seconde Pornocratie où nous sommes a une histoire : Martel donne SA version de cette histoire, il n'a évidemment pas notre grille de lecture puisque pour lui ce système n'a qu'un défaut celui de ne pas être au grand jour et d'accueillir les différentes formes de famille comme le dit un Instrumentum laboris et le Père James Martin sj, sa revue jésuite America et quantité d'autres très bien en cour à Rome depuis 2013.

Il apporte une piste nouvelle : le rapport à l'homosexualité dans la hiérarchie catholique n'est plus une affaire individuelle, des cas isolés comme autrefois. Peu à peu depuis les années 1940-1950 de façon croissante, c'est devenu un phénomène majeur qui touche de nombreux pays et le Saint-Siège.

Martel rend compréhensible la trajectoire d'un cardinal Schönborn : religieux dominicain qui admire Mgr Lefebvre en 1976-1978, soutien remarquable de Jean Paul II, architecte de plusieurs textes majeurs et orthodoxes en matière doctrinale et morale, prélat de plus en plus dissident sous Benoît XVI et carrément amazoniste sous François qui s'appuie beaucoup sur lui, encore au récent Synode Pachamama et qui a embrassé l'accueil pastoral le plus large possible de l'homosexualité dans l'Église autrichienne dès avant François.

Pareil pour un cardinal Dolan de NYC qui devient limpide grâce à Martel lui qui passait pour un défenseur de la morale catholique sous Jean Paul II et Benoît XVI et qui maintenant ne dit rien au Gouverneur démocrate "catholique" de New York qui fait voter avec applaudissement une loi autorisant l'infanticide des bébés nés malgré avortement.Et invite les LGBTQ+ à la parade de Saint Patrick qu'il préside en 2015, dont la chancellerie et le clergé se révèlent remplis de pratiquants homosexuels et dont le diocèse est menacé par une vague de plaintes considérable pratiquement toutes pour abus sexuels sur jeunes et garçons. Au point que le risque de faillite est envisagé.

L'apathie passive et complice de 90% des évêques américains devient moins surprenante après la lecture de Martel. L'absence ou presque de réaction aux multiples de Mgr Vigano est également plus facile à saisir outre le dévoiement de la romanité (juste) en papisme aveugle et intéressé.

ps. j'ajoute que des études locales déjà anciennes avaient mis le doigt sur ce phénomène : Michael Rose sur les séminaires américains Goodbye Good Men montrait en 2002 le rôle des camarillas homosexuelles et libérales, les rapports publics de 2004 et ensuite aux USA, les multiples rapports en Irlande, en Allemagne, les scandales Groer en Autriche et du séminaire de Mgr Krenn devenu une sorte de club gay. Martel n'est pas une hirondelle isolée dans un ciel bleu !
Or à l'époque donc 16 avant McCarrick et Buffalo et ... voici comment une universitaire catholique recensait le livre de M. Rose dans un media catholique, exactement comme Chiron :

"Goodbye! Good Men is, at best, an ideological rant about the decline of orthodoxy and the prevalence of gays in the priesthood and, at worst, a potentially libelous attack on Catholic seminaries." [c'est au mieux une tirade idéologique sur le déclin de l'othodoxie et la prédominance des gays dans le clergé et, au pire, une attaque potentiellement polémique et vicieuse sur les séminaires catholiques]

Depuis bien sûr tout ce qui était écrit en 2002 s'est vérifié et au centuple !

Au passage, Philippe Levillain a écrit un livre bourré d'erreurs des quantités à toutes les pages sur Mgr Lefevre : il siège ou a siégé longtemps quand même au Comité historique pontifical et il a eu longtemps une émission sur France Culture. Tout ce qu'il a écrit dans sa vie n'est pas à jeter pour autant et même ce livre contient une cinquantaine de pages vraiment utiles et justes.

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