je comprends bien ce que vous écrivez, vous n'êtes pas le premier, mais désolé, cela ne fonctionne pas.
Cela doit s'enseigner au séminaire de Lille ou d'Orléans, en licence à Saint-Denis ou à l'EHESS...
Où classez-vous les taudis et les bidonvilles dans votre raisonnement ? Parmi les espaces (sic) péri-urbains, donc intégrés davantage que les campagnes au "progrès" ?
Pas beaucoup d'élevage en Beauce.
Vous regrettez le temps où l'on faisait son pain soi-même ?
Vous donnez des arguments aux gauchos qui considèrent que l'industrialisation, par nature, déchristianise. Le christianisme serait une variable des sociétés traditionnelles. C'est un peu hégélien votre truc.
Vous êtes donc aussi un peu anthropologue : il y a des invariants et de grosses ruptures, l'Homme existe...
Mettez-moi à côté de mes voisins qui font du sport le dimanche matin, étendent des chaussettes dans le cour de l'école publique au nom d'un projet artistique, regardent le foot, ont pour seuls livres des bandes dessinées, ne connaissent ni Bach ni Yann R. du Cl. ; vous verrez si les mâles du quartier sont réductibles à Un.
J'espère que vous savez que des historiens modernistes pensent que des pans entiers de la France n'étaient pas christianisés... En pleine campagne !
Connaissez-vous l'Yonne ou l'Aube au XIXe siècle ? Certaines parties du Gard et de Bretagne du Nord ?
Mes grands-pères portaient la cravate le dimanche, se lavaient, ne lisaient jamais La Croix mais pour mon grand-père maternel Science et Vie. Aucun des trois morts pour lors n'a eu de messe aux funérailles, malgré leur demande motivée et la présence de prêtres amis le jour de la célébration de la Parole... Leurs villages d'une centaine d'habitants n'étaient pas du tout soudés. Dès le début du XXe siècle, il y avait les familles pratiquantes et les autres. Il y avait encore le vote républicain et le vote royaliste.
Vous imaginez que les villages étaient habités par des frères, les femmes mettaient des fleurs dans les cheveux en allant moissonner au son de l'angelus... Tous les curés étaient doctes et propres sur eux. Les enfants n'étaient pas parfois tués à la naissance, tout le monde ne couchait qu'avec sa femme, l'inceste n'existait pas, les superstitions n'étaient pas foisonnantes (on ne fait pas mieux aujourd'hui avec les parfums et les joggings, les lotos...).
Dans mon diocèse natal, en 1990, tel village avait une pratique proche du zéro (j'espère que les gens avaient le droit de travailler à la ville... les vrais vieux paysans ont disparu à ce moment-là), tel autre avec leur vieux curé (parfois curé depuis 30 ou 40 ans) avait 95 % de pratiquants, la messe tous les dimanches, autant d'hommes que de femmes, une chorale solide, des gamins qui sonnaient les crécelles, un curé respecté de tous (même des athées ou des rouges), des vocations.
Tel petit village de 250 habitants (au doigt mouillé) dans les années 1920-1970 donna dix prêtres, dix religieuses, trois ou quatre religieux. Le dernier curé est mort vers 1980.
Si vous avez des amis en sociologie religieuse, j'aimerais que l'on tente une partie d'explication (une parmi mille !) en cartographiant la disparition du dernier curé au XXe siècle résident au presbytère. Le contrôle et l'aura qu'il exerçait n'étaient pas toujours négligeable. Quand le curé d'Ecouis est mort l'an dernier, tout le bourg a pleuré, ou presque. On a vu aussi l'emprise (bénéfique) qu'eut l'abbé Michel par là-bas. Et le curé d'Ars...
Changer les curés tous les 3, 6 ou 9 ans devrait être vu comme un "progrès". Un curé ne doit pas s'attacher à ses églises, à des personnes, à des cimetières, à ses servants... Evêques sans coeur pour ceux qui obligent à cela, et évêques très mal conseillés. Evêques aussi qui n'ont jamais été curé ou alors de manière occasionnelle, ou sur le tard.
Vous ne devriez pas déserter les "structures" de l'Eglise.
Il se trouve des prêtres et des évêques courageux, exceptionnels. Quand, comme à Orléans, le chef ne fait pas du tout envie, on peut être indifférent et ne pas se rendre à la convocation synodale pour la photo et le vide. On lui souhaite une belle promotion d'archevêque de Tours pour attendre un nouvel évêque comme il y a en de formidables depuis une bonne dizaine d'années (il y en eut avant aussi...).
Nouvelle provocation de ma part allez-vous dire : pourquoi ne pas avoir des évêques de 40 ans ?!
Ne me parlez pas de maturité.
A quel âge doit-on communier ?
Hein ?!
Ma fille a communié à cinq ans (dans la forme traditionnelle), car le prêtre l'a décidé, nous ne demandions rien. Croyez-vous que tous les matures (eh plus que mûrs...) défilent tous en communiant de dix manières, savent exactement ce qu'ils "font" ? Je me pose aussi la question pour moi. On devrait s'approcher de la Sainte Table (quand elle existe encore...) qu'en tremblant et plus bas que terre.
Mon compatriote Vilnet est devenu évêque de St-Dié à 42 ans !
Et on ne compte pas les excellents évêques ordonnés à 30 ans et même avant avec l'indult du pape dans l'histoire de l'Eglise.
Mon curé (paroisse diocésaine) qui doit avoir la petite quarantaine a le "punch" et la droiture qui ferait de lui un magnifique évêque, solide, charitable, attentif à ses vieux prêtres, entraînant, athlétique, joyeux, moderne (soutane comprise), direct, tenant tête aux ennemis de l'Eglise (y compris ceux de la cinquième colonne), ne lisant pas La Croix. La comparaison avec certaines mitres des années 70-2000, et même encore aujourd'hui, serait cruelle.
Mais vos amis attendent d'un prêtre qu'il ait la maturité... 50/55 ans environ. Je moque de l'âge et je milite aussi contre les limites d'âge pour les curés et les évêques. Un vieil évêque de 90 ans peut encore confirmer. Libre à lui de résigner à 70 ans ou le jour de ses 91 ans.
Désolé, avec le progrès qui vous est si cher, les hommes vieillissent mieux, plus tard qu'autrefois. En ce sens, la limite d'âge imposée par Paul VI aux cardinaux électeurs n'a pas de sens. Le cardinal Tisserant avait pesté, et pas qu'un peu, au sujet de cette chasse aux vieux.
Bien cordialement Signo.