Bonjour JVJ,
Il me semble vraiment que ce qui nous tue, au moins depuis le début des années 1960, ce n'est pas avant tout de l'anti-intellectualisme, mais c'est avant tout de l'anti-positionnalisme, à cause du refus latent ou patent de bien des clercs catholiques, au sens large (des chroniqueurs, des débatteurs, des essayistes, des journalistes, des philosophes, des théologiens, des cardinaux, des évêques) de prendre position, d'une manière explicitement, radicalement, spécifiquement et substantiellement catholique, notamment face aux conceptions dominantes de l'homme et du monde contemporains et face aux conceptions dominantes des religions non chrétiennes.
D'une part, de l'anti-intellectualisme, j'en ai connu chez des catholiques rénovateurs, ou transformateurs du catholicisme, mais j'en ai connu aussi chez des catholiques traditionnels, ou préservateurs du catholicisme.
D'autre part, les intellectuels que vous citez ne fonctionnent pas avant tout, c'est le moins que l'on puisse dire, à l'anti-intellectualisme, et il arrive même que certains d'entre eux fonctionnent avant tout à l'intellectualisme, au point de recourir à un langage ésotérique, et non à un langage compréhensible.
En revanche, ces intellectuels catholiques se refusent fréquemment à recourir au positionnalisme catholique le plus déplaisant, dérangeant, dissensuel ou dissonant qui soit, notamment et surtout ad extra, que ce soit pour des raisons liées à leur carrière ou pour des raisons liées à leurs convictions.
Nous sommes aujourd'hui dans une Eglise catholique dans laquelle, bien souvent, plus on est diplômé, en philosophie, en théologie, et moins on accepte de dire, clairement et fermement, "où est le problème" (alors qu'il s'agit d'un énorme problème),
- d'une part, au coeur de telle conception dominante de l'adogmatisme et de telle conception dominante de l'oecuménisme,
- d'autre part, au sein de telle conception dominante du dialogue interreligieux et des religions non chrétiennes,
- enfin, au coeur de telle conception dominante du dialogue interconvictionnel et des valeurs contemporaines.
Mais les clercs concernés auraient-ils été acceptés, dans les structures dans lesquelles ils ont été formés, s'ils avaient eu, hier, une attitude ouvertement positionnaliste, et seraient-ils acceptés, dans les structures dans lesquelles ils exercent, s'ils avaient, aujourd'hui, un comportement publiquement positionnaliste ?
Bonne journée.
Scrutator.