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S'agit-il encore de modernisme au sens strict de ce terme ?
par Scrutator Sapientiæ 2016-05-09 07:17:56
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Bonjour, Presbu.

S'agit-il encore de modernisme au sens strict de ce terme ? C'est la question que je me pose, depuis déjà au moins trois ans.

Là où il n'y a plus, ou presque plus, de définitions doctrinales ou dogmatiques, c'est-à-dire de réception et de transmission des définitions dogmatiques, de respect et de souci du sens des définitions dogmatiques, notamment sur la Trinité, l'Incarnation, la Rédemption, ET DE COMPREHENSION DU FAIT QUE CES DEFINITIONS SONT AUSSI DES OPPOSITIONS NECESSAIRES ET LEGITIMES A DES ERREURS, c'est la moindre des choses qu'il n'y ait plus de place, ou presque plus de place, que pour des incantations pastorales (comprenez : consensuelles) et pragmatiques (comprenez : à géométrie variable).

Dans ces conditions, il est toujours possible d'introduire une pièce de monnaie dans le distributeur automatique d'accommodements raisonnables ou, comme vous l'écrivez, tolérables, et cette pièce de monnaie n'a même plus besoin d'être avant tout "libérale", "moderniste", "progressiste", ou "protestantisante", à proprement parler, pour provoquer le fonctionnement du distributeur : il lui suffit de vouloir être, tout simplement, au goût du jour, ou plutôt en accord global, suiviste, avec la vision que l'on a du goût du jour.

Je veux dire que si les modernistes d'avant-hier et d'hier ont vraiment été des intellectuels, si les plus âgés des modernistes d'aujourd'hui (Geffré, Moingt) sont encore vraiment des intellectuels, il y a fort à parier que les plus jeunes des modernistes d'aujourd'hui, et que les modernistes de demain, seront avant tout inspirés par une approche relationnelle, sentimentale, ou "sociétaliste" des êtres, des idées, des actes, des choses, une approche dans le cadre de laquelle les fidèles seront incités à ne pas réfléchir, ou à réfléchir de la manière la plus "évangélique" possible.

Les manifestations, doctrinales ou pastorales, d'approximation, d'hétérodoxie, d'imprécision, d'imprudence, d'incohérence, d'incomplétude, d'inconséquence, non dramatisées, mais légitimées, à grands renforts de références à un "esprit de l'Evangile" comparable à une auberge espagnole, ne sont certes pas accidentelles, d'autant plus qu'elles sont indispensables au fonctionnement de ce courant de pensée et d'action.

Je crois que l'un des meilleurs exemples de ce dont il est question ici se trouve dans les homélies dominicales, ou dans certaines méditations matinales,

- dans lesquelles le discours tenu a la vertu informative la plus faible possible, sur le texte de l'Evangile qui est "commenté",

- dans lesquelles l'intervenant s'exprime en recourant le plus souvent à des propositions indépendantes juxtaposées,

a) sans le moindre approfondissement thématique, au moyen de plusieurs phrases consacrées à un même thème,

b) sans la moindre articulation hiérarchisante entre les différentes phrases d'un même paragraphe,

ou

c) sans que le discours tenu soit à la fois charpenté par une structure et transmetteur d'un substance doctrinale.

Que voulez-vous...Il ne faut pas, il ne faut plus, que les fidèles puissent repérer les manques ou les oublis, dans le discours qui est tenu, et il ne faut pas ou plus qu'ils puissent remarquer, puis faire remarquer, que ce dont il est très fréquemment question va presque toujours dans le même sens, très "horizontal", et que ce dont il est très rarement question va presque toujours dans un tout autre sens, beaucoup plus "vertical"...

Il est piquant de constater que ceux-là mêmes qui recourent, ou font recourir, à de tels artifices de présentation, tout à fait superficiels, vous disent en substance que cette façon de procéder est la plus authentiquement évangélique, la plus profondément chrétienne, comme s'il était authentiquement évangélique de déconcerter et de désorienter les fidèles, en passant d'une idée à une autre, sans rien approfondir ou sans rien développer, ou comme s'il était profondément chrétien de faire (à nouveau) entendre, avant tout, voire seulement, qu'il s'agit de CROIRE EN L'HOMME et qu'IL SUFFIT D'AIMER les hommes, d'une manière susceptible de réduire le christianisme catholique à un solidarisme spontanéiste.

Bonne journée.

Scrutator.

     

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      Merci XA par Pol  (2016-05-06 09:05:14)
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              confusion " post-conciliaire gradualité" en doctrineet en pastoraleet [...] par Presbu  (2016-05-07 10:46:22)
                  S'agit-il encore de modernisme au sens strict de ce terme ? par Scrutator Sapientiæ  (2016-05-09 07:17:56)
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