Quoique mon propos n’était pas de traiter en particulier du cas d’un Pape qui agirait arbitrairement, mais d’une manière générale de signaler que dans toutes les sociétés régis par une autorité humaine – l’Eglise – non exclue, il peut arriver que celle-ci exige une docilité qu’il ne serait pas raisonnable de lui accorder.
La raison en est qu’une loi où un ordre qui serai contraire ; soit à la loi naturelle soit à la loi divine ne serai pas une véritable loi, ni un ordre légitime. Dans ce cas ne pas se soumettre n’est pas une véritable désobéissance.
Saint Thomas d’Aquin dans sa somme théologique explique clairement les limites de l’obéissance aux hommes par rapport à Dieu :
« L'homme est soumis à Dieu de façon absolue, pour tout : intérieurement et extérieurement. Or les sujets ne sont pas soumis à leurs supérieurs en toutes choses mais seulement dans un domaine déterminé. Et même pour celui-ci, ils sont des intermédiaires entre Dieu et leurs sujets. Quant au reste ils sont immédiatement soumis à Dieu, qui les instruit par la loi naturelle ou la loi écrite. » (1)
La compétence de l’autorité humaine concerne un domaine déterminé, circonscrit de la sorte il trouve là un de ses limites. L’autre étant que toute autorité humaine est fondée sur Dieu et celui qui l’exerce n’est qu’un intermédiaire qui venant à s’écarter de la volonté divine dans un commandement particulier n’oblige pas moralement ses sujets.
Et cela, est valable même pour les religieux qui s’obligent par vœu, selon le saint docteur :
« Les religieux font profession d'obéissance quant à la vie régulière selon laquelle ils sont soumis à leurs supérieurs. C'est pourquoi ils ne sont tenus d'obéir que pour ce qui peut concerner la vie régulière. Telle est l'obéissance qui suffit au salut. S'ils veulent obéir en autre chose, cela relève d'un surcroît de perfection, pourvu que rien de cela ne soit contraire à Dieu, car une telle obéissance serait illicite. » (2)
Cela se passe de commentaires. Ainsi selon le docteur angélique :
« On peut donc distinguer trois espèces d'obéissance : l'une, suffisante au salut, obéit en tout ce qui est d'obligation ; la seconde, parfaite, obéit en tout ce qui est permis ; la troisième, excessive, obéit même en ce qui est défendu. » (3)
Quand il s’agit de l’autorité du Pape qui bénéficie d’une assistance divine particulière la marge d’erreur est moindre mais réelle. En ce qui concerne la foi, les définitions dogmatiques sont un point d’appui, puisque le Pape lui-même n’a pas le pouvoir de les modifier, mais c’est un de ses premiers devoirs de les garder.
Dans les autres domaines il faut tenir compte de l’enseignement du magistère dans la durée, ce qui a été enseignée sans discontinuité pendant de siècles ne saurait être abandonné sans un grand risque d’erreur et le plus prudent est de s’y tenir.
(1) II- II q. 104 art. 5 ad 2
(2) Idem ad 3
(3) idem
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