Rebonjour à Tibère,
A mon avis, les quatre papes suivants : Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI, ont cherché à "composer", en eux et autour d'eux, pendant un demi-siècle, avec des courants de pensée philosophiques et théologiques plus ou moins indirectement propices à une espèce de "décomposition du catholicisme", pour reprendre le titre du livre de Louis BOUYER (1968).
Sans doute ont-ils cru qu'en procédant de cette manière ils pourraient gagner sur les deux tableaux, c'est-à-dire,
- d'une part, sur le tableau de l'assagissement de ces courants, par incorporation de ce qu'il y a de moins mauvais, dans ces courants, au Magistère et à la pastorale de l'Eglise catholique,
et
- d'autre part, sur le tableau de l'actualisation, id est de la modernisation du discours de l'Eglise sur Dieu, sur l'Eglise, sur l'homme, sur le monde, afin que ce discours soit plus attractif.
Mais aujourd'hui nous voyons bien, nous voyons tous, que tout n'est pas compatible ou conciliable avec tout, et qu'il est probablement impossible d'être à la fois catholique en plénitude, dans le respect de l'identité et de l'intégrité des fondamentaux du catholicisme, et postmoderne en plénitude, notamment dans le respect du confusionnisme et du consensualisme, en matière (inter)religieuse, et dans celui du relativisme et du subjectivisme, en matière morale.
Il me semble donc que nous vivons depuis mars 2013 la fin d'un rêve, la fin d'une chimère, la fin d'un fantasme : la chimère ou le fantasme d'une possibilité de conciliation presque systématique entre le catholicisme et telle ou telle composante de la mentalité dominante, dans un monde occidental désormais devenu plus hédoniste qu'humaniste.
En ce sens, le pape François, depuis son élection en mars 2013, rend un service signalé à l'Eglise et aux fidèles, en montrant dans quelle mesure et jusqu'à quel point cette perspective ou tentative de conciliation presque systématique entre les fondamentaux du catholicisme et une partie de la mentalité dominante, partisane, notamment, de l'égalitarisme en matière (inter)religieuse et en matière morale, nuit grandement et gravement à la cohérence, à la consistance, à la pertinence et au réalisme du discours tenu et des actes posés, précisément dans le cadre de la mise en oeuvre de cette tentative de conciliation.
Bonne journée.
Scrutator.