J'espère que M. Perrin me pardonnera. Si je réponds mal il corrigera en tout cas.
Voici le cas de figure que vous proposez :
Prenons maintenant un exemple concret :
- Deux couples de baptisés non croyants qui divorcent, l'un s'étant marié à l'Eglise, l'autre pas
- Dans les deux cas, il y a remariage de l'un des conjoints puis au contact du nouveau conjoint, conversion et retour à la foi.
- Le premier n'a aucun problème pour se marier religieusement, sans même que les conditions du cardinal Kasper ne soient nécessaires. Il a accès aux sacrements.
- Le second, dont le mariage n'a pas été reconnu nul par l'Eglise, se retrouve dans la situation évoquée par le cardinal Kasper au niveau des 5 conditions évoquées ci-dessus. Et pourtant, dans la situation actuelle, il ne peut recevoir les sacrements.
1) en premier lieu il me semble que vous avez commis une faute d’inattention : c’est le deuxième exemple (les baptisés qui se marient sans respecter la forme) qui ne présente pas de problème, et le premier, qui est valide (ceteris paribus), qui forme un empêchement à tout essai de mariage ultérieur.
2) Cela posé, vous posez la question « Est-ce juste ? Est-ce bien ? ».
La réponse à cette question pour la forme est claire pour tout chrétien qui prend la doctrine de l’Église au sérieux et qui croit à la réalité concrète de ce qu’est un sacrement : « Oui, c’est juste ». Vous le savez d’ailleurs et je ne vous rappelle rien : le deuxième couple n’a jamais été marié, a toujours vécu en état de concubinage, et a très bien fait de se séparer au moins
a thoro (c-a-d. de relations physiques) si ce n’est
a mensa (c-a-d. de cohabitation). Il faut les applaudir de s’être enfin quittés.
En revanche dans le deuxième exemple il y a mariage avec les devoirs qui en découlent ,
salvo judicio Ecclesiae.
Non seulement il y sacrilège à donner la communion aux membres du deuxième couple qui vivraient avec d’autres de façon matrimoniale, il y a également scandale si l’Eglise paraît ne pas chercher à les en dissuader. Et cela, ce n’est ni juste, ni bien.
Les conditions posées par le cardinal (et l’expérience pastorale sur le terrain indiquerait qu’elles seraient chimériques de toute façon) ne semblent pas exiger que le couple s’abstienne de—le mot est fort mais tant pis—la fornication, ce qui est grave, à moins qu’il s’imagine que cela va sans dire sous la rubrique de repentir. Si c’est le cas, dites-le moi, mais j’ai du mal à croire que ce sera interprété ainsi sur le terrain.
Bonne soirée,
Eucher