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S'ils disent vrai pour l'avenir, ils ne le disent pas pour le passé.
par Scrutator Sapientiæ 2016-05-08 08:41:16
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Bonjour, bon dimanche, et merci, Ion.

A. Je me suis, même sans le savoir, mal fait comprendre, puisque vous avez, même en me lisant, mal compris.

Je vous cite : "En disant "C’est vrai, ce concile n’a pas voulu obliger", vous avez mille fois raison."

B. Le problème est que je ne dis pas cela, et que je dis même à peu près le contraire : ceux qui disent cela, en contradiction avec tout ce dont les catholiques ont été témoins, depuis le milieu des années 1960, ce sont certains des interlocuteurs romains récents de Mgr FELLAY :

" Et dans les relations que nous avons avec Rome, il y a des choses encore plus étonnantes et que nous relions à cette situation chaotique. Là récemment, pour la première fois, nous avons pu entendre à Rome que nous n’étions plus obligés d’accepter le Concile. Vous vous rendez compte : c’est énorme ! On nous a dit : « Vous avez le droit de maintenir cette opinion ». Ce n’est pas encore : « Nous avons eu tort », ce n’est pas encore : « le Concile était mauvais », mais c’est : « le Concile ne peut pas obliger ». On ne peut pas obliger quelqu’un à accepter le Concile pour être catholique. Alors que c’est ce qu’on nous a dit jusqu’à maintenant. Jusqu’à il y a deux ans en arrière, c’était : « Si vous voulez être catholiques, vous devez accepter le Concile, vous devez accepter la bonté de la nouvelle messe ». Eh bien ! maintenant on nous dit : « Non, vous ne le devez pas, parce que cela n’a pas le degré d’obligation » ; ils utilisent des termes pas assez précis. On nous dit : « Ce n’est pas doctrinal, c’est pastoral ». C’est un peu ce que nous avions dit nous-mêmes : « Ce concile est pastoral et il n’a pas voulu obliger ». Tout d’un coup maintenant, on nous le concède : « C’est vrai, ce concile n’a pas voulu obliger ». "

C. Face au Concile Vatican II, y compris face à quatre points présents, dans le Concile, dans des textes qui ne sont ni des Constitutions dogmatiques, ni des décrets d'application ad intra, dans l'acception la plus classique de ce terme, le Concile a bel et bien voulu obliger, ou plutôt les hommes d'Eglise ont bel et bien voulu que le Concile oblige. Sinon, nous n'en serions certes pas là où nous en sommes, depuis à présent un peu plus d'un demi-siècle.

D. Face à ces quatre points, et alors qu'aucun de ces quatre points n'est adossé à une position de principe à caractère explicitement et officiellement dogmatique, les catholiques n'ont pas eu le choix, ou plutôt si, ils ont eu le choix : ils ont eu le choix entre être pour et ne pas être contre, entre être formellement pour et ne pas être frontalement contre. Il est vrai que s'ils avaient eu le choix, non seulement "cela aurait fait désordre", mais en outre cela aurait permis de faire connaître à davantage de catholiques les "zones de fragilité" présentes dans les conceptions conciliaires, stricto sensu, du dialogue oecuménique, du dialogue interreligieux, de la liberté religieuse, de l'homme et du monde contemporains.

E. Il existe une notion que je n'apprécie guère, pour des raisons de forme, mais qui va peut-être me permettre de me faire comprendre un peu moins mal : c'est la notion de "points non négociables".

F. Eh bien, imaginons un seul instant que ce que disent les interlocuteurs romains récents de Mgr FELLAY soit "vraiment vrai", pour l'avenir : cela voudrait dire que les conceptions conciliaires, stricto sensu, du dialogue oecuménique, du dialogue interreligieux, de la liberté religieuse, de l'homme et du monde contemporains, auront été considérées comme "des points non négociables" pendant un demi-siècle, de 1965 à 2014, mais que, depuis un an et demi, selon Mgr FELLAY, ces conceptions sont susceptibles de ne plus être considérées comme "des point non négociables".

G. S'il advenait prochainement que l'on nous informe que le Concile Vatican II n'oblige pas, ou plutôt n'oblige plus, sur ces quatre points, ce serait en contradiction avec la conception du caractère "non négociable" du Concile Vatican II en général, et de ces quatre points en particulier, conception qui a été celle de Paul VI, de Jean-Paul II, et même, mais dans une moindre mesure, de Benoît XVI.

H. Je pense ici au raisonnement suivant, mais je ne suis évidemment pas à l'intérieur de la conscience de ceux qui sont susceptibles de le tenir, notamment depuis Rome :

"Puisque ce que nous persistons à prescrire et à pratiquer apparaît clairement comme emportant de moins en moins l'adhésion des fidèles, ou comme étant de plus en plus dysfonctionnel, ne serait-ce que parce qu'une partie des confessions chrétiennes non catholiques, une partie des religions non chrétiennes, une partie de ce qui caractérise l'homme et le monde contemporains, s'avèrent de plus en plus éloignées de, ou opposées à la vision que les Pères du Concile en ont eu, dans la première moitié des années 1960, nous n'avons plus qu'à nous préparer à autoriser les uns et les autres à avoir, pour l'avenir, une appréciation différenciée, sur ces prescriptions et ces pratiques".

"Mais comme il n'est évidemment pas question pour nous de laisser entendre que qui que ce soit a été trompé, s'est trompé, a trompé, sur quoi que ce soit, et qu'il n'est pas davantage question pour nous de désavouer qui ou quoi que ce soit, nous n'avons qu'à commencer à dire qu'une grande partie de ce dont il est question repose sur un malentendu originel, aux conséquences déplorables, auxquelles il convient de porter enfin remède, en faisant semblant de "rappeler" que, sur les points qui ne passent décidément pas, ou qui ne sont décidément pas aussi féconds qu'ils devraient pouvoir l'être, LE CONCILE N'A PAS VOULU OBLIGER."

Là où vous, de votre côté, me parlez pour ainsi dire du "simple rappel" d'une vision du caractère "non impératif" du Concile, vision qui aurait toujours été à l'ordre du jour, qui aurait toujours été vraie, depuis la clôture du Concile, je suis, pour ma part, en train de vous parler d'une vision qui, dans le meilleur des cas, commence à être vraie depuis moins de deux ans, qui ne pourra être vraie, à l'avenir, que pour l'avenir, et qui ne l'est pas encore, en tout cas, d'une manière officielle.

Je vous prie de bien vouloir m'excuser pour la longueur de ce message, vous remercie de m'avoir donné l'idée de le rédiger, et je vous souhaite un bon dimanche.

Scrutator.

     

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