Rebonjour à JVJ,
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que nous sommes aujourd'hui fréquemment en présence de philosophes et de théologiens, officiellement catholiques, qui sont avant tout les actualisateurs, les continuateurs, les légitimateurs et les conservateurs, dans l'acception non conservatiste de ce terme, de l'épistémè ou de la forma mentis qui a commencé à apparaître dès 1945 ou, en tout cas, dès le début des années 1950, même si, évidemment, les pères fondateurs de cette manière de réfléchir, qui est aussi une manière d'amener ou d'obliger les fidèles à réfléchir de la même manière, ont commencé à sévir dès les années 1930, au sein du catholicisme, mais aussi, on le souligne moins souvent, au sein du protestantisme.
Qu'est-ce qu'une épistémè ? Je vous renvoie à ceci :
Ici.
Personnellement, je ne sais pas où en est l'Académie catholique de France, mais je sais qu'il faudrait pouvoir commencer, ou continuer davantage, à y contrer, à y compléter, à y corriger l'épistémè dominante, ou la forma mentis dominante, laquelle est, entre autres, post-aléthiste, post-dogmatique, post-orthodoxe, post-réaliste, mais aussi, ici où là, idéaliste, immanentiste, intersubjectiviste, phénoménologiste.
Le problème que je soulève est un problème qui a déjà existé, dans l'histoire de l'Eglise, dans la mesure où l'épistémè actuellement dominante est apparue pour contrer l'épistémè antérieure, qui était alors dominante, et qui fonctionnait alors à l'aristotélico-thomiste, voire à un organicisme substantialiste d'inspiration suarézienne.
Mais même si l'épistémè qui a été officiellement dominante, au sein du christianisme catholique, jusqu'à la fin des années 1950, était amendable et perfectible, elle n'a jamais porté gravement atteinte à l'évangélisation, à la réception et à la transmission du catholicisme au sein de l'Eglise, etc., alors que l'épistémè qui est officiellement dominante, depuis le début des années 1960, elle, valorise et véhicule un regard et un discours du catholicisme sur lui-même, mais aussi sur son environnement extérieur, qui sont en mesure de porter très gravement atteinte à l'évangélisation, mais aussi au respect et au souci effectifs du catholicisme au sein de l'Eglise, ce dont certains intellectuels catholiques ont conscience.
Nous sommes aujourd'hui en présence d'un système de pensée qui, dans le meilleur des cas, est autobloquant, et le déblocage viendra d'une remise en cause de certaines "autorités" héritées du passé : Congar, Rahner, Heidegger, Levinas, mais le moins que l'on puisse dire est que ce déblocage n'est pas encore à l'ordre du jour...
Bonne journée.
Scrutator.