Je n'interviens que très peu sur le forum, mais là, je me suis dit que j'allais défendre la position de l'évêque, par principe. Parce que c'est l'évêque. Parce qu'il représente une autorité. Parce qu'une fois de plus, on fait des histoires parce qu'on est incapable de se convertir et se de remettre en cause...
Un jour, j'avais 15 ans, aux scouts, un aumônier du mouvement "tradi" (non schismatique) dans lequel je me trouvais nous avait dit, à nous CP, d'aller à une messe de la FSSPX en cas de choix entre une messe paroissiale et une messe FSSPX, si nous n'avions pas pu avoir une messe dite par l'aumônerie de la troupe.
Ce jour-là, j'ai compris ce que j'avais déjà plus ou moins perçu, à savoir que l'attachement au rite était supérieur à l'attachement à l'Eglise et donc, automatiquement, les deux étant inséparables, à l'attachement au Christ.
Depuis ce temps je ne cesse d'essayer de faire grandir mon attachement filial à l'Eglise et au Christ, je m'interdis toute critique du magistère, même si je ne comprends pas tout. Je fréquente les messes NOM des paroisses de France et je ne constate pas le vide dont vous parlez, en tout cas pas en ville. Je donne de mon temps au Secours Catholique (ce en quoi je suis considéré comme "catho de gauche"), je visite une maison de retraite, j'essaie d'être bon, d'être un homme spirituel, j'essaie de combattre farouchement en moi toute idéologie, je fais oraison minimum une heure et demie par jour, je vais à la messe tous les jours (la mauvaise hélas...) et pour finir, comme ça vous saurez tout, je me prépare à devenir prêtre.
Je suis parfaitement conscient que tout n'est pas rose dans notre pays, j'aime la belle liturgie, les beaux chants de Gouzes et Taizé, j'aime aussi la simplicité et la sobriété bénédictine. Je n'aime pas les chants cucu la praline, j'essaie de ne pas m'énerver intérieurement quand un prêtre fait et dit n'importe quoi en matière spirituelle ou liturgique. J'essaie de cultiver la vertu d'Espérance et de me dire que les fruits du concile Vatican II vont un jour percer, en partie grâce au travail pastoral de Jean-Paul II et Benoît XVI. Je me dis que Dieu se débrouille très bien sans nous, je le vois bien puisque je prépare 3 collégiens au baptême et je suis émerveillé du travail fait par l'Esprit-Saint en eux avant même qu'on leur parle du baptême.
Je lis saint François de Sales dont j'apprécie particulièrement la finesse spirituelle, je suis aristotélicien dans ma manière de penser, j'aime le langage clair et direct du pape François dont je me rends compte qu'il atteint une partie non négligeable de la population française qui est en train de se dire que l’Église est le dernier rempart contre la culture de mort et que son discours ne concerne pas uniquement la sexualité.
Je me dis que notre pays sombre de plus en plus dans la culture de mort, que nombre de Français crèvent de tristesse, d'ennui et de vide spirituel parce qu'ils n'ont plus la foi, que les églises se vident et vieillissent à la campagne et je vois que les catholiques se tirent dans les pattes pour des questions idéologiques liées à la liturgie ou s’arque-boutent sur des positions dont j'ai du mal à comprendre l'urgence pastorale (je pense en particulier aux idéologies dans certaines instances diocésaines). Pendant ce temps-là, le Christ n'est plus annoncé ni rencontré dans l'intimité de la prière et au contact de son Évangile.
Alors vous comprendrez, cher Rodolphe, que si je suis "à côté de la plaque" comme vous disiez, pour toutes les raisons que je viens d'évoquer, eh bien j'en suis extrêmement fier !
Très franchement, mais alors très franchement, je pense que se battre pour des questions de lecture lue par un prêtre ou un laïc quand nos contemporains crèvent de soif de Dieu, c'est vraiment, vraiment, manquer de discernement.