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Saint Thomas donc...
par Abbé Néri 2013-05-03 22:25:09
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Pour nourrir la réflexion autour du sujet, on peut – si vous avez le courage – étudier les explications théologiques que le docteur angélique donne dans les questions quodlibétiques sur l'étendue de la Puissance divine.

La question concerne directement le problème de la résurrection de la chair, mais les raisonnements étant au niveau de l'être ont une portée universelle.

Il faut bien sur distinguer c'est qu'est de puissance absolue et c'est qu' est de puissance ordonnée.

A noter particulièrement dans ce cas la citation de l’Écriture :

« En effet, Dieu a créé toutes choses pour qu’elles existent », comme il est dit dans Sg 1, 14, et non pour qu’elles tombent dans le néant. »

Bonne lecture aux courageux :

Question 3 Jusqu’où la puissance divine peut-elle s’étendre ?

Ensuite, il faut examiner jusqu’où la puissance divine peut s’étendre.
       À ce propos, deux questions sont posées.

Premièrement, Dieu peut-il ramener quelque chose au néant ?

Deuxièmement, si quelque chose était ramené au néant, Dieu pourrait-il le rétablir identique en nombre ?


Article 1 Premièrement : Dieu peut-il ramener quelque chose au néant ?
        
Il semble que Dieu puisse ramener quelque chose au néant.

En effet, la distance est égale du non-être à l’être et de l’être au non-être.

Or, Dieu peut faire quelque chose à partir de rien.

Dieu peut donc faire le néant à partir de quelque chose.

Cependant, Dieu ne peut être cause d’imperfection.

Or, la cause qui fait tendre vers le non-être est cause d’imperfection.

Dieu ne peut donc ramener quelque chose au néant.

Réponse. Nous pouvons parler de la puissance de Dieu de deux manières :

- d’une manière absolue, en considérant sa puissance ;
- et d’une autre manière, en la considérant par rapport à sa sagesse ou à sa prescience.

Si l’on parle de manière absolue de la puissance de Dieu, Dieu peut ainsi ramener toute créature au néant.

La raison en est que la créature est non seulement amenée à l’être par l’action de Dieu, mais aussi qu’elle est maintenue dans l’être par l’action de Dieu, selon ce que dit He 1, 3 : [Lui qui] soutient toutes choses par la parole de sa puissance.

C’est pourquoi Augustin dit, Commentaire littéral de la Genèse, IV, que «si la puissance de Dieu cessait un moment de diriger les choses créées, les espèces de celles-ci cesseraient au même moment et toute leur nature s’effondrerait».

Or, comme Dieu agit de sa propre volonté, et non par nécessité de nature, pour produire les choses, de même aussi [il agit] pour leur conservation.

Et ainsi, il peut retirer son action en vue de conserver les choses, et, de cette manière, toutes les choses tomberaient dans le néant.
Mais si nous parlons de la puissance de Dieu par rapport à sa sagesse et à sa prescience, il ne peut pas ainsi arriver que les choses soient ramenées au néant, car la sagesse divine n’en dispose pas ainsi :

En effet, Dieu a créé toutes choses pour qu’elles existent, comme il est dit dans Sg 1, 14, et non pour qu’elles tombent dans le néant.

Nous concédons donc le premier argument, pour autant qu’il s’appuie sur la puissance absolue.

Quelque chose peut être la cause de l’imperfection d’une [autre] chose de deux manières.

D’une première manière, par sa propre intention, comme lorsqu’en supprimant la lumière on cause l’obscurité ; de cette manière, il n’est pas nécessaire que ce qui cause l’imperfection soit la cause qui produit le défaut.

Ainsi Dieu peut-il être cause d’une certaine imperfection, de l’aveuglement, de l’endurcissement ou de l’annihilation, s’il le voulait.

D’une seconde manière, quelque chose est cause d’un défaut sans le vouloir, et alors il est toujours nécessaire que la cause du défaut soit la cause qui produit le défaut, car il arrive qu’un agent, en raison de son imperfection, ne produise pas la perfection visée dans son effet.

Et ainsi Dieu ne peut d’aucune manière être cause d’une imperfection ou du fait de tendre vers le non-être.


Article 2 Deuxièmement : si quelque chose a été ramené au néant, Dieu peut-il le rétablir identique en nombre ?


Il semble que Dieu ne puisse rétablir identique en nombre ce qui a été ramené au néant.

(1) Le Philosophe dit, Sur la génération, II, que :

«ce dont la substance est corrompue n’est pas rétabli identique numériquement».

Or, la substance de ce qui est ramené au néant est corrompue.

Cela ne peut donc pas être rétabli identique en nombre.

(2) À cela s’oppose ce que dit Augustin, La cité de Dieu, IV :

«Si la chair humaine avait complètement disparu et qu’aucune composante n’en était demeurée dans le secret de la nature, comment le Tout-puissant la rétablirait-il, s’il le voulait ?»

Or, ce qui est corrompu est ramené au néant sans qu’aucune matière demeure de la chose corrompue.

Dieu peut donc rétablir identique en nombre ce qui a été ramené au néant.

(3) «La différence est la cause du nombre», comme le dit [Jean] Damascène.

Or, le néant ne fait aucune différence, car «il n’y a pas d’espèce ni de différence de ce qui n’est pas», selon le Philosophe.

Ce qui est rétabli par Dieu peut donc être une seule chose identique en nombre, bien que cela ait été ramené au néant.


 Réponse. Dans ce qui peut être ramené au néant, il faut remarquer une différence.


         En effet, il y a certaines choses dont l’unité comporte par définition une continuité de durée, comme cela est clair pour le mouvement et pour le temps, et ainsi l’interruption de ces choses est contraire à leur unité en nombre.

Or, les choses qui comportent une contradiction ne font pas partie du nombre des choses possibles pour Dieu, parce qu’il leur manque une raison d’être.

C’est pourquoi, si ces choses sont ramenées au néant, Dieu ne peut les rétablir identiques en nombre.

En effet, ce serait faire en sorte que ce qui est contradictoire soit vrai, par exemple, qu’un mouvement interrompu soit un.

Mais il existe d’autres choses dont l’unité ne comporte pas dans leur raison même une continuité dans la durée, comme l’unité des choses permanentes, si ce n’est par accident, pour autant que leur être est sujet au mouvement.

En effet, de même que ces choses sont mesurées par le temps, leur être aussi est un et continu selon l’unité et la continuité du temps.

Et parce qu’un agent naturel ne peut produire ces choses sans mouvement, il en découle qu’un agent naturel ne peut rétablir les choses de ce genre identiques en nombre, si elles ont été ramenées au néant ou si elles ont été corrompues selon leur substance.

Mais Dieu peut rétablir les choses de ce genre sans mouvement, parce qu’il relève de son pouvoir qu’il produise des effets sans causes intermédiaires.

Il peut donc rétablir ces choses identiques en nombre, même si elles étaient tombées dans le néant.

La réponse au premier <1> et au deuxième <2> arguments est donc claire.

Le néant n’est la différence d’aucun être, mais par le fait que quelque chose est ramené au néant, la continuation de son être est interrompue, laquelle se rapporte à l’unité du mouvement et de ce qui découle du mouvement.

     

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