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Que de confusion!
par Signo 2019-04-14 20:45:58
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J'ai l'impression qu'un peu tout le monde -et à commencer par les journalistes- mélange tout et confond tout dans ces histoires.

Il y a une campagne de presse actuellement, qui tend à révéler ce qui est une vérité, à savoir qu'un nombre important de prêtres au Vatican, en Europe et dans le monde (la majorité probablement) ne respecte pas le célibat et, pour un certain nombre, en Europe en tout cas, mène une double vie homosexuelle.

La conclusion que l'on tire de cette vérité est un mensonge: elle revient à dire que l'Eglise est "homophobe" (comprendre: opposée à une pratique homosexuelle) parce qu'elle est composée d'homosexuels refoulés et aigris.

Bien sûr, c'est faux.
Certes, il y a eu ce type de profils, notamment du temps de Jean-Paul II - Benoit XVI (ex: le cardinal Trujillo, conservateur en apparence, dépravé menant une double vie homosexuelle en cachette).

Sauf que l'on oublie de dire qu'il s'agit d'une petite minorité. La majorité des prélats qui mènent une vie de dépravation sont soit des girouettes sans conviction qui s'alignent sur la ligne du pape régnant par carriérisme (conservateurs quand le pape est conservateur, progressiste quand le pape est progressiste), soit de vrais progressistes qui nous refont le coup de Martin Luther: transformer des "problèmes" personnels en changement de doctrine. Aujourd'hui, plus un prélat est progressiste, plus il est dépravé sur le plan des moeurs, et inversement (McCarrick, Farrel, Maradiaga, Coccopalmerio, Martin, etc, la liste est longue). Les prélats qui s'affichent "conservateurs" et qui mènent une double vie ont pu exister sous les pontificats précédents mais ils sont de moins en moins nombreux, pour la simple raison que c'est une position intenable, dans un monde où tout finit par se savoir. Donc la situation ne va pas s'améliorer (loin de là), mais elle va se clarifier: d'un côté, des prélats corrompus qui vont de moins en moins se cacher et de plus en plus réclamer et promouvoir des ruptures doctrinales (ils sont majoritaires); de l'autre, des prélats fidèles mais minoritaires, menant une vie intègre, fidèles à la doctrine justement parce qu'ils ont une vie intègre (les deux vont ensemble, et iront de plus en plus ensemble à l'avenir).

L'opposition de l'Eglise à l'homosexualité active est fondée sur l'Ecriture sainte et la morale naturelle, et a été prolongée à des époques où le clergé était majoritairement composé d'hétérosexuels (chastes ou pas, ce n'est pas la question). Donc sur ce point la thèse de F. Martel ne tient pas.

Pour ce qui est du problème des "doubles vies" de nombreux membres du clergé et du non-respect du célibat en général, voir ce que j'écrivais ici à propos des trois causes superficielles de la faillite cléricale actuelle (sélection déficiente, formation déficiente, suivi déficient).

Les causes plus profondes sont décrites par le cardinal Sarah dans son dernier livre (effondrement de la spiritualité, crise de la foi, crise de la liturgie entraînant une crise de l'identité sacerdotale).

Le problème n'est donc pas le célibat en lui-même et tel qu'il est sensé être vécu dans l'esprit de la Tradition de l'Eglise, le problème vient des conditions dans lesquelles ce célibat s'exerce. La nuance est de taille.

La masse des clercs indignes, finalement, est à l'image du peuple des fidèles: on ne respecte plus aucune règle, on ne prie plus, on ne met pas la vie intérieure au centre des préoccupations, on se laisse influencer par la mentalité ambiante, on abandonne la doctrine, etc. le peuple de Dieu a les pasteurs qu'il mérite. La foi, la pratique de la foi n'est plus qu'un joli décor de théâtre qui permet de faire illusion, mais le coeur n'y est plus. Il me paraît évident que les McCarrick et les Coccopalmerio, où même tous les prêtres qui de par le monde mènent une vie scandaleuse, n'ont aucune vie intérieure: ce sont simplement des types qui occupent des places et profitent des avantages qui y sont attachés (pouvoir, argent, commodités diverses), font semblant quand on leur demande de "jouer au curé" au cours des célébrations publiques, mais ce ne sont pas des hommes de Dieu. Probablement ne l'ont-ils jamais vraiment été. Finalement, la situation est comparable à celle de ces prélats d'Ancien Régime, qui étaient cardinaux ou évêques (cf. Talleyrand) pour des raisons autre que spirituelles, mais qui ne pensaient qu'à l'argent, au sexe, au pouvoir. Nihil novo sub sole, nous dit l'Ecriture.

Je me suis toujours demandé comment est-ce qu'il pouvait y avoir encore des "vocations" dans les milieux où l'on ne prie plus, où la spiritualité sérieuse est considérée comme la dernière roue du carrosse. Aujourd'hui je connais la réponse: tous ces prêtres n'étaient déjà pas chrétiens avant d'entrer dans les ordres, ils ont été recrutés par cooptation par des homosexuels déjà dans la place, jusqu'à ce qu'ils deviennent progressivement majoritaires dans certains endroits. Qu'ils se livrent une fois "en poste" à tous les vices possibles et imaginables n'est guère surprenant; le contraire eût été étonnant. On utilise, pour justifier la fin du célibat et le ralliement de l'Eglise à l'ultralibéralisme occidental, les cas de très nombreux prêtres effectivement indignes, mais qui de toute façon n'ont jamais eu l'intention de vivre et prolonger le sacerdoce du Christ. Le procédé est malhonnête, mais vous verrez que ça va marcher, tellement le système médiatique travaille dans ce sens, et tellement les gens sont devenus à la fois ignorants, incultes et influençables.

Donc la solution à la crise actuelle, on la connaît. Elle ne réside pas dans des "réformes" de structures (qui peuvent être nécessaires mais qui seront toujours secondaires par rapport à l'essentiel), dans l'abandon de la doctrine traditionnelle, ni dans le mariage des prêtres (un corrompu marié reste un corrompu). Elle porte un nom: conversion.

Il faut enfin prendre sa foi chrétienne au sérieux et la considérer, non comme un "vernis bourgeois" (que chacun se sente visé, moi le premier), mais comme une conviction fondamentale qui transforme l'existence, il faut constituer des communautés chrétiennes vraiment convaincues, ferventes et soudées autour de leurs pasteurs, il faut restaurer la liturgie dans sa dimension mystique, remettre la vie intérieure au sommet de la hiérarchie des valeurs, bref, en gros, il faut résolument se tourner vers Dieu.

Sinon l'Eglise visible disparaîtra.

     

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